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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Vie normale à Rafah

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La réalité de ce qui est à l'origine de cet état de décrépitude surgi en même temps que la vision de ces immeubles criblés d'impacts de balles. Des mitraillages réguliers qui commencent tôt le matin jusqu'au coucher du soleil - en provenance de multiples sources.
Des miradors avec des tireurs d'élites israéliens entourent Rafah , contrôlant ainsi la ville complètement. Presque partout dans la ville vous pouvez être tué par un tireur d'élite . Des balles tirées de ces miradors peuvent tuer jusqu'à 5 kms de distance.

La plupart du temps , la vie à Rafah semble normale. Une ville bouillonnante - des taxis claxonnant et fonçant dans les rues peuplées, des enfants en uniforme scolaire sur le chemin, ou revenant de l'école, des marchands de toutes sortes de produits avec leurs échoppes colorées, alignées dans les rues, - des fruits, des vêtements, des produits ménagers - le parfum de la vie remplissant l'air.
Partout, tout semble normal, puis brusquement quelque chose va arriver, et cette façade de normalité va disparaître, et la laideur de la réalité réapparaître.

Il y a quelques jours, je marchais dans la rue avec un ami, en route pour rendre visite à sa soeur. Nous venions tout juste de la maison de sa famille, où nous avions fait un délicieux repas, rompant le jeûn de ramadan.

Au moment ou nous avons tourné le coin de la rue, et pénétré dans un nouveau quartier, l'illusion de normalité a disparu. Les immeubles à côté de nous étaient parsemés de plusieurs impacts de balles.

Une vision normale à Rafah, vision d' immeubles criblés d'impacts de balles qui rappellent constamment que la vie ici n'est pas normale, comme vous et moi, qui habitons en Occident, et qui n'ont jamais vu de conflit, peuvent définir la normalité.

La réalité de ce qui est à l'origine de cet état de décrépitude surgi en même temps que la vision de ces immeubles criblés d'impacts de balles. Des mitraillages réguliers qui commencent tôt le matin jusqu'au coucher du soleil - en provenance de multiples sources.

Des miradors avec des tireurs d'élites israéliens entourent Rafah , contrôlant ainsi la ville complètement. Presque partout dans la ville vous pouvez être tué par un tireur d'élite . Des balles tirées de ces miradors peuvent tuer jusqu'à 5 kms de distance.

L'une de mes expériences les plus surréelles, c'était quand je me trouvais assise sur la terrasse" de la maison d'Abu Yanis. La maison se trouve dans la dernière rangée avant l'espace de néant sableux qui sépare Rafah de la frontière égyptienne.

Elle se trouvait autrefois à plusieurs blocks de la frontière, mais le temps, et l'incessant travail de démolition des bulldozers, l'ont laisséeen première ligne, victime des mêmes maux que les maisons voisines.

Assise sur la terrasse, j'ai partagé beaucoup de moments intenses avec la famille merveilleuse qui appelait cet endroit sa maison. A environ 500 mètres de la maison, il y a le mur qui marque la frontière. Le long du mur, se trouve un mirador avec des tireurs d'élite. Entre la maison et le mirador, s'étend un terrain vague. Alors que nous étions assis en train de boire le thé, baignant dans la lumière du couchant, les soldats nous regardaient. A n'importe quel moment, n'importe qui d'entre nous pouvait être tué. Cependant, ceci faisant partie de la nouvelle réalité, nous avons continué à boire notre thé.

Ces dernières nuits, il y a eu une opération militaire d'envergure à l'intérieur du block O. Ce qui veut dire qu'en plus des mitraillages habituels, alors que nous mangions notre suhor, les bruits d'hélicoptères Apache couvraient l'avançée des bulldozers et tanks lourdement armés.

De grandes explosions secouaient fréquemment la maison, alors qu'encore plus de maisons étaient démolies. L'une de ces grandes explosions a secoué les fondations de ma maison. Un tunnel avait peut être été découvert et détruit. J'ai terminé ma nourriture et me suis rendormie.

Tout est devenu si banal, si ordinaire. La nuit suivante, alors que nous regardions la télévision, la famille et moi même avons pu entendre le retrait des tanks et des bulldozers, une longue procession métallique, derrière le mur.

Hier, j'étais assise avec sur le toit de la maison d'une amie, préparant des sucreries de ramadan, qui seraient savourées plus tard dans la journée. L'invasion continuait, quelques blocks plus loin .

Quelques portes plus loin, une tente de Shaheed avait été dressée pour la commémoration de la mort d'un martyr - un homme tué , victime d'une crise cardiaque, alors qu'il était pris sous le feu d'un hélicoptère Apache. La maison de mon amie est encerclée par des tirs.Nous avons fait nos sucreries.

Finalement, il était temps de rentrer à l'intérieur, car les tirs commençaient à se rapprocher de nous et cela devenait trop dangereux de rester assises sur le toit. Les balles perdues ne connaissent pas leurs cibles. Un jeune garçon a été tué d'une balle perdue reçue dans la tête, alors qu'il était debout sur son pas de porte.

C'est la vie à Rafah. En surface elle apparaît normale, mais à n'importe quel moment, cette façade peut être balayée par l'ouverture d'une nouvelle raffale de tirs en provenance des tireurs d'élite des miradors.

Peut être que cela est normal, et je dois reconsidérer ma définition de ce mot.
Peut être que je l'ai déjà fait.
Tirs, tanks, shaheeds - tout ceci fait partie de la vie quotidienne, au même titre que de sortir les poubelles ou emmener le chien faire une promenade.

Alors que mes yeux scrutent les ruines instables d'une autre maison démolie, d'une autre vie détruite, je sais que c'est une scène qui va se répéter encore et encore.

Et pourtant, il y a une part de moi même qui ne peut accepter pleinement cette nouvelle réalité, cette nouvelle normalité, parce que personne ne devrait pouvoir faire l'expérience de la normalité de cette façon. En parlant au télephone avec des personnes qui sont en dehors de Rafah, cela me refocalise sur mes deux réalités conflictuelles. Alors que nous parlons de la situation au quotidien, le bruit des tirs de fusils sonne dans l'air, et cela me rappelle que, pour la personne à l'autre bout du fil, cela n'est pas normal, que c'est un évènement complètement étranger.

Normal, cela veut dire ne pas avoir peur de marcher dans la rue la nuit parce que des tanks peuvent vous tirer dessus.

Normal, cela veur dire ne pas être réveillé par des explosions assourdissantes faisant vibrer la terre.

Je ne peux qu'espérer que la vie à Rafah reprenne certains aspects de ce que j'entends par normalité, surtout avant que les personnes ici n'oublient complètement ce que c'est.

Oublier ce que leurs vieilles photos leur disent, ce que la vie est supposée être.

Normale.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MDB

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