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ISM France - Archives 2001-2021

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Hébron -

L'oppression israélienne à Hébron – une histoire de ségrégation, de déplacements forcés et de terreur (1/3)

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Le centre ville d'Hébron est un cas d'école. Ce fut un centre commercial et résidentiel florissant. Aujourd'hui, c'est une "ville fantôme" parce qu'Israël a détruit le tissu social par une politique imposée par l'Etat de saisies de terre, de couvre-feux prolongés, de restrictions dures de liberté de mouvement et de violence.

L'oppression israélienne à Hébron – une histoire de ségrégation, de déplacements forcés et de terreur (1/3)


La Rue Shuhada, déserte, dans le Centre Ville d'Hébron. Au fond, les immeubles de la colonie israélienne illégale de Beit Hadassah. (photo ISM)

B'Tselem est un Centre d'Information indépendant israélien pour les Droits de l'Homme dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO), basé à Jérusalem, avec une réputation méritée de rigueur et d'intégrité. Il a été créé en 1989 pour "informer et renseigner le public israélien, les politiciens (et tous les gens concernés) sur les violations des droits de l'homme dans les TPO, combattre le phénomène prévalent de déni parmi le public israélien (et ailleurs) et créer une culture des droits de l'homme en Israël" pour convaincre les responsables gouvernementaux de respecter les droits humains et de se conformer aux lois internationales.

Son travail sur les droits de l'homme est vaste, soigneusement documenté et consciencieusement recoupé avec des documents pertinents et d'autres sources gouvernementales officielles. Il se base également sur des informations complémentaires données par des organisations pour les droits de l'homme israéliennes, palestiniennes et autres.

A partir de ces sources, B'Tselem publie des vingtaines de rapports, certains tout à fait exhaustifs. L'un d'entre eux comporte 107 pages et a été préparé en mai 2007. Il est intitulé : "Ghost Town - Israël's Separation Policy and Forced Eviction of Palestinians from the Center of Hebron" – "Ville fantôme : La politique de séparation et d'éviction forcée des Palestiniens du centre d'Hébron".

Il peut être téléchargé au format PDF.


L'article ci-après résume les résultats des recherches, menées conjointement par B'Tselem et l'ACRI (Association for Civil Rights in Israël - Association pour les Droits Civils en Israël), en pointe pour la défense des droits de l'homme et des citoyens, et la seule qui aborde toutes les questions de droits et de libertés.

ACRI a été créée en 1972, elle est indépendante et non partisane, et mène la lutte sur ces questions en Israël et dans les TPO par la recours en justice, l'éducation et la recherche des personnes qui ne demandent pas l'aide sociale dont elles pourraient bénéficier.
ACRI croit que les droits civils et humains sont universels. Ils doivent être "partie intégrante de la construction d'une communauté démocratique et (…) une force unificatrice dans la vie publique israélienne" pour chacun, en particulier pour ceux qui sont marginalisés, défavorisés et actuellement persécutés par les autorités d'Etat.


Hébron est un exemple remarquable. Les résultats de l'étude ci-dessous présentent l'historique de ce que les Palestiniens sous occupation israélienne ont enduré depuis des décennies au travers de la politique étatique de séparation, de déplacements forcés et de terreur. Ils montrent comment Israël étend la colonisation de la Palestine par des colonies nouvelles ou en expansion sur la terre saisie illégalement. Le coût humain est épouvantable, il n'est pas pris en compte et se poursuit sans faiblir : "Les torts prolongés et sévères faits aux Palestiniens constituent quelques-unes des violations des droits humains les plus graves".

Le centre ville d'Hébron est un cas d'école. Ce fut un centre commercial et résidentiel florissant. Aujourd'hui, c'est une "ville fantôme" parce qu'Israël a détruit le tissu social par une politique imposée par l'Etat de saisies de terre, de couvre-feux prolongés, de restrictions dures de liberté de mouvement et de violence. Combinés, ces éléments terrorisent les Palestiniens et les empêchent de conduire ou même de marcher dans les rues principales du secteur. Ce qui, en retour, leur rend la vie impossible. Les conséquences ont été dévastatrices, les vies des gens ont été déracinées.

Le rapport ci-dessous reprend les preuves détaillées par l'étude de B'Tselem et ACRI et leurs conséquences.

Depuis que les territoires ont été occupés en 1967, Israël a expulsé des dizaines de milliers de Palestiniens partout dans les TPO. Dans la seule ville d'Hébron, des milliers d'habitants et de marchands ont été expulsés ou n'ont pas eu d'autre option que de quitter le centre ville à cause de la politique d'Israël du "principe de séparation".

