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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Est-ce qu'une guerre civile en Palestine est le mieux que puissent faire les Etats-Unis ?

Par

David Hirst a été pendant longtemps le correspondant au Moyen-Orient du Guardian, et est l'auteur de : "The Gun and the Olive Branch: The Roots of Violence in the Middle East."

Des patients présentant des maladies rénales chroniques meurent par manque de leur dialyse habituelle. Environ 165.000 employés de l'Autorité Palestinienne n'ont pas été payés depuis deux mois et demi. Des femmes vendent leurs bijoux pour de l'essence ou de la nourriture.
La crise humanitaire en Cisjordanie et à Gaza n'est pas celle du Darfour. Et ce qui choque le plus les Arabes et les Musulmans, c'est qu'elle émane d'une décision politique très consciente de la seule superpuissance au monde.

D'abord, ils disent, vous nous donnez l'Irak, maintenant le pays est au bord de la guerre civile. Puis ceci : affamez une population entière.

Le lien psychologique et stratégique entre l'Irak et la Palestine n'est pas nouveau.

Mais sa dernière phase la plus intense a commencé par l'invasion américaine de l'Irak, conçue par ses architectes en chef, les néo-conservateurs pro-Israéliens de l'administration Bush, comme première étape dans leur large programme pour la région de "changement de régime" et une "démocratisation", dont l'aboutissement devait être un règlement Israëlo-Arabe. Il n'y aurait probablement pas eu d'invasion du tout sans Israël et ses partisans aux Etats-Unis.

Mais il a toujours été clair que plus la démocratie dont jouiraient les Arabes ou les Palestiniens serait authentique, inspirée par les Etats-Unis ou non, plus leur conception d'un règlement se heurterait à celle des Etats-Unis et des Israéliens.

Cela a été prouvé suite à l'arrivée au pouvoir du Hamas, quand le Président George W. Bush a déclaré, vigoureusement, clairement et apparemment nullement intimidé : "Nous soutenons la démocratie - mais cela ne signifie pas que nous devons soutenir des gouvernements élus comme résultat de la démocratie". Et son administration a établi un plan pour un changement de régime en Palestine.

Sa stratégie a trouvé des complices plus ou moins disposés : les Européens, les gouvernements Arabes, et les Palestiniens eux-mêmes.
Mais cela pourrait toujours être une stratégie périlleuse : Plus l'opposition rencontrée est énergique, plus la Palestine devient un creuset de troubles pour sa propre population, la région et le monde : exactement comme celle que l'autre intervention occidentale, quasi-coloniala, a déjà fait en Irak.

L'idée était d'obliger les Palestiniens, par la punition collective, à répudier les gens qu'ils venaient d'élire. Certains blâment le Hamas. Mais la plupart d'entre eux blâment encore plus l'Amérique.

Les sanctions ont eu l'effet inverse de ce qui était prévu, encourager les Palestiniens à se rassembler autour du gouvernement même s'ils souffrent à cause de lui.

Maintenu par sa propre popularité, sur sa légitimité électorale, le Hamas n'abandonnera pas facilement le pouvoir : "Pas sans guerre", dit le psychologue Ayad Sarraj de Gaza.

Pourtant, même si les Etats-Unis réussissaient à battre le gouvernement,cela serait, comme avec le renversement de Saddam Hussein, une belle sorte catastrophique de succès : Plonger également la Palestine dans le chaos et dans des conflits fratricides est l'antithèse de l'ordre moderne, démocratique et pro-Occidental que Washington tente de construire au Moyen-Orient.

Il est clair que, avec les confrontations qui ont éclaté à Gaza, la guerre entre les camps rivaux du Hamas et du Fatah soit éminemment possible. Il est loin d'être évident que ce soit le "camp" de l'Amérique qui gagne.

"Si le Fatah ne pouvait pas combattre le Hamas alors qu'il était toujours au pouvoir", remarque le Général Ilan Paz, l'ancien chef de l'Administration Civile Israélienne dans les Territoires Occupés, "comment pourrait-il prendre le contrêle avec le Hamas au pouvoir et sa propre désintégration ?"

En outre, le chaos dans les territoires attirerait des militants, des Jihadistes et des kamikazes du reste du monde, tout comme cela a eu lieu en Irak.

