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Jénine - 25 octobre 2005
Par Ali Samoudi
Des milliers de familles souffrent de la pauvreté, et l'occupation poursuit sa guerre pour empêcher les associations humanitaires d'aider les plus démunis
Le mois de Ramadan a dévoilé l'ampleur de la souffrance vécue par les familles de la région de Jénine, où les taux de chômage et de pauvreté sont les plus élevés, surtout après que la région ait subi, tout au long des cinq dernières années, les agressions, les massacres, les bouclages, les couvre-feu et la guerre totale qui a détruit toutes les possibilités de vie.
Malgré l'activité intense menée par les associations et institutions caritatives dans la province de Jénine, pour obtenir les aides et les répartir sur les couches les plus démunies de la population, ces institutions affirment qu'elles manquent de moyens à cause de la répression et l'interdiction par les autorités d'occupation qu'elles reçoivent les aides de l'extérieur.
Sous prétexte d'une aide au "terrorisme", les autorités de l'occupation interdisent l'arrivée des dons à ces organisations et institutions.
Le responsable de l'association caritative al-Ihsan note un recul très net, "bien que nous distribuons des aides tout au long du mois de Ramadan. La politique américaine a fait du tort aux campagnes de solidarité, et notamment en Palestine, alors que l'occupation poursuit sa guerre systématique contre les institutions caritatives. Notre association a subi des attaques, et plusieurs responsables sont en prison".
C'est le même problème vécu par le comité de la zakat de la région dont le président a été arrêté, ainsi que plusieurs de ses employés, Ã la veille du mois de Ramadan.
Tous les jours, des longues files de gens pauvres et démunis, des chêmeurs, s'alignent devant les bureaux de ces institutions à Jénine, pour obtenir de l'aide. Yousf Ahmad, 55 ans, n'a pas arrêté de se rendre au comité de la zakat, pour assurer de quoi nourrir ses enfants.
Avant, il travaillait à Haïfa, mais depuis les bouclages et l'interdiction de circuler, il est sans travail, masi il doit pouvoir nourrir sa famille composée de 10 personnes. Il raconte qu'il y a quelques années, alors qu'il travaillait, il ne laissait pas passer l'occasion du mois du Ramadan sans partager avec tous les démunis, le fruit de son travail.
Abu Salih raconte, lui, qu'il travaillait à Bisan, de l'autre cêté de la ligne verte, aussi, mais qu'il a été renvoyé, sans toucher des indemnités.
Mais son "trésor de guerre" étant épuisé, il est là , avec les autres, ne pouvant assurer à sa famille composée de 6 enfants de quoi vivre et se nourrir.
Umm Talal personnifie la réalité de la vie vécue par la famille palestinienne à Jénine.
"Ma peine a commencé il y a trois ans, lorsque mon mari a été renvoyé, alors qu'il travaillait à Tel Aviv.
Tellement traumatisé, il est tombé malade. Il ne pouvait plus travailler, et personne ne pouvait lui assurer les soins médicaux nécessaires. Nous avons vécu des jours très amers, sans pouvoir nous nourrir.
J'ai obtenu un peu d'aide, mais insuffisante pour faire face à tout.
Et chaque fois que je me dirige vers l'institution et l'association caritative, on nous annonce que l'aide est tarie, du fait de la politique américaine qui interdit aux organismes à l'étranger d'aider le peuple palestinien.
Je fais le tour de toutes ces institutions, et pour tout le monde, c'est la même chose. C'est l'occupation qui est notre problème et la cause de notre souffrance.
Umm Murad est devant la porte de l'institution al-Ihsan, attendant son tour. Son mari a été atteint de maladie, après avoir été renvoyé de son travail. Trois de ses enfants souffrent de diverses maladies.
D'autres enfants sont scolarisés, et elle arrive à peine à leur couvrir leurs frais. Elle espère que l'institution al-Ihsan pourra au moins leur donner de quoi soigner les enfants malades.
Mais l'institution al-Ihsan dit qu'elle a lancé de nombreux appels réclamant des aides pour les familles, Ã l'occasion du mois de Ramadan. Mais elle n'a reçu que très peu d'aides.
