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Palestine - 7 juillet 2007
Par Osamah Khalil
Osamah Khalil est professeur d'Histoire des USA et du Moyen Orient à l'Université de Californie, Berkeley. Il est palestinien-américain et a voyagé, étudié et fait des recherches à travers tout le Moyen Orient.
Aucune autre période dans l'histoire récente du peuple palestinien n'a semblé plus sombre ou plus vide d'espoir. Divisé à l'intérieur, éparpillé sur toute la planète et sans représentation efficace, on peut dire que le mouvement national palestinien est au plus bas de son histoire. La Palestine aujourd'hui figure le signe avant-coureur du futur d'un monde arabe sous siège, occupé par des forces extérieures alliées à des collaborateurs intérieurs déterminés à semer et alimenter les divisions.
Les étudiants palestiniens manifestent lors du 59ème anniversaire de la Nakba à Naplouse, le 15 mai 2007 (Rami Swidan/MaanImages)
A l'extérieur de la Palestine, les réfugiés et les exilés subissent les menaces et pressions constantes des régimes arabes et des gouvernements occidentaux, avec peu ou pas de soutien des institutions traditionnelles qui les ont, jadis, représentés sur la scène mondiale.
Pourtant, pour trouver un espoir, c'est vers l'Organisation de Libération de la Palestine, desséchée et apparemment défunte, que les Palestiniens doivent se tourner. Le temps est venu pour l'ensemble des Palestiniens de réinvestir et de revigorer l'institution que le monde reconnaît toujours comme "le seul représentant légitime du peuple palestinien".
Un tel processus commence par la dissolution de l'Autorité Palestinienne. Tous les Palestiniens vivant leur 41ème année d'occupation en Cisjordanie et à Gaza doivent déclarer qu'ils ne prendront plus part à leur propre occupation. Qu'ils ne permettront pas à Israël de détenir illégalement le revenu de leurs taxes, en même temps qu'il lance des incursions et des invasions meurtrières répétées en toute impunité. Ni qu'ils ne permettront aux représentants de leur "gouvernement" de tirer des profits financiers et politiques de l'occupation israélienne, de la construction du mur d'apartheid d'Israël et de l'expansion des colonies sur la terre palestinienne, ni la suppression de toute activité politique.
Pour les fils préférés du Président américain George W. Bush – Mahmoud Abbas, Salam Fayyad, Mohammad Dahlan et leur clique – démissionner avec le peu de dignité qui leur reste et quitter la Palestine pour n'importe quelle terre qui les accueillera, pour permettre à une nouvelle OLP d'émerger, non polluée par l'odeur nauséabonde de la corruption et de la collusion.
Tout gouvernement qui doit son soutien financier et militaire aux ennemis de son peuple ne mérite le titre ni de "Palestinien", ni d'"Autorité".
A l'évidence, le temps est venu que cesse cette mascarade grotesque qui n'a que trop duré.
Alors que le 60ème anniversaire de la Nakba approche, il est temps que les réfugiés palestiniens, dans le monde arabe et au-delà, réaffirment leur rôle d'avant-garde du Mouvement National Palestinien. Qu'ils demandent de ne plus être pris comme monnaie d'échange troquée par des négociateurs plus intéressés par la glorification de leur image personnelle que par leur bien-être ou leurs droits internationalement reconnus.
Il est impératif que les Palestiniens vivant sous occupation ou en exil s'unissent pour revivifier et réformer l'OLP et tiennent de nouvelles élections au Congrès National Palestinien (CNP). Une fois élu, le nouveau CNP se réunira pour annoncer un Etat palestinien indépendant, un gouvernement en exil et une stratégie de victoire qui unifierait tous les groupes palestiniens de l'échiquier politique dans son ensemble, des laïques aux islamistes.