Hébron est importante en tant que deuxième plus grande ville de la Cisjordanie , la plus grande du sud du territoire, et la seule ville palestinienne où une colonie israélienne est implantée dans son centre. Celle-ci se concentre à l'intérieur et autour de la Vieille Ville qui fut le centre marchand du sud tout entier de la Cisjordanie . Mais qui ne l'est plus.

Depuis de nombreuses années, Israël opprime durement les Palestiniens du centre d'Hébron. Il a cloisonné la ville en deux parties, le nord et le sud, et créé un long couloir à l'usage exclusif des véhicules juifs. De plus, dans les secteurs ouverts aux Palestiniens, ceux-ci sont soumis "à des détentions répétées et des inspections humiliantes" à n'importe quel moment, pour n'importe quelle raison, et cette situation a empiré après le massacre perpétré en 1994 par Baruch Goldstein contre les fidèles musulmans à la Tombe des Patriarches. Le commandement militaire d'Israël a ordonné la fermeture de nombreux magasins appartenant aux Palestiniens qui représentaient les moyens d'existence de milliers de personnes. De plus, il ferme les yeux sur la violence fréquente des colons pour faire partir les Palestiniens de leur propre terre. Ca a marché.

Une combinaison de restrictions, d'interdictions et de harcèlement délibéré a ravagé les habitants d'Hébron. Ils ont perdu leurs maisons, leur terre, leur travail et leur liberté. B'Tselem et ACRI détaille tout ceci dans les secteurs de la Vieille Ville et de la Casbah, où sont implantées la plupart des colonies israéliennes et où les Palestiniens subissent les conditions de vie les plus dures et les restrictions de mobilité. En conséquence, ils ont été déplacés ou ont dû déménager, et ce qui fut "le cœur très dynamique d'Hébron (est maintenant) une ville fantôme."

Un responsable haut placé de la défense israélienne a expliqué le plan que tout le monde connaît aujourd'hui. Il l'a décrit comme "un processus permanent de dépossession des Arabes pour accroître le territoire juif". L'historien israélien distingué Ilan Pappe le qualifie de nettoyage ethnique d'Etat qui se poursuit depuis la création d'Israël en 1948. B'Tselem et ACRI démontrent cette pratique dans le Centre Ville d'Hébron qui fut, il y a longtemps, viable.

Les colonies israéliennes à Hébron

Elles ont débuté à la Pâque Juive, en 1968, lorsqu'un groupe de civils israéliens a loué une chambre d'hôtel à Hébron pendant 2 jours et n'a pas voulu partir. Ils ont eu le soutien du gouvernement, et les Forces Israéliennes de Défense (FID) leur ont donné des armes et leur ont appris à s'en servir. Six mois plus tard, le Comité Ministériel d'Hébron et de Gush Etzion a officiellement approuvé l'établissement d'une communauté juive dans la ville, et tout est parti de là.

En mars 1970, la Knesset a installé la colonie Qiryat qui, en quelques années, comportait des centaines d'appartements exclusivement juifs. La grosse poussée de colonisation est survenue 10 ans plus tard en 1980, lorsque le gouvernement a construit une yeshiva (école orthodoxe) dans le Centre Ville en ajoutant un étage à la colonie Beit Hadassah à cet effet. Davantage d'activités sont arrivées en 1984 lorsque des familles juives ont installé une colonie dans le quartier palestinien Tel Rumeida. A partir de là et jusqu'à aujourd'hui, d'autres ont grossi, et quelques centaines de Juifs vivent maintenant dans différents endroits de la Vieille Ville, principalement à l'intérieur ou autour de ce qui était le centre commercial urbain.

Après que Baruch Goldstein ait massacré 29 Palestiniens et blessé plus de cent autres en 1994, Israël a adopté une politique séparatiste officielle dans le secteur. D'abord, ce fut autour de la Tombe des Patriarches et ensuite ailleurs dans le Centre Ville. Dans l'accord intérimaire signé par les deux parties en 1995, elles convenaient de laisser la ville sous contrôle des FID.

Puis en 1997, le Protocole Concernant le Redéploiement à Hébron fut signé. Il divise la ville en deux :

. H-1 comprend 18 km² et est contrôlé par l'Autorité Palestinienne (AP) ; c'est là que vit la majorité des habitants (environ 115.000), et
. H-2, d'une superficie de 4,3 km² avec environ 35.000 Palestiniens contrôlés par les FID, l'Autorité Palestinienne n'ayant sur eux que des responsabilités civiles. H-2 inclut la Vieille Ville, le centre commercial et tous les points de colonisation israélienne.

Voir la carte du découpage d'Hébron en 1997, sur PASSIA.