Dans un rapport, elle ajoute que la société palestinienne vit des conditions très difficules et il est nécessaire que les associations, institutions caritatives, islamiques et arabes, assument leurs responsabilités et agissent rapidement pour soutenir notre peuple résistant en Palestine.
Pour le comité de la Zakat, il s'est plaint de l'arrêt des aides mensuelles, demandant aux peuples musulmans d'assumer leurs responsabilités et d'aider le peuple palestinien à résister, et surtout pendant le mois de Ramadan.
Il a demandé aux associations caritatives de ne pas tenir compte des pressions américaines et de poursuivre leur solidarité, car le peuple palestinien est en train de résister sur sa terre, il défend par là la nation arabe et islamique, il mérite le soutien et non la participation à la guerre et l'agression menée par le gouvernement de l'occupation.
• Sauvons l'enfant Farah Abu Hasan, victime d'une maladie inconnue
Depuis des mois, Jumana Joudi Mar'i Abu Hasan, de Toubas, se déplace tous les jours d'un médecin à un autre, d'un hêpital et centre de soins, public ou privé, à la recherche d'un remède pour soigner sa fille, âgée de 11 ans, alitée après avoir été atteinte d'une maladie inconnue. La vie de la fillette est menacée, et la famille est incapable de sauver la vie de leur enfant, dont l'état empire de jour en jour.
La souffrance de la famille culmine surtout que le frère Bashar a été atteint il y a deux ans par la même maladie et qu'il est décédé en février 2004. Et aucun médecin n'avait pu à l'époque comprendre ce qui se passait.
Malgré la douleur, la mère est toujours patiente. Elle a emmené sa fille à Amman, mais les remèdes n'ont pas changé la situation.
A la fin du mois, le jeune fille devra être auscultée dans un hêpital israélien, mais les finances de la famille sont au plus bas, et le prix de l'auscultation est exhorbitant. Le père est au chêmage, et les maigres économies s'étaient envolées lors de la maladie de Bashar.
Malgré sa maladie et l'absence de charges contre lui, Sheikh Zayd Zakarneh est mis en détention administrative
Umm Tareq, épouse de sheikh Zakarneh, a exprimé sa profonde inquiétude concernant la vie de sheikh Zakarneh, directeur des awqaf et président du comité de la zakat dans la province de Jénine, avec le maintien de son incarcération alors qu'il est malade et qu'aucune charge n'est retenue contre lui (par les occupants).
La famille de sheikh Zakarneh vit dans le village Deir Ghazalé, à l'est de Jénine. Son épouse considère que l'arrestation du sheikh fait partie d'une politique de punition collective à l'encontre du peuple palestinien et notamment son mari à cause de son activité humanitaire et sociale, parce qu'il aide ses concitoyens, notamment les plus démunis d'entre eux.
Son arrestation est une violation des lois et accords signés entre l'Autorité palestinienne et Israël.
L'arrestation
Umm Tareq raconte que les forces de l'occupation ont investi la maison il y a près d'un mois, ont saccagé les meubles en procédant à des fouilles, puis ont emmené sheikh Zayd, malgré son âge avancé et son état de santé.
Ils l'ont obligé Ã relever ses vêtements et l'ont fouillé de manière humiliante, puis l'ont arrêté sans dire pourquoi.
Ce qui tourmente la famille, c'est le fait que sheikh Zayd a une santé fragile et son état nécessite des soins. Il est soigné d'abord pour le diabète et a besoin quotidiennement de sa piqûre d'insuline, mais les forces de l'occupation lui ont interdit d'emmener ses médicaments;
Malgré l'intervention de plusieurs associations humanitaires, les forces de l'occupation refusent de faire parvenir les médicaments, prétextant les motifs sécuritaires.
Pour Umm Tareq, ces prétextes sont criminels et injustes, car sa vie est en danger, les conditions de détention à Ofer sont connues et risquent de l'achever.
Mustafa al-Azmouti, avocat de l'association ansar el-sageen, a déclaré que les autorités de l'occupation israélienne n'a accusé le sheikh Zayd d'aucune charge, il n'a même pas été interrogé après son arrestation.