Une OLP revigorée coordonnerait également la pléthore d'organisations populaires qui se sont créées pour combattre les politiques d'apartheid d'Israël et plaider pour le droit au retour. Actuellement, ces organisations travaillent isolées, avec une coordination intermittente, et souffrent d'un manque de soutien financier et organisationnel international. Pourtant, elles ont eu des résultats incroyables et ont fait des sacrifices terribles pour la recherche de la justice pour le peuple palestinien. On peut seulement imaginer ce qui aurait pu être accompli au cours des sept dernières années avec le soutien institutionnel d'un organisme de représentation de tous les Palestiniens internationalement reconnu. A une époque de communication globale instantanée, nous ne devrions pas en être à imaginer ce qui aurait été possible ; nous devons nous efforcer de le faire.
Les Palestiniens sont dotés d'un grand nombre d'individus compétents, dans les multiples générations vivant sous occupation ou en exil, qui peuvent et doivent diriger ce nouveau mouvement. Beaucoup ont eu une activité politique et ont travaillé pour que justice soit rendue soit dans l'OLP pré-Oslo, soit dans différentes organisations, depuis le début de la 2ème Intifada. Mais le mouvement doit aussi être ouvert à tous les Palestiniens qui croient vraiment dans un programme d'unité nationale, et qui acceptent de s'investir et de travailler selon les objectifs déterminés par la nouvelle OLP. L'autodétermination commence avec la confiance en soi. Le mouvement national palestinien a, il y a longtemps, représenté les espoirs d'un peuple opprimé pour la justice et l'autodétermination, et il peut le faire à nouveau.
Cependant, les Palestiniens ne peuvent pas continuer à se tourner vers le monde arabe, les Etats-Unis, les membres de l'Union Européenne, ou les Nations Unies pour trouver du soutien et de l'aide. L'histoire de ces soixante dernières années a clairement démontré que tous ces Etats n'ont aucun intérêt à l'autodétermination palestinienne ni à une Palestine réellement indépendante. De plus, ils ont une connivence active avec Israël et les Etats-Unis pour empêcher que cela se réalise.
La pléthore d'initiatives de "paix" ratées, dont les feuillets inutiles pourraient couvrir la route de Washington à Jérusalem, et le cadavre fétide du "processus de paix" pourri sur pied, illustrent l'échec total et l'impuissance délibérée de la communauté internationale à résoudre le calvaire des Palestiniens. Bien sûr, les individus de ces nations et leurs organisations peuvent aider et sont les bienvenus, mais les Palestiniens doivent se libérer par eux-mêmes. Le mouvement national palestinien, qui a su se tenir fièrement parmi les autres luttes de libération nationale, ne peut pas finir en affrontements confessionnels, fragmentation autour de quelques seigneurs de guerre et loi chaotique de la gâchette.
Si l'on ne réagit pas rapidement pour renverser ce cours des événements, le résultat ne sera pas un Etat palestinien indépendant ou une "solution à Un Etat", mais plutôt le bouclage des Palestiniens dans des prisons à ciel ouvert, dirigés par un réseau de collaborateurs soutenus et légitimés par la communauté internationale.
Ce défi ne doit pas être sous-estimé. Jamais, depuis le façonnement du Moyen Orient moderne à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, la région n'a été autant déstabilisée par les pressions extérieures et déchirée par les conflits internes. De plus, comme l'ont démontré les récents événements à Gaza et au Liban, le peuple palestinien reste entouré d'ennemis puissants qui travaillent à sa soumission et à sa défaite. Comme ils l'ont fait après 1948, les gouvernements arabes sont à nouveau en train d'étouffer l'activité politique palestinienne, en même temps qu'ils épousent publiquement la rhétorique de l'unité et de la fraternité arabes.
Pendant ce temps, la "vision" de Bush d'un Etat palestinien a prouvé être une chimère cauchemardesque, sur le modèle de Guernica, abysses vers lesquels nous sommes en train de glisser rapidement. Nous ne devons ni faillir ni tergiverser.
La révolution commence maintenant, ou jamais.
Source : Electronic Intifada
Traduction : MR pour ISM
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Résistances
Osamah Khalil
7 juillet 2007