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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Une police d'Etat sans Etat

Par

> amayreh@p-ol.com

Un gouvernement qui tue ses opposants politiques, par la torture ou l'assassinat puis essaie de masquer le crime, ou de minimiser sa gravité, est un gouvernement purement et simplement criminel.

Une police d'Etat sans Etat

Comme tous les citoyens palestiniens, nous craignons que le gouvernement basé à Ramallah soit effectivement en train de se transformer en un autre Etat policier arabe, à ajouter aux 22 autres états policiers du monde arabe.


Mais il y a une différence évidente, parce que, dans notre cas, "l'Etat" palestinien est un Etat policier sans Etat.

Il y a deux semaines, les Services Secrets palestiniens, le Mukhabarat, ont arrêté, semble-t-il d'une manière brutale, 8 personnes du village de Kober, près de Ramallah.

Parmi les détenus se trouvait l'imam de la mosquée locale, Majd al Barghouthi, 45 ans, père de huit enfants. La principale accusation portée contre lui se réfère à une arme qu'il aurait cachée quelque part. Al-Barghouthi a nié posséder ou savoir quoique ce soit au sujet de cette arme.

Pendant huit jours, Al-Barghouthi a subi des tortures physiques graves, dont des bastonnades, des brûlures, la privation de sommeil et la technique dite du capuchon, les mêmes types de torture employés par les services secrets israéliens, le Shin Beth, contre les détenus palestiniens.

Le mercredi 20 février, Al-Barghouthi a perdu connaissance et a été emmené sans cérémonie dans un hôpital à Ramallah. Le médecin qui s'est occupé de lui a dit aux agents du Mukhabarat que son état critique nécessitait une hospitalisation en urgence. Cependant, les agents du Mukhabarat n'ont pas suivi l'avis du médecin et ont décidé de le ramener dans la chambre de torture.

Le vendredi 22 février, Al-Barghouthi est mort au cours de ce qui semble avoir été une séance de torture prolongée.
D'après les prisonniers détenus dans une pièce voisine, il a appelé à l'aide pendant plusieurs heures sans résultat, puis sa voix est devenue de plus en plus faible, jusqu'à ce qu'il meure.

Après sa mort, les responsables du Mukhabarat ainsi que quelques porte-parole de l'Autorité Palestinienne et du Fatah se sont mis en mode "contrôle des dégâts", clamant que l'homme était malade et qu'il avait eu un problème cardiaque.

Sa famille et ses cousins ont contesté avec véhémence qu'il avait des problèmes cardiaques sérieux et ils ont soutenu que leur fils avait simplement été assassiné par l'impitoyable appareil du Mukhabarat.

L'auteur de ces lignes a eu l'opportunité d'observer le corps de la victime et peut témoigner que l'homme a été réellement soumis à une extrême brutalité, à des coups, à la strangulation et à l'administration de brûlures électriques.

Des douzaines de médecins, journalistes, avocats et gens ordinaires ont vu de leurs propres yeux l'étendue des tortures auxquelles la victime a été soumise.

Ce ne sont pas des allégations, ce sont des faits.

Maintenant, la balle est sans aucun doute dans le camp de Mahmoud Abbas. En tant que Président de l'Autorité Palestinienne, il est légalement et moralement responsable de ce qui est arrivé.

Le peuple palestinien attend de lui qu'il se comporte et agisse non pas comme le chef du Fatah, mais comme le Président de tous les Palestiniens. Et c'est l'épreuve ultime de la crédibilité de M. Abbas, et si, Dieu lui pardonne, il échoue à ce test, il ne sera plus jamais pris au sérieux.

Cela signifie qu'il doit ordonner une commission d'enquête véritablement neutre et professionnelle qui recherchera exactement ce qui s'est passé et établira la vérité dans un laps de temps raisonnable.

Le peuple palestinien doit être assuré qu'il n'y aura ni tricherie, ni blanchiment, ni étouffement de l'affaire. Nous ne sommes pas un groupe d'imbéciles et de nigauds qu'un soi-disant "gouvernement" peut facilement tromper et embobiner. En fin de compte, la raison d'être de tout gouvernement est de servir le peuple, pas de le tuer.

S'il s'avère que Al-Barghouthi est mort des suites des tortures, ce qui est plus que vraisemblable, le Président de l'Autorité Palestinienne et son gouvernement doivent avoir le courage de dire la vérité au peuple palestinien, toute la vérité, rien que la vérité, sur ce qui s'est passé.

Et ensuite, nous, le peuple de la Palestine, attendrons de son Excellence qu'il vire immédiatement le Chef des Services Secrets, M. Tawfiq Al-Tirawi, pour avoir violé la loi qui interdit la pratique de la torture et pour être l'instrument d'un homicide.

Nous attendrons aussi qu'il poursuive la ou les personnes directement ou indirectement impliquées dans la mort d'Al-Barghouthi.

Mais Abbas ne doit pas attendre les résultats de l'enquête pour mener à bien certaines tâches.

Le Président Abbas doit donner immédiatement instruction à toutes ses agences de sécurité pour qu'elles arrêtent le recours à la torture dans leurs cachots et salles d'interrogatoire.

C'est vraiment une honte qu'alors que nous nous plaignons de l'usage rampant de la torture par Israël, nous l'utilisions nous-mêmes contre notre propre peuple, contre nous-mêmes. Honte sur nous.

De plus, Abbas doit tout de suite émettre un décret interdisant toute arrestation politique, c'est-à-dire l'arrestation de personnes sur leurs prises de position politiques.

Ce décret doit clairement dire à tous ces jeunes cadres de la sécurité, pour la plupart sans instruction ou insuffisamment instruits, qu'ils ne sont pas au-dessus des lois et qu'ils seront sévèrement punis s'ils continuent à pratiquer la torture.

Je sais que nous ne pouvons pas ramener Al-Barghouthi à la vie. Cependant, par égard pour sa famille et ses amis, et pour le peuple palestinien tout entier, nous pouvons empêcher la répétition de ce crime. Mais seulement si nous avons la volonté de faire ce qui est juste.

Enfin, un mot pour l'Union Européenne et autres donateurs qui maintiennent l'Autorité Palestinienne à flot.
Vous n'êtes pas complètement innocents de ce crime. Vous savez très bien que c'est vous qui salariez les auteurs de ce crime. Vous êtes les financiers.

Et je suis sûr que les Européens que vous représentez n'acceptent pas que l'argent de leurs impôts serve à violer les droits de l'homme, dont le droit à la vie, du peuple palestinien.

Il est donc extrêmement important que vous conditionniez l'aide financière versée à l'Autorité Palestinienne au respect des droits de l'homme dans les territoires occupés.

Je n'évoque même pas le rôle américain dans ce macabre bourbier en Cisjordanie pour des raisons évidentes, puisque les USA, qui pratiquent la détention secrète et la torture, font partie du problème.

J'en appelle aux Européens, en particulier au parlement européen, parce qu'ils ont encore un semblant de civilité et de décence dans l'espoir que l'Union Européenne dira au gouvernement de Ramallah d'arrêter maintenant.


Video montrant les traces de torture dont a été victime Majd al Barghouthi


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