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Palestine - 5 mars 2007
Par Adri Nieuwhof
Adri Nieuwhof est consultant indépendant et militant pour les Droits de l'Homme.
Principaux résultats de l'étude réalisée par la "Joint Advocacy Initiative (JAI)", auprès des jeunes de la région de Bethléem sur leur position par rapport à la lutte non violente contre l'occupation et les pratiques oppressives : Boycott des produits israéliens (82,7%), poursuite des négociations avec Israël (66,7%), résistance armée (63%), Un seul Etat en Palestine Historique, avec les mêmes droits pour tous (70%)
La "Joint Advocacy Initiative (JAI)", une initiative de YWCA Palestine et YMCA à Jérusalem Est, ont effectué une enquête auprès des jeunes de la région de Bethléem pour examiner leur position par rapport à la lutte non violente contre l'occupation et les pratiques oppressives.
Les résultats publiés récemment (1) montrent que presque 60% des jeunes sont membres d'un parti politique et soutiennent pleinement les moyens non violents de résistance à l'occupation israélienne.
Les opinions exprimées par les jeunes montrent clairement les éléments essentiels pour une stratégie de résistance nationale. Une stratégie qui offre des similitudes étonnantes avec la stratégie utilisée avec succès par le Congrès National Africain d'Afrique du Sud pour combattre l'apartheid.
Caractéristiques de l'échantillonnage
La recherche de JAI a été réalisée parmi 234 jeunes gens âgés de 18 à 25 ans, des deux sexes, venant de dix endroits différents de la municipalité de Béthléem, dont 3 camps de réfugiés. Les jeunes représentent diverses tendances politiques, telles religieuses, laïques, de gauche et indépendantes.
Les jeunes de l'échantillonnage, choisis au hasard, ont également des formations différentes variant de l'analphabétisme aux études supérieures. 79% sont célibataires et 67,9% sont de sexe masculin.
Le niveau scolaire parmi les étudiants sondés est élevé, ce qui est le reflet de l'attitude de la communauté palestinienne vis-à-vis de l'éducation.
Le niveau de dévotion à une foi est élevé pour 20,5% de l'échantillon, et moyen pour 65,8%.
Le niveau de politisation des jeunes est élevé, avec 59,9% d'affiliés à un parti palestinien, soit 18,4% à des partis basés sur la foi, 24,4% laïques et 17,1% à gauche. Le niveau élevé, 39,3% d'"indépendants" peut être le reflet du fossé entre ce que les partis politiques et les factions offrent dans leurs programmes et les aspirations de la jeunesse palestinienne.
Soutien à la résistance non violente
Presque tous les jeunes palestiniens interviewés (94%) ont classé l'occupation israélienne et ses différentes opérations comme violentes.
Des questions sur les différentes types de résistance non violente montrent clairement que les jeunes interrogés en sont informés et soutiennent des moyens non violents de résistance à l'occupation israélienne. Presque la moitié des jeunes estiment que le refus de céder à la pression israélienne de les obliger à quitter le pays est la meilleure forme de résistance non violente. Israël encourage l'émigration palestinienne vers d'autres pays et force les Palestiniens à quitter leurs maisons et leur terre depuis 1948.
26,5% des jeunes interrogés estiment que le boycott des produits israéliens est la meilleure forme de résistance non violente. Ceci reflète la conscience qu'Israël trouve un intérêt dans le marché de la consommation palestinienne et qu'un boycott peut avoir un effet sur les politiques israéliennes.
14.5 % considèrent que les manifestations sont la meilleure forme de résistance non violente et 4,3% le re-plantage des oliviers.
Le boycott des produits israéliens est très populaire
Dans l'étude, on a demandé aux jeunes si ils étaient d'accord ou pas d'accord avec des propositions sur ce qui devaient être fait.
"Boycotter les produits israéliens est une forme de résistance réussie" rencontre le soutien le plus fort, 82,7% de l'échantillon est d'accord avec cette proposition.
"L'Autorité Palestinienne devrait poursuivre les négociations avec le gouvernement israélien" obtient 66,7% d'opinion favorable.
"La résistance armée est le meilleur moyen pour se débarrasser de l'occupation israélienne" arrive en 3ème position, avec 63% de jeunes d'accord avec cette proposition.
Seulement 6,5% de la jeunesse palestinienne interrogée est d'accord avec "Les israéliens prennent "la trêve" en considération". On peut voir ce résultat comme l'expression d'un manque de confiance dans le sérieux que met Israël dans les négociations de paix.
L'usage de moyens de résistance violents et non violents se retrouve également dans une enquête auprès de 520 leaders d'opinion, effectuée par l'Université Bir Zeit (2).
Elle montre que la moitié des leaders interrogés sont favorables à la combinaison de résistance pacifique et de négociations, alors que 40% sont favorables à la combinaison de résistance armée et de négociations.
Solution à Un Etat
Une étude réalisée récemment par le Near Eastern Consulting de Ramallah révèle que 70% des Palestiniens soutiennent la solution à Un Etat (3). Cette enquête a été faite parmi 1.200 Palestiniens choisis au hasard en Cisjordanie , Bande de Gaza et Jérusalem.
Ce résultat est dans la lignée de l'enquête parmi les 520 leaders d'opinion. 67,5% d'entre eux voit une résolution du conflit dans un Etat démocratique sur la Palestine historique, un Etat pour tous ses citoyens sans discrimination de religion, de race, d'ethnicité, de couleur ou de sexe.
Une stratégie pour la libération nationale
Sur la base des opinions exprimées par le peuple palestinien, les éléments d'une stratégie nationale apparaissent clairement. Le peuple palestinien souhaite se battre pour obtenir une Etat où ils vivraient côte à côte avec les Israéliens, avec des droits égaux pour tous. Plusieurs modes de résistance doivent être utilisés, parmi lesquels les moyens non violents comme le boycott des produits israéliens, les manifestations et le refus de quitter la terre semblent être les plus populaires.
Un autre moyen mentionné par les jeunes est le dialogue avec le gouvernement israélien. Les 2/3 des leaders d'opinion croient qu'une paix durable et une réconciliation historique entre Palestiniens et Israéliens sont possibles, ou possibles jusqu'à un certain point. Ceci offre une base de dialogue.
La résistance armée est un autre élément de la stratégie pour la libération nationale mentionné par les jeunes.
Il est saisissant de voir combien ces éléments sont semblables à ceux de la lutte de libération du Congrès National Africain d'Afrique du Sud (4) ; une vision claire de liberté et d'Etat démocratique, avec les mêmes droits pour tous, qui ont été atteint grâce à une lutte de libération bâtie sur quatre piliers : le dialogue, la résistance armée, la mobilisation de masse dans le pays et les pressions et solidarités internationales.
Comme le peuple d'Afrique du Sud, le peuple palestinien peut réussir à réaliser sa vision.
Notes de lecture
[1] Attitude of Palestinian Youth Towards Non-Violent Struggle (21 February 2007)
[2] Opinion Leaders' Survey, Bir Zeit University.
[3] Survey: 70 percent of Palestinians support one-state solution, Near Eastern Consulting (24 February 2007)
[4] Bangani Ngeleza and Adri Nieuwhof, African National Congress: An Inspiration for Palestinians (9 April 2006)
Source : Electronic Intifada
Traduction : MR pour ISM
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Boycott
Adri Nieuwhof
5 mars 2007