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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Plein d'espoir mais sceptique

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Les Palestiniens ont réagi au cessez-le-feu de fait avec Israel, atteint au cours du week-end, avec un mélange de scepticisme et d'ambivalence.
En effet, alors que la grande majorité de Palestiniens soutiennent fortement le cessez-le-feu (le terme lui-même est largement insidieux, puisqu'il donne l'impression d'une parité entre les deux côtés), beaucoup ont des soupçons sur les intentions d'Israel.

Plein d'espoir mais sceptique


Photo Al Ahram : Khaked Meshaal en conférence de presse au Caire

Leur prudence n'est pas sans justification. Le jour où le cessez-le-feu est entré en vigueur, l'armée d'occupation israélienne a assassiné deux Palestiniens, dont une femme de 60 ans dans la ville de Qabatya au nord de la Cisjordanie .

Les meurtres ont incité la branche armée du Fatah, les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, à tirer sur roquette Qassam sur une colonie juive à l'extérieur de Gaza.

Le mardi 28 novembre, le ministre israélien de la "Défense", Amir Peretz, a déclaré aux médias israéliens que l'accord de cessez-le-feu ne concernait pas la Cisjordanie .

L'Autorité Palestinienne et les diverses factions de la résistance ont rejeté la déclaration de Peretz, et les factions ont averti Israël que le cessez-le-feu s'effondrerait immédiatement si l'armée israélienne continuait à perpétrer des assassinats en Cisjordanie .

De plus, le Premier Ministre palestinien, Ismail Haniyeh, a précisé que les Palestiniens de Gaza et de la Cisjordanie ne formaient qu'un seul peuple et qu'il n'était pas question de maintenir un cessez-le-feu à Gaza si les assassinats se poursuivaient en Cisjordanie .

Les responsables israéliens, apparemment inquiets d'un blâme éventuel de la part de la communauté internationale au cas où le cessez-le-feu s'effondrerait, ont indiqué qu'un cessez-le-feu en Cisjordanie pourrait être établi avec l'Autorité Palestinienne.

Cette possibilité a été également soulevée par un membre de l'Autorité palestinienne, Saeb Erekat, qui a déclaré lundi aux journalistes à Ramallah que le cessez-le-feu concernerait bientôt la Cisjordanie . Erekat n'a pas indiqué quand le cessez-le-feu serait mis en place ou si les forces d'occupation israélienne devraient quitter d'abord les villes et les villages palestiniens.

Un autre facteur important contribuant au scepticisme des Palestiniens en ce qui concerne le cessez-le-feu est le fait que le "mécanisme de l'occupation" est lui-même un acte constant et persistant de provocation.

"Arrêter les tirs et les meurtres, c'est bien. Cependant, nous ne devons jamais oublier que le problème réel est l'occupation en elle-même, qui est un acte constant de viol. Le cessez-le-feu pourrait fonctionner pendant quelques semaines, ou même quelques mois, mais alors le mécanisme virulent de l'occupation rendrait inévitable la reprise de la résistance", a déclaré Mahmoud Amr, un médecin d'Hébron.

"Vous ne pouvez pas simplement supprimer "l'effet" sans toucher à la "cause"." a-t'il ajouté.

Cela ne veut pas dire que les Palestiniens ne souhaitent pas voir le cessez-le-feu tenir et se renforcer. Au contraire, la vaste majorité des Palestiniens, en particulier dans la Bande de Gaza, ont bien accueilli le cessez-le-feu dans l'espoir qu'il leur permettra de reconstituer un semblant de normalité dans leurs vies brisées. Inutile de dire que cinq mois de bombardements israéliens incessants et de massacres a dévasté Gaza et a tué et blessé des centaines de Palestiniens, très souvent des hommes, des femmes et des enfants innocents.

Par conséquent un "répit de l'enfer" était non seulement désiré mais également une nécéssité urgente.

Il est toujours loin d'être certain si le cessez-le-feu fait partie intégrale d'un plus grand "paquet" qui inclut un échange de prisonniers entre Israël et les Palestiniens, une reprise des discussions de paix, la levée des dures sanctions occidentales à l'égard du gouvernement palestinien, la formation d'un gouvernement d'unité nationale palestinien, et probablement le déploiement du "régiment Badr" palestinien basé en Jordanie dans la bande de Gaza pour surveiller le cessez-le-feu comme cela a été indiqué dans la presse israélienne.