Sa détention a été prolongée une première fois de 18 jours, mais après cette période, il est encore en détention, le procureur ayant refusé de le libérer à cause de son état de santé, bien que son arrestation soit illégale, et notamment parce qu'il est un fonctionnaire de l'Autorité Palestinienne. Le maintenir en détention constitue une violation des accords signés entre Israël et l'Autorité.
Umm Tareq ne baisse cependant pas les bras car, comme elle dit, sa vie est en danger. Elle a contacté plusieurs institutions et organismes humanitaires et juridiques, mais en vain.
Il y a quelques jours, le tribunal militaire a refusé la demande de libération présentée par l'avocat en décidant de prolonger sa détention et de la faire passer en détention administrative, sans préciser la durée.
Umm Tareq et les membres de la famille de Zayd demandent l'intervention des organismes internationaux pour faire libérer son mari, immédiatement.
Ecrire massivement à :
la Croix-Rouge Internationale, en demandant son intervention rapide et ferme auprès des autorités israéliennes pour faire libérer sheikh Zayd Zakarneh.
par mail : tel_aviv.tel@icrc.org
Tel.: (+972) 35 24 52 86
Fax: (+972) 35 27 03 70
Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
19 avenue de la Paix
CH 1202 Genève
Fax : CICR, numéro général: ++ 41 (22) 733 20 57
Département de la Communication, unité 'Production, Marketing,
Distribution': ++ 41 (22) 730 27 68
La décision du tribunal israélien n'est que médiatique et mensongère
L'occupation poursuit les assassinats ciblés
Les forces de l'occupation israélienne ont remplacé l'utilisation de Palestiniens en tant que boucliers humains par un retour à la politique des assassinats ciblés des militants recherchés, comme réponse à la demande de la cour suprême israélienne d'interdire la première méthode.
Ce sont des organisations humanitaires et juridiques qui avaient réclamé cette décision, malgré les pressions énormes exercées contre elles, pour finalement aboutir à cette décision qui interdit à l'armée sioniste d'utiliser, au cours de ses opérations dans les territoires occupés, les Palestiniens en tant que bouclier humains.
L'armée sioniste avait utilisé pendant longtemps cette pratique qui lui a permis d'arrêter et de tuer de nombreux militants, et surtout, qui a mis nombre de citoyens palestiniens en danger, plusieurs "boucliers humains" ayant été assassinés par les balles israéliennes.
Malgré la tempête suscitée à l'intérieur de l'entité sioniste, pour faire croire au monde qu'il s'agit d'un Etat démocratique qui respecte les droits de l'homme, plusieurs milieux ont cependant limité l'importance de cette décision et l'ont rapprochée de la reprise des assassinats ciblés, tout en rappelant que les décisions de la cour suprême de l'Etat sioniste ne sont pas appliquées, comme en témoignent les précédentes décisions concernant les terres, les confiscations, les arrestations, etc...
Pour Akram Abu Sba', président du comité des affaires des prisonniers et détenus, la décision est uniquement médiatique, pour tromper l'opinion internationale, il s'agissait pour l'Etat sioniste d'alléger les critiques formulées par des instances internationales contre la politique israélienne, qui poursuit ses agressions alors que la partie palestinienne respecte l'accalmie.
Il a ajouté que la décision de la cour suprême, d'un point de vue pratique, ne signifie rien, car la partie qui exécute les décisions est l'appareil de la sécurité israélienne, c'est lui qui gouverne Israël, et nous devons nous rappeler toutes les décisions que cet appareil a refusé d'exécuter.
Pour Qadri Abu Wasel, président de l'association des amis du détenu et du prisonnier (Nazareth), la décision est importante, et représente une victoire pour les forces qui défendent les droits de l'homme, mais le problème est dans quelle mesure l'armée sioniste appliquera cette décision et la respectera.
L'occupation publie la décision dans les moyens d'information, mais sur le terrain, c'est autre chose. La décision a été prise pour sauver la face d'Israël qui poursuit la violation de toutes les lois et les décisions internationales.
