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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Neta Golan : l'activiste israélienne crée des ponts entre les mondes

Par

"Vous ne pouvez pas venir ici et mettre le bazar" aboie Neta Golan aux activistes étrangers qui se baladent dans sa cuisine pendant leur pause déjeuner.
"C'est la maison de quelqu'un, vous savez : il y a une cuisine dans l'autre appartement," leur dit-elle.
"Ils ne comprennent pas que c'est grossier de faire irruption dans la maison de quelq'un ici - ils ont beaucoup à apprendre," dit Golan au sujet des internationaux qui sont venus aider à soutenir des Palestiniens dans la résistance non-violente.

Juste une autre journée de formation culturelle pour Golan et le Mouvement International de Solidarité (ISM), pendant laquelle l'activiste israélienne de 34 ans explique aux volontaires étrangers quand ils peuvent prendre des photos, la façon se comporter dans les maisons des gens et comment respecter les Palestiniens locaux.

Neta Golan - activiste, mère de deux enfants et épouse dévouée – fait voler en éclats tous les stéréotypes qu'un Arabe peut avoir au sujet des juifs israéliens:

Elle lutte pour les droits des Palestiniens, elle vit à RamAllah, et elle est mariée à un Palestinien de Naplouse avec qui elle a deux enfants (Nawal, 2, et Shaden, 14 mois).

Il y a quatre ans, peu de temps après le début du deuxième intifada, ou soulèvement, elle a co-a fondé l'ISM, un mouvement non-violent qu'elle décrit comme un mouvement dirigé par des Palestiniens et aidés par des étrangers, dans lequel les volontaires aident à faire prendre conscience de la situation difficile des Palestiniens et à mettrefin à l'occupation israélienne.



Volontaires juifs

Plus de 4000 volontaires du monde entier ont participé à l'ISM. Environ 20% de ces volontaires sont juifs.

Les choses n'ont pas toujours été ainsi pour Golan, qui a grandi à Tel Aviv, ignorant jusqu'à l'âge de 15 ans que les Palestiniens vivaient sur la même terre ou, pire, qu'ils étaient victimes de l'occupation.

"Nous avons fait un genre de voyage scolaire et il y avait une femme qui parlait de gens qui n'étaient pas autorisés à s'organiser politiquement, qui étaient arrêtés sans motif, leurs maisons étaient démolies, et j'ai dit : Attendez une seconde, vous parlez d'un pays sud-américain ou de quelque chose, n'est-ce pas?" se souvient Golan, qui est née d'une mère juive ultra-orthodoxe et d'un père sioniste.

"Pour moi, le monde s'écroulait. Je ne pouvais pas croire que cela se passait en Israël. En grandissant, on m'a toujours dit que nous étions les victimes, que nous n'avais jamais nui à qui que ce soit," dit Golan.
Lors de la période d'Oslo, Golan a commence à dialoguer avec les Palestiniens et elle a rencontré son future mari.



Faux espoirs

Pour Neta et beaucoup d'autres, Oslo a apporté la promesse de la paix - une promesse qui se montrerait bientôt fausse, dit-elle.

"Moi et beaucoup d'autres ont pensé naivement que les choses se dirigeaient vers un certain genre de solution. Pour les Israéliens, le problème était résolu...
Donc, entendre les Palestiniens dire qu'il n'y avait même pas un processus de paix, que les choses n'étaient pas bonnes, les entendre dire : "Nous attendons que les choses s'améliorent, puis après quelques années, "Cela nous est égal, il faut que cela change, c'est insupportable" choquait" dit Golan.

"Le message que nous entendions était que cela allait exploser."
Selon Golan, personne ne voulait entendre ce message, pas même les touristes politiques à qui, elle et son fiancé d'alors, Nizar Kammal, faisaient visiter la Cisjordanie .

"Ils disaient : "Donnez du temps'. Vous avez le temps quand vos gosses ont un futur, quand vous avez l'espoir. Vous avez le temps quand votre vie est supportable et de l'espoir pour vous-même et vos enfants, mais en Palestine cela n'existait pas" raconte Golan.

C'est quand le deuxième intifada a commencé, que nous avons eu l'idée de l'ISM.

"Je pensais que la communauté internationale serait choquée du massacre systémique des jeunes (palestiniens) non-armés. Je ne pensais pas qu'elle, ou la communauté israélienne, l'accepterait. Et nous avons pensé que si nous manifestions, cela pourrait être arrêté" dit Golan.

"Je ne pensais pas, même dans mes pires cauchemars que, cinq ans plus tard, il soit devenu normal que des civils non-armés soient abattus."



Commencer par des gardes

Golan a commencé par organiser des gardes devant le bureau du premier ministre, sous la menace d'attaques par des colons Juifs.

Alors l'armée israélienne a commencé à bombarder les villages de Beit Sahour et de Beit Jalla à côté de Bethlehem, qui plus tard est devenu une cible elle-même.

Golan a pris contact avec une amie, Luisa Morgantini, du Parlement Européen, et a diffusé une invitation sur internet pour que des personnes viennent rejoindre une série d'actions pour soutenir les Palestiniens.

"et cela s'est matérialisé par une une marche, la population de Beit Sahour avec des internationaux, jusqu'à la base militaire israélienne qui bombardait le secteur.
Nous sommes allés armés d'une lettre destinée aux soldats leur demandant de démanteler la base." dit Golan.

Golan a commencé à organiser d'autres protestations et interventions, et un incident a approfondi son sens de la responsabilité dans le mouvement.

