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USA - 20 février 2006
Par Uzi Mahnaimi
Des hauts responsables israéliens et palestiniens ont eu des conversations secrètes en Amérique, afin de débattre des moyens permettant de marginaliser le Hamas, cette formation islamique extrémiste qui a pris le pouvoir, pour la première fois, dans les territoires palestiniens, hier, après avoir émergé (sur la scène politique palestinienne) en tant que vainqueur des élections du 25 janvier dernier.
Des personnalités liées à l’Autorité palestinienne et au gouvernement israélien ont pris part à des conversations, durant deux journées, au Texas.
La rencontre était présidée par Edward Djerejian, 65 ans, ancien ambassadeur américain en Israël et en Syrie, qui avait été auparavant "briefé" par le Département d’Etat américain.
Des informations concernant ces contacts entre les Israéliens et les partisans du parti Fatah de Mahmoud Abbas, le Président palestinien, ont commencé à circuler au moment même où le nouveau Parlement palestinien, dominé par le Hamas, était intronisé à Ramallah, en Cisjordanie . Après quoi, Abbas a demandé au Hamas de former un gouvernement.
Le Hamas, qui a juré de détruire Israël, a immédiatement rejeté des appels d’Abbas à ouvrir des négociations avec l’Etat juif. Abdel Aziz Duaïk, qui a été élu porte-parole [du Parlement] a dit que le Hamas s’efforcerait de maintenir son « juste devoir de résister à l’occupation ».
Un participant aux conversations américaines, tenues les 8 et 9 février à l’Institut James A. Baker III de Politiques Publiques de Houston [Texas], a indiqué que les participants ont discuté des moyens permettant de marginaliser le Hamas, dont la victoire parlementaire est perçue comme un obstacle sérieux à tout règlement de paix.
Jibril Rajoub, 50 ans, conseiller d’Abbas ès sécurité nationale, qui conduisait la délégation palestinienne, a confirmé hier que cette rencontre avait le soutien de Washington. « Je suis persuadé que le Département d’Etat espère très fortement que nos conversations seront couronnées de succès », a-t-il dit.
« [Les Américains] savent que le Hamas ne pourra rien faire, et la principale question, désormais, c’est le renforcement de la position du président [= Abbas] ». Il a précisé qu’Abbas avait été tenu informé des résultats de la rencontre, et qu’il s’est dit "encouragé" et "d’accord sur la position commune obtenue entre les deux parties."
M. Djerejian a rencontré des hauts responsables du Département d’Etat la veille de la rencontre, et il les a tenus au courant téléphoniquement durant les sessions.
Notre source indique que le problème le plus urgent à avoir été abordé concernait la manière d’éviter un désastre humanitaire dans les territoires palestiniens au cas où les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux mettaient à exécution leur menace de couper toute aide [économique] en rétorsion, après la victoire électorale du Hamas.
Une des propositions discutées fut l’acheminement d’aide occidentale aux Palestiniens via des gouvernants qui soient affiliés au Fatah, plutôt que par l’intermédiaire d’un gouvernement Hamas.
"Ce qui s’est produit le mois passé [la victoire du Hamas] est un accident politique, qui n’a encore rien d’irréversible", aurait déclaré Rajoub aux participants à la réunion.
"Tout devrait être fait de manière démocratique et légale. L’argent doit non seulement continuer à couler, mais il doit même le faire de plus en plus, dès lors qu’il ne finit pas entre les mains du Hamas" .
Rajoub aurait affirmé que le soutien naturel dont jouit le Hamas ne dépasse pas les 15 % [de l’électorat]. "Je suis persuadé que nous pouvons faire tourner les aiguilles de la pendule en sens contraire, et que de nouvelles élections parlementaires ne sont pas exclues, le moment venu" , aurait-il indiqué.
Ces pourparlers semblent avoir ouvert un nouveau canal de communication entre Abbas, Ehud Olmert (le Premier ministre israélien par intérim) et les Américains. Et on s’attend à ce que ce canal soit utilisé à nouveau au cours des prochains mois.
Notre source a indiqué que les conclusions de la réunion ont été rapportés aux deux dirigeants [Abbas et Olmert], ainsi qu’à Condoleezza Rice, la Secrétaire d’Etat américaine, qui est en tournée au Moyen-Orient, cette semaine.
Chaque partenaire avait quatre représentants. La partie israélienne comptait notamment le général Uri Sagui, 60 ans, ancien chef du renseignement militaire.
On pense généralement que Djerejian préparait ces conversations depuis le début de l’année, dans le but de faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient. Sa proposition n’a fait qu’acquérir une dimension nouvelle, après la victoire du Hamas.
La plupart des avancées, au Moyen-Orient, ont été acquises grâce à des négociations engagées dans le secret.
Ces négociations ont notamment comporté un accord de paix conclu en 1979 entre Israël et l’Egypte, ainsi que les accords dits d’Oslo, entre les Israéliens et les Palestiniens, signés à Washington en septembre 1993.
Un des architectes de l’accord d’Oslo, le Dr. Yair Hirschfeld, de l’Université de Haïfa, a participé également aux conversations de Houston.
Bien que le Hamas détienne 74 sièges du Parlement palestinien (qui en compte 132), Abbas conserve un pouvoir considérable en tant que Président : il contrôle les affaires étrangères, la sécurité et les négociations de paix.
Dans son adresse au Parlement, il a exigé que les activistes [du Hamas] reconnaissent les traités de paix existants et soutienne sa politique modérée – y compris les négociations avec Israël – qui sont, à ses dires, "le seul choix possible" pour les Palestiniens.
Après la session parlementaire, tant Abbas qu’Ismail Haniyéh, retenu par le Hamas pour le poste de Premier ministre, ont déclaré qu’ils s’efforceraient de résoudre leurs profonds différends par le dialogue.
Haniyéh s’était vu interdire par les contrôles sécuritaires israéliens de se déplacer de Gaza à Ramallah, et il a dû suivre les débats grâce à la vidéo-conférence.
Sami Abu Zahra, un des porte-parole du Hamas, a déclaré qu’il existait "un différend politique évident" entre les deux parties, en particulier en ce qui concerne les négociations avec Israël.
Mais il a ajouté : "Cette différence de vues ne conduira pas à un affrontement entre le gouvernement et la présidence, étant donné que le processus politique est déjà bloqué par l’occupation israélienne, qui ne reconnaît aucun accord de paix."
Après avoir quitté le Parlement, Abbas a dit à des journalistes : "Pourquoi supposer qu’il doive y avoir une crise ? Dialoguons ; tout passe par le dialogue. "
Le cabinet israélien doit se prononcer aujourd’hui, par vote, sur l’imposition de sanctions aux Palestiniens, comportant notamment le bouclage de Gaza et l’interdiction de pénétrer en Israël, pour des milliers de travailleurs palestiniens.
Traduit de l'anglais en français par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.
Source : Timesonline
Traduction : Marcel Charbonnier*
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