Il a ajouté que l'association met en doute la véracité d'une telle décision et essaie de constituer une stricte surveillance des soldats lors de leurs opérations permanentes dans les territoires occupés.
Les réactions palestiniennes furent justes, lorsqu'elles ont prévu que l'occupation n'arrêterait pas sa politique.
La semaine dernière, les forces de l'occupation ont utilisé comme bouclier humain la mère d'un militant recherché, Haytham al-Battat, du village Dhahriya de la région d'al-Khalil, qui est l'un des dirigeants des brigades Izzidine al-Qassam pour l'obliger à se rendre.
Sa mère a raconté que des dizaines de soldats sionistes ont encerclé son fils, puis ont fait pression sur elle, le menaçant de destruction de la maison, d'arrestation de tous les membres de sa famille et d'exécution de son fils.
"Ils m'ont mis dans une telle situation que je ne pouvais que les accompagner pour qu'ils l'arrêtent".
A Jénine, les soldats ont utilisé plusieurs personnes pour les couvrir lorsqu'ils ont encerclé l'un des immeubles qu'ils ont ciblé, dans le camp de Jénine.
Ahmad Khalil a raconté que les soldats ont investi sa maison, l'ont emmené ave c sa famille puis lui ont demandé de frapper à la porte de voisins pendant que les soldats sionistes l'entouraient. Il raconte que les boucliers humains ont été alignés, face à l'immeuble, puis les soldats ont tiré sur l'immeuble.
Lorsque les soldats se sont aperçus qu'il n'y avait pas de résistance, "ils nous mis devant eux, pour enfoncer les appartements. Ils ont arrêté un jeune et l'ont emmené. C'est clair que l'occupation n'a pas changé ses méthodes, et n'a pas arrêté de nous utiliser en tant que boucliers humains.
C'est une méthode très ancienne utilisée par les forces de l'occupation, dans sa guerre contre l'occupation, mais qui a été systématiquement utilisée au cours des années précédentes, au cours de l'Intifada al-Aqsa.
La mère de Iyad Sawalha, dirigeant des Brigades d'al-Quds (Jihad) a été utilisée il y a deux ans, elle a été obligée d'accompagner une patrouille israélienne alors qu'il y avait couvre-feu sur le village de Kafr Ra'i, d'appeler par haut-parleur demandant à son fils de se rendre, ou la maison serait détruite et sa mère arrêtée.
Quelques semaines plus tard, c'est son épouse qui a été utilisée pour investir une maison où il s'était abrité, et Iyad Sawalha a été exécuté.
A Toubas, les forces de l'occupation ont assassiné Ahmad Abu Muhsin, 16 ans, lorsqu'il fut utilisé et mis devant les soldats pour investir une maison. Il a été exécuté ainsi que le martyr Nasr Jarrar, dirigeant dans les brigades du martyr al-Qassam.
C'est suite à l'assassinat du martyr Abu Muhsin que les diverses institutions humanitaires et juridiques ont soulevé la question, aboutissant à la prise de la décision par la cour suprême.
Les associations juridiques palestiniennes considèrent que l'occupation va utilisé les deux méthodes pour poursuivre sa politique.
Raghib Abu Diyak, le président de Nadi al-asir à Jénine affirme que l'utilisation des boucliers humains est équivalente à l'assassinat, l'occupant choisira la méthode qui lui convient pour exécuter ses meurtres.
Sheikh Abdel Halim Izzidine, l'un des dirigeants du Jihad considère que la décision de la cour suprême est de la poudre aux yeux, car l'alternative pour l'occupation est là , et dans tous les cas, "c'est notre peuple qui paie le prix, il est la victime". C'est pourquoi il faut en finir avec l'occupation.
Naser Abu Aziz, l'un des dirigeants du FPLP a affirmé, quant à lui, que l'occupation n'hésite pas à pratiquer toutes les formes de meurtres, d'assassinats, d'agressions contre notre peuple, et ni leurs tribunaux, ni leurs organisations, ni leurs décisions n'y peuvent rien. Et s'il y a une volonté rée lle d'en finir avec ces pratiques, il faut réclamer la fin de l'occupation.
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