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Palestine - 29 septembre 2007
Par Khaled Amayreh
Comme la plupart des Palestiniens, je ne compte pas beaucoup sur Mahmoud Abbas pour proposer une résistance significative aux tentatives persistantes d'Israel d'obtenir des Palestiniens la reconnaissance officielle d'Israel en tant que "Etat de et pour les juifs".
C'est pourquoi il est extrêmement important que les masses palestiniennes disent à cet homme qu'il est déjà allé trop loin dans le sacrifice des intérêts nationaux palestiniens essentiels afin d'apaiser le gouvernement absolument fasciste d'Israel.
Il y a quelques jours, le Premier Ministre israélien Ehud Olmert a déclaré aux journalistes qu'il avait déjà reçu un engagement d'Abbas pour reconnaître Israël en tant que "Etat des juifs."
Si c'est vrai, cela signifie qu'Abbas a commis une gaffe stratégique impardonnable qui affecte des millions de Palestiniens dans la Diaspora et en Israël (palestine 48). Pour être honnête, c'est encore plus qu'une seule gaffe, il s'agit d'une grande trahison avec d'immenses dimensions historiques.
Abbas comprend-il ce que cela signifie de reconnaître Israël en tant qu'Etat juif ? Est-ce qu'il comprend les implications, les ramifications et les répercussions directes et indirectes d'un exploit ausssi irresponsable ?
Au cas où il ne le comprendrait pas, il doit lire ce qui suit : Reconnaître Israël en tant qu'"Etat juif", pire encore "Etat de et pour les juifs", implique qu'environ 1.5 million de citoyens palestiniens d'Israël ont seulement un droit "provisoire" ou "éphémère" mais pas "permanent" à vivre dans leurs maisons et leurs villes, et que tôt ou tard, ces "goyims" (ndt : non-juifs) devront émigrer, bon gré mal gré, ou qu'ils seront expulsés brutalement parce qu'ils ne sont pas juifs.
Un troisième "choix" pour les citoyens non-Juifs non désirés d'Israël serait d'accepter le statut "de bucherons" et de "porteurs d'eau" au service de la race des maîtres, les juifs. (Ce scandale est déjà préconisé par des centaines de rabbins fascistes mais influents en Israël et en Amérique du Nord.)
En effet, il est amplement clair d'après des études entreprises par des centres de recherches et groupes de réflexion Sionistes que la tâche de neutraliser la croissance démographique arabe et l'empêcher d'atteindre le seuil des 30%, est déjà l'une des principales préoccupations stratégiques dans la pensée collective d'Israël
Naturellement, les leaders sionistes par nature malhonnêtes chercheront toujours à enjoler les naifs responsables palestiniens, tels qu'Abbas, pour qu'ils croient qu'Israël est un état "juif et démocratique" et qu'il ne nourrirait l'idée d'expulser ses citoyens non-Juifs.
Mais l'expérience nous enseigne que de telles assurances n'ont aucune crédibilité, et qu'elles doivent être considérées comme des foutaises et seulement des foutaises parce que le sionisme est basé sur le concept de la suprématie juive tout comme le nazisme était basé sur la suprématie aryenne.
Après tout, le Sionisme et le Nazisme viennent des mêmes traditions fascistes de l'Europe de l'Est qui insistent sur le bellicisme, la suprématie raciale, l'expansionisme, la mégalomanie, le militarisme et l'hégémonie.
Inutile de dire qu'une reconnaissance d'Israël en tant qu'"Etat de et pour tous les juifs" de la part des Palestiniens impliquerait en réalité qu'Israël, à un moment donné dans l'avenir, aurait le droit d'expulser un grand nombre de ses citoyens palestiniens vers une éventuelle entité palestinienne en Cisjordanie sous le prétexte que "Cette terre appartient aux juifs et vous n'êtes pas juifs."
Alors Israël publierait probablement un ultimatum aux Palestiniens : Soit vous vous convertissez au judaïsme et vous acceptez Shulhan Aruch comme Loi de la Terre (en d'autres termes, accepter un statut inférieur d'esclave), soit vous partez dans "l'Etat palestinien" ! !
