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Israël - 10 avril 2005
Par Yitzhak Laor
Yitzhak Laor est un romancier israélien. Il vit à Tel Aviv
On a appris cette semaine que le gouvernement s’apprêtait à durcir les lois sur l’acquisition de la citoyenneté pour les Non-Juifs, par le biais d’amendements à la loi qui rendra difficile l’obtention d’un statut légal pour les Palestiniens et autres étrangers mariés à des citoyens israéliens.
Le premier ministre a conduit un débat spécial sur le problème et a décidé de nommer un Comité sous la direction du ministre de l‘intérieur.
Le Ministre de l’Intérieur annonce que quelques 55000 demandes de réunification familiale pour raison de mariages avec des Israéliens arabes ont été faites depuis 1968, et que par la croissance naturelle, la population « naturalisée » a atteint 137.000 Arabes – environ un dixième de la minorité Arabe en Israël.
En attendant, une "loi d’urgence" votée en 2003 limite le droit des citoyens Arabes d’Israël - ce droit qui n’appartient qu‘aux seuls Juifs tant en Israël que dans le monde - à obtenir que leur conjoint et leurs enfants soient naturalisés.
Cette différence s’exprime dans les classifications du Bureau Central des Statistiques, qui divisent officiellement les citoyens d’Israël en deux catégories : "Juifs et autres" (Juifs, Chrétiens non arabes, gens sans classification religieuse et "population Arabe" (Musulmans, Druze, Chrétiens arabes).
C’est le vocabulaire de la ségrégation.
On se doit de demander aux sages du Conseil National de la Sécurité que dirige Giora Eiland - qui a participé au débat sur ce problème et a présenté l’opinion de grands juristes comme Ruth Gavison - ce qui arrivera à la croissance naturelle de la population Arabe en Israël (et c’est ça après tout le «danger», non l’immigration mais leur croissance naturelle) sans la «réunification familiale» si la loi proposée leur fait obstacle.
Peut-être faut-il un plan spécial pour les Arabes ?
Peut-être des coupes dans le budget social, le budget de l’éducation, le budget des autorités locales ?
Peut-être des condamnations plus dures pour les infractions criminelles ?
Peut-être l’interdiction d’établir de nouvelles communautés, ou de construire au-delà des limites de leurs villages (construits) depuis 1948 ?
Tout cela existe déjà. Selon la logique raciste de la campagne contre la croissance naturelle, nous atteindrons aussi la limitation des naissances. Ce jeu ne s’appelle plus sécurité ni «existence» mais fait de l’existence nationale le véritable objectif de l’existence humaine
Il y a moins de deux ans, quand le gouvernement est revenu sur ses intentions de rendre difficile l’obtention d’un statut légal pour les Palestiniens qui se mariaient avec des citoyens Israéliens, en raison de l’opposition des conseillers juridiques de la Knesset, la Commission Interne de la Knesset avait tenu une session à huis clos.
Le chef du Shin Bet avait fourni des "données sur l’étendue de la participation à des actions terroristes par de gens qui détiennent des cartes d’identité bleues en raison de la réunification familiale" avait écrit le Ha’aretz le 30 juillet 2003.
Ensuite, l’affaire entière a semblé douteuse. Mais le débat fut cadré dans le contexte de la «sécurité» pour passer devant la Haute Cour de Justice. Maintenant, on est en train de le recycler dans un "débat sur l’immigration" qui le formate une fois de plus pour les oreilles de la Haute Cour.
A l’arrière-plan, il y a l’éternelle équation : "ce qui est mauvais pour les Arabes est bon pour les Juifs". Les fans du Betar de Jérusalem criant leurs slogans " mort aux Arabes" sont moins dangereux qu’Eiland et Gavison.
Mais ça n’a rien à voir avec l’immigration, même si c’est sur ce point que se concentrent les efforts rhétoriques. Ca a à voir avec l’attitude constante de l’état d’Israël à l’égard du peuple palestinien.
Israël n’a jamais vraiment reconnu l’égalité de leur droit (ceux des Palestiniens) à exister, ni dans les frontières d’Israël, ni hors de ces frontières. Il n’y a qu’à voir la dernière campagne de statistiques, avec ses prédictions cauchemardesques, pour le démontrer.
Non seulement, ils (les Palestiniens) sont occupés depuis plus d’une génération, 38 ans, ne sont pas autorisés à entrer dans le pays sans un système de permis spéciaux, et depuis les quinze dernières années, on les empêche de travailler ;
et non seulement quand ils (les Palestiniens) quittent leur territoire déterminé pour aller à l’étranger, ils risquent de perdre pour toujours leurs maisons et leurs biens, comme s’il étaient des étrangers ; mais les Arabes qui sont citoyens d’Israël, perdent de plus en plus leurs droits civiques, comme le droit qui donne à leurs enfants des conditions minimum pour vivre dignement, avoir une bibliothèque publique, un centre culturel, assez de nourriture.
Ceux qui pensent qu’il y a une grande différence entre Kahane et Rehavam Ze’evi ne trouveront pas de grandes différences entre leur univers spirituel commun et le monde spirituel qui se cache derrière cette législation, dans sa nouvelle campagne.
"Alors qu’il est essentiel - pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression - que les droits de l‘homme soient protégés par un régime de droit" (Extrait du préambule à la Déclaration universelle des Droits de l’homme dont Israël est signataire)
Source : www.counterpunch.org/
Traduction : CS pour ISM
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