Nonobstant la division, l'Article 9 de l'Accord de Redéploiement d'Hébron assigne aux deux parties "l'unité de la ville" et la circulation aisée de ses habitants. Il n'a jamais bien marché, mais après l'éruption du Second Intifada en septembre 2000, tout a empiré. Désormais, les FID ont élargi la séparation, qui était limitée, à la totalité de la zone contenant des colonies israéliennes. Ce qui a entraîné des restrictions sans précédent sur la mobilité palestinienne, et inclut un couvre-feu continu et le bouclage des rues principales aux habitants.

Cela a aussi mené à une recrudescence de la violence des deux côtés, mais pour la plupart contre les Palestiniens, dont la majorité sont des victimes innocentes (!)*. Dans le même temps, la distinction entre H-1 et H-2 s'est estompée, et l'engagement pour la libre circulation et l'unité de la ville est devenu caduc.

En avril 2002, pendant l'opération Bouclier Défensif, les FID ont envahi et pris position dans H-1. L'Autorité Palestinienne a cédé le contrôle, entraînant la perte des secteurs commercial, culturel et social du Centre Ville d'Hébron, qui est devenu une ville fantôme.

L'abandon palestinien du Centre Ville

Le Centre Ville d'Hébron fut un centre commercial florissant pour les habitants de la ville et les marchands comme pour le sud de la Cisjordanie tout entier. Maintenant c'est fini, la plupart des magasins sont fermés et les commerces palestiniens ont déménagé ailleurs, ou n'existent plus.

Pour réaliser leur rapport, B'Tselem-ACRI ont enquêté sur plus de 1.000 bâtiments dans des secteurs à l'intérieur ou proches des secteurs de colonies, ainsi que d'autres adjacents aux rues à usage des colons et des forces de sécurité israéliennes exclusivement. La plupart des structures se trouvent dans H-2, et l'enquête couvre les suivantes :
- les immeubles dans la Casbah,
- la zone près de la Tombe des Patriarches,
- le quartier Tel Rumeida,
- autour de Avraham Avinu, Beit Romano et Tel Rumeida,
- le long de la Rue Shuhada (la rue principale),
- dans la partie inférieure du quartier Abu Seineh, près du bâtiment a-Sahia,
- le long des rues exclusivement pour colons à l'intérieur et autour du Centre Ville et de la colonie Qiryat Arba,
- autour de la colonie Givat Haavot, et
- entre et à côté de Qiryat Arba et Givat Hahasina au nord.

Deux petites zones H-1 sont aussi incluses : au sud-est le quartier Bab a-Zawiya et la rue Qarnatini, près de la colonie Avraham Avinu.

Les données ont été recueillies porte à porte pour décrire de façon détaillé chaque immeuble résidentiel, de manière à déterminer s'il était occupé ou abandonné. La même procédure a été suivie pour tous les bâtiments commerciaux, et les résultats furent un choc, mais pas une surprise.

Au moins 1.014 logements palestiniens (41,9 % du total du secteur) se sont vidés de leurs occupants. 659 autres appartements (65% du total) le furent également pendant le Second Intifada. De plus, les Palestiniens ont perdu 1.829 commerces (76,6% du total). Par rapport au chiffre total, 1.142 (62,4% du total) ont fermé en 2000, 440 ou plus sur ordre militaire.

B'Tselem-ACRI pensent que les abandons des appartements palestiniens ont même été plus élevés que ce qui est rapporté, parce que les quartiers proches des colonies se sont effondrés et les coûts pour s'y loger et y vivre ont chûté. Les familles pauvres en ont profité. Dans l'incapacité de payer des loyers plus chers, elles ont quitté des parties lointaines d'Hébron pour venir dans la Vieille Ville où elles se sont installées dans les maisons vides.

B'Tselem-Ari ont détaillé les zones touchées, et l'une d'entre elles est le quartier de la rue Shuhada, le cœur du Centre Ville qui a été en partie fermé au trafic et au commerce palestinien après le massacre de 1994. A la suite de celui-ci, 304 magasins et entrepôts ont fermé, 218 ou plus sur ordre militaire, et il n'y a maintenant plus une seule boutique ouverte. De plus, les FID ont saisi une gare d'autobus pour en faire une base militaire, et les activités non commerciales ont été affectées elles aussi. Des services importants ont déménagé ou ont cessé de fonctionner, dont le Ministère de l'Approvisionnement, les Renseignements, la Charité, l'Association des Fermiers et des Femmes, et autres secteurs d'activité jadis en fonction. Des centres médicaux ont fermé eux aussi, les Palestiniens ont payé cher, et ce n'était pas fini.

* Point d'exclamation ajouté par la traductrice.

Source : The Peoples Voice

Traduction : MR pour ISM

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