Et en cas de protestations de la part des responsables palestiniens à ce moment-là, Israël leur montrera un document en or disant que le président de l'autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a réellement reconnu Israël en tant qu'Etat exclusivement juif.
Pire encore, dans la crise qui suivra, la communauté internationale ou une grande partie, se tiendra aux côtés d'Israël, en citant la reconnaissance d'Abbas ou probablement celle de Fayad "de la nature juive d'Israël."
Puis, comme des enfants stupides et ignorants, les futurs responsables palestiniens chercheront à rappeler à Israël que "le traité de paix déclare également qu'Israël sera juif et démocratique."
Mais Israël réfutera vite cette "interprétation délirante", en affirmant que "juif" vient toujours d'abord et qu'il l'emporte sur "démocratique" et qu'au cas où il y aurait une incompatibilité entre "juif" et "démocratique", il ne devrait y avoir aucune illusion qu'il vienne d'abord.
Ainsi, le grand Raïs comprend-il maintenant les graves implications d'une reconnaissance d'Israël en tant qu'"Etat juif" ?
Comprend-il maintenant qu'une "reconnaissance de l'identité juive d'Israël" équivaut à reconnaître qu'Israël a le droit d'effectuer le nettoyage ethnique de ses citoyens palestiniens ?
Qu'il a le droit d'être raciste et discriminatoire envers les non-juifs en général et les Palestiniens qui sont des citoyens israéliens en particulier ?
En outre, la promesse signalée d'Abbas de reconnaître Israël en tant que "pays de et pour les juifs" (tous les juifs dans le monde) porte avec elle une autre implication sérieuse, à savoir qu'Israël, afin de maintenir son identité juive, a un droit inaliénable de refuser de façon permanente le rapatriement des millions de réfugiés palestiniens déracinés de leurs maisons suite aux vagues de nettoyage ethnique génocidaire en 1948-49.
En d'autres termes, la prétendue reconnaissance par Abbas d'Israël en tant qu'état juif signifie en réalité la décapitation et l'enterrement du droit au retour des Palestiniens exilés dans la Diaspora.
Ce droit, pour ceux qui ne le savent toujours pas, est le coeur de la question palestinienne et l'ignorer fragiliserait toute possible résolution du conflit Palestino-Israélien et lui enlèverait de la crédibilité et un caractère durable.
Ce droit (le droit au retour) est fondamental, authentique, et inaliénable et personne au monde, y compris Mahmoud Abbas et ses collaborateurs et parasites, l'a le droit de compromettre ou encore moins de déprécier le sacrifice sous prétexte d'arriver à la paix avec Israël.
Naturellement, Israël et ses nombreux porte-parole dans le monde entier accuseront les Palestiniens d'utiliser le "droit au retour" comme excuse au rejet de la paix.
Mais la vérité, c'est que le rejet par Israël du droit légitime de ces réfugiés tourmentés à revenir dans leurs maisons, saisies (en réalité volées) par les squatters juifs du monde entier, souligne le rejet d'Israël de toute paix véritable avec les Palestiniens.
Nous savons tous, ou nous devrions tous savoir, que pour qu'une paix soit véritable, elle doit être basée sur la justice, les droits de l'homme et le droit international. Et une paix qui est imposée par la contrainte, le blocus, la famine et le terrorisme d'état ne durera pas longtemps. Ce sera au mieux une trêve fragile.
Par conséquent, pour obtenir une paix véritable dont nous, les Palestiniens, avons vraiment besoin et dont voulons autant que l'on puisse imaginer, cela doit être basé sur une véritable justice. Et une véritable justice ne peut pas être faite sans l'application du droit au retour de ces misérables réfugiés qui attendent depuis près de soixante années maintenant de rentrer chez eux.
Après tout, le droit surpasse la force. Autrement, le monde se transformerait en une jungle énorme.
Source : http://www.thepeoplesvoice.org/
Traduction : MG pour ISM
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Khaled Amayreh
29 septembre 2007