L'Iran, le pays Non-Arabe qui est maintenant le principal Etat mécène du radicalisme Arabe, a été plus rapide que n'importe quel gouvernement Arabe pour offrir de l'argent au nouveau régime du Hamas.

Une partie intrinsèque des ambitions nucléaires et stratégiques plus larges de l'Iran et, la Palestine se situe maintenant parmi ses premières priorités de politique étrangère.

Le Président Mahmoud Abbas de l'Autorité Palestinienne déclare que le Hizbullah et Al-Qaeda sont déjà en activité à Gaza. D'où, si ce n'est de ces étrangers, proviennent les roquettes à longue portée Katyusha qui ont commencé à tomber sur le Sud d'Israël depuis Gaza ?

Et il va de soi que si le Hamas était viré du gouvernement, il se cacherait encore, reprenant, avec vengeance, la "résistance" qu'il a actuellement suspendue.

Quant aux Arabes, ils seraient au moins sujets aux retombées radioactives de Palestine, la question Pan-Arabe par excellence, comme ils le sont de l'Irak. Leurs régimes discrédités savent difficilement quoi craindre de plus : l'exemple du Hamas installé démocratiquement ou évincé non-démocratiquement.

Le premier encouragerait l'ascension de leurs propres Islamistes ; la guerre civile liée au résultat du second réveillerait des passions bien plus dangereuses.

En parlant globalement, le Hamas a l'opinion publique Arabe, en particulier Islamiste, de son cêté, et, plus les régimes Arabes feront référence aux Etats-Unis dans leur campagne anti-Hamas, plus ils auront à affronter le discrédit.

Pour l'éditorialiste Rami Khouri, la cause de la Palestine risque maintenant d'être transformée d'une cause "nationale" en une cause "civilisationelle", avec "des liens potentiellement dangereux entre les événements en Palestine-Israël et le reste du Moyen-Orient."

Selon lui, "des centaines de milliers de jeunes se sentiront dupés et trahis. La source du soutien au Hamas – et d'un engagement du type démocratique des Frères Musulmans – se tarira lentement, en faveur d'une lutte armée plus intense. Ils cesseront de perdre leur temps à essayer d'obtenir réparation des injustices par la diplomatie ou la politique démocratique pacifique, et se battront pour une plus grande cause "civilisationelle" qu'ils voient devant eux.

Faire tomber le gouvernement palestinien dirigé par le Hamas apportera davantage de radicalisation, de résistance et de terrorisme dans toute la région."


Bien au courant de cette vaste résonance, le Ministre des Finances Palestinien, Omar Abd al-Razeq a averti que "la région entière sera en feu si les Palestiniens sont poussés vers une situation où ils n'ont rien à perdre."


Soudain, le mois dernier, l'administration Bush a semblé saisir quelque chose des périls vers laquelle elle se dirigeait : Ces privations organisées par les Etats-Unis de Gaza étaient trop scandaleuses pour être ignorées.

Lors d'une réunion du Quartet, elle a offert 10 millions de dollars en aide médicale d'urgence. La largesse était dérisoire et mesquine, mais au moins cela semble indiquer que les Etats-Unis avaient abandonné l'espoir de provoquer le changement de régime immédiat par la ruine économique.

Gideon Levy, un commentateur israélien pro-Palestinien, a été amené à dire : "Le Hamas gagne".


À peine. La seule véritable façon substantive de pouvoir dire qu'il a gagné serait si les Etats-Unis commençaient à tirer les bonnes conclusions des résultats spectaculairement fâcheux de la démocratisation Arabe, dont le plus important est : Si le Hamas n'aurait jamais dû gagner les élections, est-ce bien pour la propre politique de l'Amérique ?

Mais cela exigerait un changement fondamental, révolutionnaire, d'attitude envers Israël.

Donc la crainte doit être que maintenant, longtemps avant qu'une telle chose se produise, les liens "dangereux" au Moyen-Orient s'affirmeront plus dangereux qu'avant ; que ces deux crises actuelles - la Palestine et l'Irak - que l'attachement américain à Israël a tant fait pour engendrer, seront rejointes, et fusionneront dans une seule méga-crise, par un tiers, si, au nom de son protégé, l'administration Bush va faire la guerre contre l'Iran.





Source : http://www.dailystar.com.lb/

Traduction : MG pour ISM

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