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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Faire le boulot d'Israël

Par

> amayreh@p-ol.com

Avec l'approbation et l'encouragement évidents des USA, le régime de l'Autorité Palestinienne à Ramallah persécute ce même peuple qu'elle est supposée protéger et dont elle prétend sauvegarder les intérêts.
"Ils sont pires que les occupants israéliens", murmure à l'auteur de ces lignes un vieux boutiquier de la région d'Hébron il y a quelques jours, après que les agents de sécurité locaux aient arrêté son voisin parce qu'il vendait des articles islamiques.

Faire le boulot d'Israël


Un policier palestinien vise une manifestation contre la Conférence d'Annapolis à Hébron, en 2007.

Quelques observateurs en Palestine Occupée commencent à parler de "règne de la terreur", "fascistes", "gangs" et "régime terroriste" pour décrire la façon dont le régime soutenu par les USA traite les Palestiniens.

Cette semaine, un groupe palestinien important pour les droits de l'homme a qualifié de "lamentable et épouvantable" le statut des droits de l'homme et des libertés civiles sous le régime de l'AP.

Al-Haq, qui veut dire "la vérité", souligne dans un rapport détaillé que l'AP laisse les agences de sécurités diriger le pays, en violation flagrante de l'autorité de la loi.

"Je dis aux donateurs qu'il est grandement temps qu'ils fassent pression sur l'Autorité pour qu'elle prenne ses responsabilités en ce qui concerne l'indépendance de l'appareil judiciaire", dit Shahwan Jabarin, directeur de Al-Haq.

Il souligne que les "tribunaux militaires" lancent des mandats d'arrêt contre les civils et minent un pouvoir judiciaire qui avait entrepris une réforme et des améliorations en Cisjordanie .

"Soumettre les civils à une juridiction militaire enfreint gravement les droits fondamentaux des Palestiniens et l'autorité de la loi."

Le rapport d'al-Haq, bien que geignard et substantiellement restreint dans sa tonalité globale, est un travail appréciable.

Après tout, les groupes pour les droits humains et civiques devraient dénoncer le règne scandaleux de la répression qui se met en place en Cisjordanie aujourd'hui, tant par Israël que par l'Autorité Palestinienne.

Il est intéressant de noter que la répression injustifiée est menée au nom du maintien de la loi et de l'ordre, et sous le faux prétexte de la sauvegarde des intérêts nationaux palestiniens.

Aujourd'hui, le régime de l'Autorité Palestinienne est un handicap sérieux qui sape la capacité du peuple palestinien à résister à la répression israélienne. Quelques palestiniens envisagent déjà d'émigrer parce qu'ils ne supportent pas la conduite sinistre du gouvernement de l'AP, en particulier de ses services de sécurité.

La répression du peuple palestinien par l'Autorité Palestinienne doit donc être considérée comme rien moins qu'une autre strate de l'occupation israélienne puisque l'AP est essentiellement une police d'Etat sans Etat, une entité qui en réfère avant tout à Israël et aux Etats-Unis ; c'est une autorité qui réprime et harcèle son propre peuple au nom d'Israël et pour obtenir un certificat de bonne conduite d'Israël et des pays donateurs.

Il y a bien sûr une montagne de preuves qui incrimine cette autorité. Les donateurs occidentaux, dont dépend presque complètement la survie de l'AP, sont très au fait des abus graves qu'elle inflige à ces propres citoyens en Cisjordanie .

Ce sont les mêmes états dont les dirigeants ne cessent de raconter des âneries et de blablater sur la construction de l'infrastructure d'un Etat palestinien moderne où l'autorité de la loi serait défendue et la démocratie le mode de vie.

Toutefois, l'Occident, en particulier les USA, aident activement l'AP à construire un Etat policier (bien sûr sans la souveraineté) où les dissidents politiques et les journalistes non alignés sont arrêtés, battus, torturés et, à l'occasion, tués.

Le gouvernement non élu de Salam Fayyad à Ramallah se présente souvent lui-même comme l'exemple d'une administration moderne transparente, indemne de toute corruption et respectueuse de l'autorité de la loi.

Mais dans la réalité, c'est un portrait très trompeur et inexact d'un gouvernement qui n'est comptable devant personne, sauf peut-être devant l'administration américaine.

