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Palestine - 17 juin 2007
Par Hisham Bustani
Le Dr. Hisham Bustani est écrivain et militant, membre fondateur de l'Alliance du Peuple Arabe Résistant et membre de son Comité de Coordination. Il est également membre du Comité Exécutif du Forum de la Pensée Arabe en Jordanie.
Ce qui se passe en Palestine est le résultat de l'impressionnante courte-vue du Hamas, et de la stratégie efficace des sionistes (avec l'impérialisme des Etats Unis derrière) et de leurs collaborateurs intérieurs.
Le Hamas était une résistance – l'ennemi était clair : l'entité sioniste. La stratégie était claire : il n'y aura aucune reconnaissance de l'occupation, de toute l'occupation (y compris l'occupation de la terre arabe de 1948, contrairement à la position molle d'acceptation de l'occupation d'avant 1967 adoptée par les principaux courants politiques et par le Fatah).
Lorsque le Hamas est allé aux élections et a accepter de participer à la lutte pour le gouvernement, il est tombé dans le piège (que ce soit exprès ou non) :
1. L'Autorité Palestinienne, le gouvernement, l'Assemblée Nationale Palestinienne (le Parlement) sont TOUS issus de l'Accord d'Oslo, qui non seulement reconnaît, mais, et c'est plus important, confère à "Israël" le pouvoir sur la Cisjordanie et Gaza. Ces corps de "gouvernement" n'ont absolument aucune souveraineté, pas d'armée, pas de contrôle sur des zones "frontière", pas de ressources indépendantes, rien.
En conséquence, le Hamas a indirectement abandonné sa stratégie en participant au résultat matériel de l'Accord d'Oslo, bien que (au début) il ait persisté sur sa position théorique de refus de reconnaître "Israël".
2. "Israël", l'Europe et les Etats Unis ont pensé que c'était le moment adéquat pour alumer une guerre civile attendue depuis longtemps et probablement planifiée. Les outils sont simples : arrêter toute aide financière aux Palestiniens, au motif que le Hamas est une organisation "terroriste", provoquera des troubles populaires catalysés par nombre de clients, en Cisjordanie et à Gaza, qui sont depuis longtemps des alliés des Etats-Unis et d'"Israël", qui sont financés et soutenus par eux, en plus de leur donner des armes et autres équipements.
Résultat : la Guerre Civile Phase Un.
3. A la suite de cette Phase Un, les régimes arabes (et principalement le régime saoudien) sont intervenus pour préserver le "sang palestinien". Pourtant, chacun sait que les régimes arabes ont du sang palestinien sur les mains ! En plus d'être de proches alliés des USA (et donc d'"Israël"). Le but de la manœuvre était de pousser ensuite le Hamas dans les marécages. L'Accord de La Mecque était né, et le Hamas n'a plus du tout parlé de la libération de la Palestine toute entière, il parle maintenant d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967.
4. A l'évidence, ce n'était pas suffisant, "Israël" et les USA (et l'Europe) ayant une opportunité en or avec la guerre civile palestinienne, pourquoi arrêter la machine ? Davantage de provocations internes ont entraîné le déclenchement de combats inter-palestiniens, au bénéfice d'"Israël" et des USA, à l'intérieur du projet global de "nouveau" ou "plus vaste" Moyen Orient.
Résultat : la Guerre Civile Phase Deux.
L'une des trois régions résistantes (Palestine, Liban, Irak) est neutralisée. Le noyau de la lutte arabe contre le sionisme et l'impérialisme est extrêmement distordu.
La logique dit : vous ne pouvez pas être une résistance/révolution et un gouvernement/Etat en même temps, alors, qu'est-ce qui se passe si ce "gouvernement/Etat" est sous occupation et sous le contrôle total de pouvoirs et variables extrinsèques, comme c'est le cas en Palestine ?
Le Hamas a fait le choix d'un suicide politique en entrant dans la bataille pour un "gouvernement sous occupation" ; le Fatah avait déjà décidé d'abandonner la lutte depuis longtemps, et il est contrôlé par des "dirigeants" corrompu à la mentalité de gangsters.
Nous voyons le résultat aujourd'hui.
Attribuer la "guerre civile" à des facteurs palestiniens intrinsèques est totalement subjectif. Il y a une dynamique d'interactions à la fois des facteurs externes et internes, les premiers jouant le rôle dirigeant, et les seconds "de préparation du terrain".
Dans ces temps très durs et confus, le rôle de la solidarité internationale est de la plus haute importance, parce que si quelques factions, en Palestine, perdent leurs objectifs, et si ce mouvement est accompagné d'une attitude similaire à l'étranger, la cause va complètement s'effondrer, et nous perdrons tous.
La lutte en Palestine est, par simple logique, une lutte internationaliste : une lutte contre l'impérialisme et le sionisme globaux combattus par des mécanismes locaux. Il y a une continuité entre l'intérieur et l'extérieur de la lutte, c'est la raison pour laquelle j'insiste toujours sur le fait que le mouvement de solidarité ne doit pas cesser de soutenir la cause, il doit se considérer lui-même comme faisant partie de la cause, et donc comme partie intégrante de la résistance.
C'est maintenant le moment crucial d'intensifier le soutien international à la cause arabe palestinienne, non pas sur la base de la rhétorique défaitiste d'une solution à Deux Etats, qui refuse une partie de l'occupation (celle d'après 1967) et accepte l'autre (celle d'avant 1967), mais sur la base de la totale élimination de l'entité sioniste illégitime raciste et colonialiste.
Si nous tombons dans le piège impérialiste-sioniste du "Regardez, les Palestiniens s'entre-tuent, pourquoi devrions-nous nous occuper d'eux ?", nous perdrons alors la Palestine tous ensemble, et nous perdrons également tout, et c'est seulement l'impérialisme-sionisme qui ramassera les bénéfices, aux dépens de tous.
Quand un individu perd la vue, c'est de la responsabilité de chacun de montrer la voie.
Source : Alliance du Peupe Arabe Résistant
Traduction : MR pour ISM
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Sionisme
Hisham Bustani
17 juin 2007