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Israël - 27 décembre 2004
Par Yitzhak Laor
Article paru le 22 décembre 2004 dans Haaretz
Avec le désengagement le parti travailliste a plié, il a l’air en mauvaise forme et plutôt piteux.
Pire :
Sous le couvert du désengagement le ministère de l’Education va continuer à faire ce à quoi les généraux du parti Travailliste ne se sont de toute façon pas opposés et n’ont même pas trouvé quoi dire contre ;
Sous le couvert du désengagement, Benjamin Netanyahu va continuer sa politique économique, et le Meretz-Yahad "ne laissera pas la droite radicale le renverser" et ainsi de suite.
Le temps n’est-il pas venu de chercher à voir comment cette conception des choses est le moyen dont usent nos politiciens pour survivre.
Il fut un temps où la distinction entre la gauche et la droite était liée d’une certaine manière à leurs doctrines économique et sociale.
Leur dissension ne s’enracinait pas seulement dans le weltenschaung mais dans la représentation des différentes parties de la population. Même s’il ne s’agissait pas à proprement parler de barrières de classe, comme en Europe ou en Amérique latine dans ses moments de démocratie, néanmoins la distinction incluait une forme de lien entre la vision du monde et la circonscription.
Cette distinction politique entre la gauche et la droite en Israël ne s’est perdue qu’après 1967. Est-ce que les territoires ont avalé ces distinctions politiques ? Pas nécessairement.
Ce qui a eu lieu en même temps que tous les développements intérieurs, fut la transformation des territoires en problème politique, autour duquel les politiciens ont fini par organiser leurs controverses avec le plus grand succès.
D’abord ils se sont querellés sur les « territoires libérés » qui s’opposaienbt aux « territoires administrés ». Les « territoires occupés » n’apparurent que dans le lexique de Rakah et Marzpen.
Les territoires se sont transformés en débat sur « tous les territoires contre la paix . Seuls des évènements extérieurs ont changé les positions politiques : la Guerre du Kippour, la pression américaine, l’Intifada, la chute du Liban. Mais graduellement, avec l’intégration des territoires à Israël, ou pour mieux dire, avec le l’accroissement de l’annexion, il fut impossible pour le système politique, ou pour cette raison, pour les systèmes militaire ou économique, d’accepter la position de « tous les territoires contre la paix » .
Ainsi les colombes du parti Travailliste (où Yossi Sarid a grandi) se sont repliées sur le Meretz. Mais de la même façon avec l’accroissement du contrôle des territoires, le Meretz s’est replié sur des position qui comprenaient des formulations comme « Les grands blocs de colonies » et « les échanges territoriaux », fausse formule s’il en fut.
En bref, les systèmes politique, militaire et économique, dans leur totalité, ont accepté l’entreprise de colonisation comme une fatalité.
Néanmoins, il y avait un besoin de quelque chose à débattre, parce que c’est seulement à travers ces discussons qu’on crée « le public représenté par les politiciens »
Ainsi est né le nouveau chas de l’aiguille, au bout du compte, à travers lequel tout le débat idéologique israélien est maintenant suspendu : le désengagement.
Sharon ne dément pas qu’il a l’intention de continuer à contrôler la Cisjordanie .
Tout son discours à propos de ce qui ne va pas quand une nation contrôle une autre nation se met en suspens dans la minute où la conversation aborde la Cisjordanie , comme s’il n’y avait pas là une nation que contrôle une autre nation. Les travaillistes peuvent parler avec des trémolos de « ramener les garçons à la maison » comme si « les garçons allaient revenir à la maison » de leur enrôlement dans la surveillance de Gaza, comme si ces gardiens ne dépendaient pas de l’armée, comme s’ils n’étaient pas chargés de rechercher des tunnels, et chargés d’autres obligations encore.
Les membres du Meretz et les colombes peuvent parler autant qu’ils veulent de démanteler les colonies parce que ça fait partie intégrante du processus, il se trouve qu’aucun d’entre eux n’attend vraiment de Sharon qu’il démantèle les principales colonies de Cisjordanie , ces colonies qui découpent la Cisjordanie en cantons.
Mais puisque le système politique a besoin d’inventer des sujets de débat pour faire continuer le débat de ses électeurs, il n’y a pas d’argument plus sain que le « départ de Gaza ».
Depuis 1967, Gaza est le sujet favori des opposants à l’annexion et le laboratoire pour «éliminer le territoire» et «une entreprise de colonisation du bien agricole» et surtout pour une ghettoisation totale, ce que tout le système politique y compris le Meretz-Yahad» soutient.
Toute le cérémonial « travailliste » à propos du retrait de Sharon depuis le « rêve du Grand Israël » est déjà en place, dans ces mêmes colonnes, ces mêmes pages, parfois par les mêmes écrivains, quand Netanyahu a donné un peu d’Hébron pour que les colons étendent leur contrôle sur cette malheureuse ville.
Ici, pourtant, il y a un renouveau de la démocratie israélienne : les « territoires » ne sont plus un bon sujet de discussion, aussi le débat s’est-il restreint à Gaza, le chas de l’aiguille.
Le problème est qu’il est impossible de faire passer par le chas de cette aiguille la grosse corde de la crise politique de l’occupation
Source : www.haaretz.com/
Traduction : CS pour ISM-France
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Yitzhak Laor
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