La banqueroute et l'impuissance absolues de ce gouvernement se manifestent dans son échec et/ou son incapacité à mettre fin à l'empiètement rampant des droits et des libertés des citoyens par des agences de sécurité boursouflées qui sont devenues vraiment anarchiques.

Inutile de dire que l'appareil sécuritaire intervient et interfère maintenant dans tous les aspects de la vie civile palestinienne, qui doit être titularisé à son poste, qui reçoit un salaire régulier, qui bénéficie d'une promotion et qui est autorisé à prendre part aux activités sociétales et civiques.

La "loyauté politique" est devenue le facteur le plus déterminant de la manière dont le gouvernement traite ses citoyens et ses employés publics.

Le tristement célèbre "comité de sécurité", introduit illégalement dans chaque ministère, a le dernier mot pour la titularisation des fonctionnaires ou leur licenciement selon leur orientation politique.

Un exemple classique et plutôt scandaleux de la manière dont les services de sécurité rongent le tissu de la vie civile palestinienne est le refus du gouvernement de l'AP de payer les salaires de quelques 3.000 enseignants embauchés en 2006 par le gouvernement démocratiquement élu dirigé par le Hamas.

Depuis deux ans maintenant, le gouvernement de Ramallah dit à ses enseignants appauvris que leurs "dossiers" doivent toujours être examinés par les "services de sécurité".

Cependant, la vérité, c'est que beaucoup de ces enseignants sont punis parce qu'ils sont suspectés d'avoir voté pour le Hamas ou autres partis politiques lors des élections législatives de 2006.

Lorsque le gouvernement Fayyad est confronté à cette conduite scandaleuse, il a habituellement recours aux échappatoires et à la prévarication.

"Nous avons commis quelques erreurs mais nous sommes toujours respectueux de l'autorité de la loi", aurait Salam Fayyad récemment.

Bon, on ne peut donner à Fayyad le bénéfice du doute car le viol de l'autorité de la loi par les services de sécurité a vraiment atteint des proportions jamais vues. Certains observateurs soutiennent que même au plus fort de la répression israélienne, lorsque la soi-disant "Administration civile" de l'armée israélienne gérait la Cisjordanie , les enseignants ont continué à recevoir leurs salaires, quelles que soient leur opposition politique à l'occupation.

Mais si Fayyad est véritablement sincère lorsqu'il dit qu'il défend l'autorité de la loi, il devrait immédiatement ordonner à l'appareil sécuritaire d'arrêter d'interférer dans la vie civile, comme par exemple l'arrestation des journalistes et des activistes suspectés d'appartenir au Hamas. Après tout, le système juridique palestinien, s'il fonctionnait sans interférence de l'autorité exécutive, peut s'occuper efficacement de toute violation de la loi.

Malheureusement, le fait que ce Premier Ministre non élu ait largement failli à le faire montre qu'il n'est pas le démocrate attendu depuis longtemps que les médias occidentaux aiment à caricaturer.
Il y a quelques jours, un responsable important de l'AP a déclaré à un quotidien israélien que la répression était nécessaire pour "gouverner".

On devrait dire à ce responsable qu'un gouvernement basé sur la répression de ses citoyens sera un gouvernement en échec, tant politiquement que moralement.

De plus, de quoi parle cet officiel inculte lorsqu'il emploie le mot "gouverner" ? Ne réalise-t-il pas qu'il peut à peine quitter les limites de Ramallah sans permission israélienne ?

Enfin, le régime de l'AP à Ramallah cherche souvent à défendre ses tactiques répressives en Cisjordanie en arguant que les autorités du Hamas dans la Bande de Gaza répriment les partisans du Fatah à Gaza.

Eh bien, indépendamment de la véracité ou du mensonge des rapports sur la "situation critique du Fatah" à Gaza, le gouvernement de l'AP devrait réaliser qu'on ne répare pas une injustice par une autre.

En dehors de ceci, il est évident que le Hamas n'essaie pas réellement de renverser le gouvernement de l'AP en Cisjordanie (comme le Fatah le fait à Gaza), puisque le faire nécessiterait que le Hamas soit militairement plus fort qu'Israël et l'AP combinés, ce qui est une idée stupide et impensable.

Les affirmations du Fatah que le règne actuel de répression en Cisjordanie est destiné à prévenir un possible "coup d'Etat" du Hamas contre "l'autorité légitime" n'a absolument aucune crédibilité.

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