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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Prendre pour cible les journalistes

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On se demande comment les journalistes palestiniens peuvent continuer à travailler quand ils sont pris pour cible sur le terrain et maltraités par l'armée israélienne.
On se demande encore plus quand est-ce qu’Israël sera effectivement tenu pour responsable de ses actes, quand est-ce que la communauté internationale n'acceptera plus la fausse promesse "d’enquêter sur le sujet".

Pas de greffon vidéo disponible...

Le meurtre il y a deux mois et demi du caméraman palestinien de Reuters basé à Gaza a fait l’objet d’une attention considérable. Alors qu’il filmait le site d’un bombardement à Gaza qui avait eu lieu un peu plus tôt dans la journée, Fadel Shana a été la cible du bombardement des tanks qu’il était en train de filmer.

Après l'incident, suite au tollé international de la part des groupes des droits de l’homme, des associations de journalistes et d’individus, Israël a promis d’examiner les conditions de sa mort.

Étant donné le nombre élevé de journalistes tués et blessés par l'armée israélienne, il n'est pas difficile de croire qu’Israël prend peut-être pour cible les journalistes.

Mohammed Omer, 24 ans, un journaliste de Rafah, au sud de Gaza, reconnu internationalement, est le dernier à avoir été visé par Israël, mais cette fois pas en effectuant un reportage.

Omer avait quitté Gaza quelques semaines plus tôt pour se rendre à Londres, en passant par Israël et la Jordanie où, le 16 Juin, il a reçu le prestigieux Prix Martha Gellhorn pour le journalisme.

Le même jour, des journalistes à Gaza marchaient en mémoire de Fadel Shana assassiné, et aussi pour protester contre le silence qui a suivi l’assassinat de Shana juste deux mois plus tard. Avant la cérémonie de remise des prix, Omer avait parlé en Suède, aux Pays-Bas et en Grèce de la situation actuelle à Gaza suite au blocus israélien soutenu par la communauté international depuis un an.

Bien qu’Omer avait déjà quitté Gaza auparavant, après beaucoup de bureaucratie de la part des autorités israéliennes, cette fois, ce fût pire, aussi bien de partir que de revenir, avec des blessures ajoutées à l'insulte de son retour.

Bien qu’il se soit attendu à des retards et à des difficultés de la part d’Israël pour faciliter son passage, Omer ne s’attendait pas à des mauvais traitements comme ceux reçus pendant les heures d'interrogatoire des services de renseignements israélien, le Shin Bet.

Selon une interview qu’Omer a donné l'IPS, "Au début j'ai refusé, mais ensuite j'ai eu un M16 (fusil) dans le visage et ils ont enlevé de force mes vêtements et même mes sous-vêtements."

L’IPS déclare qu’il a été répondu à Omer : "Vous n'avez encore rien vu», en réponse à ses demandes d’arrêter l'interrogatoire. Alors que le journaliste était soumis à une fouille corporelle complète, l’IPC explique que : "chaque cavité de son corps était fouillée quand l’un des enquêteurs l’a plaqué au sol et a placé sa botte sur le cou d’Omer. Omer a commencé à vomir et a perdu connaissance. "Il a ensuite été traîné au sol jusqu’à une ambulance palestinienne qui l'a emmené dans un hôpital de Jéricho.

Quand il est arrivé son tour les paupières sont ouvertes de force et son tympan sondé par un médecin militaire israélienne, qui a également été armés. Il a ensuite été traîné sur le sol par les pieds par le Shin Bet fonctionnaires, la tête frappant à maintes reprises sur le sol, à une ambulance palestinienne qui avait été appelé, à IPS, selon le rapport.

Avant d’être trainé jusqu’à l’ambulance qui avait été appelée, ses paupières ont été ouvertes de force et son tympan a été sondé par un médecin de l’armée israélienne qui était armé, lui aussi. Les officiers du Shin Bet l’ont trainé au sol en le tirant par les pieds et sa tête a heurté le sol à plusieurs reprises jusqu’à l’ambulance palestinienne qui avait été appelée, selon le reportage de l’IPS ;

Plusieurs jours plus tard, Mohammed Omer ressent toujours les effets de son interrogatoire.

«Je ne peux pas parler beaucoup, ça fait trop mal de parler" a expliqué Omer par téléphone, d’une voix à peine audible. Il a ensuite détaillé les raisons pour lesquelles il a tant de mal à parler et à respirer : "ils ont mis leurs doigts dans mon plexus solaire et se sont penchés sur moi, en poussant fort."

Menassat, une agence de presse du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, a indiqué que le porte-parole de l'armée israélienne, Avihay Adre'yn avait déclaré après la mort de Shana : «Nos soldats savent que le journaliste est sacré et qu’il ne fait jamais partie du conflit." L’article de Menassat mentionne qu’Israël continue de donner à ses soldats des instructions spéciales sur la façon de traiter les des journalistes palestiniens couvrant les combats.

Le même article cite une journaliste israélienne qui soutient que le reportage est la seule arme en possession des journalistes à Gaza, qu'ils ne doivent pas être arrêtés, tués ou pris pour cible.

Le journaliste Roni Shaked du quotidien israélien Yediot Aharonot affirme : "Si la situation [en Israël] était similaire à celle de Gaza, je voudrais certainement être présent pour couvrir les événements et personne ne pourrait m'arrêter. "

C'est ce qu’a fait Mohammed Omer depuis qu’il a commencé son travail de journaliste sur le terrain il y a 7 ans. Ses reportages, reconnus officiellement par le Prix des Meilleures Voix de la Jeunesse de la New America Media, sont publiés régulièrement dans le New Statesman, WRMEA, l'IPS, et sur de nombreux sites internet et il est régulièrement interrogé sur la BBC et Democracy Now, entre autres.

On se demande comment les journalistes palestiniens peuvent continuer à travailler quand ils sont pris pour cible sur le terrain et maltraités par l'armée israélienne.
On se demande encore plus quand est-ce qu’Israël sera effectivement tenu pour responsable de ses actes, quand est-ce que la communauté internationale n'acceptera plus la fausse promesse "d’enquêter sur le sujet".

La question a fait l'objet d'enquêtes jusqu’à en avoir des nausées et la réponse est tout à fait claire : Israël vise les journalistes (sans parler des civils).

Source : http://www.palsolidarity.org/main/2008/07/01/targeting-journalists/

Traduction : MG pour ISM

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5 juillet 2008