Une confrontation a éclaté entre les soldats Israéliens et les villageois palestiniens qui essayaient de passer un checkpoint israélien.

"Un autre israélien et moi nous sommes positionnés au milieu - entre les Palestiniens et les soldats et les colons - et je crois que c'est parce que nous étions là que les soldats n'ont pas tiré, et les villageois ont pu ouvrir le barrage routier."



Un enfant tué

Le jour suivant, des heurts ont encore éclaté, mais cette fois-ci Golan n'était pas là. Elle plus tard a appris qu'un enfant du village, l'un de ceux qu'elle avait vu et protégé le jour précédent, avait été tué par des troupes israéliennes.

En décembre 2000, Golan a joint ses forces à une Palestino-Américaine, Huweida Arraf, qui organisait ses propres protestations et à Ghassan Andoni, professeur de physique à l'université de BirZeit et fondateur de l'IMEMC (International Middle East Media Centre – http://www.imemc.org).



Plus de 4000 volontaires ont travaillé avec l'ISM

Esemble, ils ont choisi le nom d'International Solidarity Movement pour leur groupe et ils ont débuté le site internet : http://www.palsolidarity.org

"Si n'était la le rêve partagé de nombreuses personnes, (ISM) n'aurait pas existé." dit Golan

L'activisme de Golan a un prix.

En avril 2001, elle a été arrêtée pour s'être enchaînée à des oliviers palestiniens visés par des bulldozers israéliens. Elle a passé trois jours en prison.

Golan a également subi des interrogatoires et un procès en raison de sa présence illégale en Cisjordanie . On interdit aux Israéliens d'entrer dans le secteur A selon les accords d'Oslo, théoriquement contrôlé par les Palestiniens, sans autorisation de l'armée israélienne.

Le fait que son mari soit un résident de Naplouse ne l'exempte pas de cette interdiction. De même, on interdit aux Palestiniens d'entrer dans les zones contrôlées par les Israéliens sans permis.



Nouveau rôle

"Je plaisante toujours que nous sommes une union illégale. Il y a nulle part où nous pouvons habiter légalement. Ce ne peut pas être en Israël et je ne peux pas être dans le secteur A. Je dois sortir furtivement de Naplouse et de RamAllah" ajoute Golan.


Après avoir donné naissance à ses enfants, Golan est passé de la participation aux protestations au contact avec les médias, au soutien juridique et à la formation culturelle au bureau de l'ISM.


Lors de la formation, les nouveaux venus sont formés à la résistance non-violente.

"Nous leur enseignons comment ne pas être touchés par des tirs, par exemple," dit-elle.

Dans certains cas, la participation à l'ISM a coûté la vie des activistes.

Deux volontaires, Rachel Corrie et Tom Hurndall, qui étaient postés à Rafah à l'extrème sud de la bande de Gaza, ont été tués par les forces israéliennes en dépit des marques claires indiquant leur statut civil en avril 2003.


Corrie, que Golan a formée, a été écrasée par un bulldozer blindé israélien et Hurndall a été abattu par un tireur isolé israélien d'une balle dans l'arrière de a tête pendant qu'il protégeait fes enfants palestiniens qui étaient pris sous les tirs à Rafah.


Le soldat qui a tué Hurndall a été condamné d'homicide involontaire dans une rare décision du tribunal militaire et pourrait être condamné à 20 ans en prison lorsque la sentence sera prononcée en août.



Activistes empêchés d'entrer dans le pays

Un autre volontaire, Brian Avery, a été gravement blessé par le tir d'une arme automatique israélienne la même année. Il porté son cas devant la Haute Cour de Justice israélienne, pour exiger que les militaires israéliens enquêtent sur le tir.

Peu de temps après les décès, Israël décidé d'empêcher les activistes pro-Palestiniens d'entrer dans le pays et a essayé d'expulser plusieurs de ceux qui étaient présents.

"Cela rend le voyage pour venir ici bien plus difficile et coûteux. Ils prétendent que nous sommes des 'touristes terroristes', que nous soyons financés par l'Autorité Palestinienne ou la C.I.A" dit Neta Golan

Plus de 80 activistes de l'ISM ont été arrêtés, et des centaines ont été refusés d'entrer.

La déportation était un problème qu'il pouvaient gérer, dit Golan, mais le refus d'entrée était une autre histoire, impliquant "un travail sérieux de renseignement".

Toute personne connue qui venait dans les Territoires Occupés pour n'importe quel genre de travail de solidarité ou des droits de l'homme était une cible.



Campagne de cueillette des olives

Mais Golan dit que cela ne les arrêtera pas. L'ISM organise l'Eté de la Liberté 2005, une campagne de 57 jours (un jour pour chaque année de déplacement et de dépossession depuis 1948) contre l'occupation israélienne.


Après cela, on projette une campagne de cueillette des olives au cours de laquelle les activistes étrangers aident les villageois palestiniens à ramasser leurs récoltes sans risque.

Le groupe continue à soutenir les protestations non-violentes contre le Mur dans les villages de Bilin, de Beit Surik et de Salfit tout comme ils aident à protéger les communautés palestiniennes souffrant de la violence des colons et de l'armée dans l'enclave de Hebron à Qawawis.



"Beaucoup de gens dans le monde n'apprécient pas l'équation que votre sang peut avoir plus de valeur que celle d'un autre." ajoute Golan.

"Mais c'est la réalité. Et pour moi, le nouvel anti-sémitisme est certainement le sentiment anti-arabe, anti-Musulman."

Source : http://english.aljazeera.net/

Traduction : MG pour ISM

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