Ce qui est clair, c'est que le Hamas a récemment adopté un ton modéré, non seulement dans la forme mais également en substance, jusqu'à un certain point.

La semaine dernière, Khaled Meshaal, le plus haut responsable politique du Hamas, a déclaré qu'il donnerait à la communauté internationale six mois pour mettre fin au conflit au Moyen-Orient en faisant pression sur Israël pour qu'il mette fin à son occupation de la Cisjordanie , de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est afin de permettre aux Palestiniens d'y créer un Etat viable.

Meshaal, qui parlait au Caire suite à des discussions avec des responsables égyptiens, dont le chef des renseignements Omar Suleiman, a aussi averti qu'un troisième Intifada palestinien éclaterait si la communauté internationale continuait à traîner des pieds et ne forçait pas Israël à mettre fin à son occupation.

Les déclarations de Meshaal sont significatives pour deux raisons.
D'abord, il a employé le terme "fin du conflit", ce qui signifie qu'un retrait total israélien des territoires occupés, y compris de Jérusalem-Est, ainsi qu'une résolution juste de la situation difficile des réfugiés, seraient suffisantes pour mettre fin au conflit avec Israël.
En second lieu, Meshaal a suggéré que le Hamas ne ferait rien pour faire dérailler ou empêcher les efforts politiques pendant cette période et donnerait au Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, l'autorisation de négogier un accord définitif avec Israël.

Cette position du Hamas est plus ou moins compatible avec la règlementation du droit international et devrait être vue par la communauté internationale, en particulier par l'Union Européenne, comme une évolution positive et sérieuse dans le discours politique du Hamas.

En ce qui concerne la recherche d'un gouvernement d'unité nationale, Meshaal a attribué le retard dans la formation de ce gouvernement à trois facteurs :
l'absence de garanties que les sanctions contre les Palestiniens seront levées au moment où le nouveau gouvernement sera formé et deviendra opérationnel ;
l'insistance de certains membres du Fatah pour que le prochain gouvernement soit un gouvernement de technocrates ou d'experts, qui, selon Meshaal, serait inefficace et faible ;
et la question restant à résoudre, celle du soldat israélien capturé.

On s'attend largement à ce que le premier ministre palestinien Haniyeh affirme cette "nouvelle ligne de pensée" au cours de sa visite actuelle en Egypte, en Iran, en Syrie et probablement en Arabie Saoudite.

De façon intéressante, la visite de Haniyeh au Caire -- la première -- semble avoir été facilitée par l'attitude positive et une flexibilité du Hamas, non seulement en ce qui concerne le cessez-le-feu, mais également sa volonté à permettre la tenue de négociations de statut final sérieuses conformément aux résolutions 242 et 332 de l'ONU, ce qui correspond à une reconnaissance de facto par le Hamas de l'initiative Arabe et aussi, indirectement, d'Israël.

En clair, en acceptant le cessez-le-feu, en autorisant Abbas à mener des négociations avec Israël et en formulant le contenu d'un état palestinien sur les territoires occupés par Israël depuis 1967, le Hamas, a réellement réussi à mettre la balle dans le camp israélien.

C'est probablement ce que le Premier Ministre israélien, Ehud Olmert, a compris quand il a accepté le cessez-le-feu, et encore plus important, quand il a exprimé ses propres "propositions de paix" lors d'un discours donné dans le sud d'Israël, en commémoration de l'anniversaire de la mort du premier Premier Ministre israélien, David Ben Gurion.


En s'esprimant de façon générale et en évitant des termes spécifiques, Olmer a dit qu'Israël tendait une main de paix aux palestiniens. Il a ajouté qu'Israël était disposé à se retirer de "nombreux territoires", à libérer de "nombreux" prisonniers palestiniens et à permettre la création d'un état palestinien viable et contigu.

Manipulation de relations publiques, ou véritable démarche de paix ? Chaque Palestinien sait que "de nombreux territoires" n'est rien d'autre qu'un euphémisme familier de la part des Israéliens pour leur refus obstiné d'abandonner les spoliations de la guerre de 1967.

Ceci explique le rejet rapide des propositions d'Olmert par le Hamas et d'autres factions palestiniennes : le Hamas les a écartées en les qualifiant de "conspiration" tandis que le Fatah a déclaré qu'Olmert serait jugé sur ses actes non sur ses paroles.

Mais Olmert pense-t-il vraiment qu'il pourra faire face à un troisième Intifada ?

Source : http://weekly.ahram.org.eg/

Traduction : MG pour ISM

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