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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Ramper

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A part ressasser toujours les mêmes vieilles platitudes sur l'engagement US pour un Etat palestinien vivant à côté d'Israël, la secrétaire d'Etat US Condoleezza Rice n'a pas apporté grand-chose à la région lors de sa visite de la semaine dernière. D'une position d'observatrice distante plutôt que d'intermédiaire honnête et impliquée, Rice a parlé de ce qui "devrait" et "pourrait" et "serait" atteint lors de la conférence de paix régionale / internationale qui aura lieu en novembre à Washington.

Ramper


La phraséologie utilisée, qui manque à l'évidence et de conviction et de certitude, suggère qu'elle ne sait même pas réellement si la conférence sera un succès ou un échec. Sa référence fréquente aux "deux parties" (Israël et l'Autorité Palestinienne) a donné l'impression que la clé de la réussite de la conférence ne reposait pas sur l'administration Bush, mais carrément sur le premier ministre israélien Ehud Olmert.

Ce dernier a dit lundi que l'objectif de la conférence à venir n'était pas de faire la paix, mais plutôt de créer un environnement propice qui conduirait à la paix. Pour les Palestiniens, cette évidente tergiversation ne porte qu'un seul message, à savoir qu'Israël n'est pas intéressé par une véritable paix avec eux, en particulier une paix qui obligerait Israël à en terminer avec son occupation de 40 ans de la Cisjordanie , de Gaza et de Jérusalem Est.

A moins de 6 semaines de la conférence de novembre, il semble qu'aucun progrès notable n'ait été fait au cours des discussions bruyamment racoleuses entre Olmert et le président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas.

Comme l'a exprimé un officiel palestinien mécontent à Ramallah, ces rencontres révèlent qu'Abbas et Olmert ne parlent pas de la même chose. "Ces discussions furent un échec total. Le président Abbas voulait un accord concret sur les questions fondamentales, à savoir la fin de l'occupation, mais Olmert ne faisait que tergiverser, chipotant et ergotant sur le Hamas, mettant l'accent sur les extrémistes et les gestes de bonne volonté israéliens."

La semaine dernière, les officiels de Ramallah ont déclaré que l'Autorité Palestinienne ne devait peut-être pas participer à la conférence s'il devenait clair que ce serait "une occasion de parler". Cependant, l'avertissement a été largement vu comme une tentative désespérée pour amener l'administration Bush à faire pression sur Israël pour qu'il aborde les questions du statut final, au moins pour renforcer la position publique d'Abbas parmi les Palestiniens, en particulier vis-à-vis du Hamas.

Il est intéressant de noter que les avertissements de Ramallah, venant d'une "autorité" dont la survie même dépend presque complètement du bon vouloir israélien et américain, ont été instantanément rejetés cette semaine lorsque la secrétaire d'Etat américaine a très clairement montré qu'elle se lavait les mains de toute responsabilité, que la balle était dans le camp des deux parties, pas dans celui de l'administration Bush, de veiller à ce que la conférence ne devienne pas une simple occasion de discuter.

La dépendance quasi-totale de l'Autorité Palestinienne sur les Américains pour pousser le très parcimonieux Israël à faire un pas sur les questions centrales a d'ores et déjà obligé la direction palestinienne à "mendier" plutôt qu'à "exiger" le bon vouloir israélien, si tant est que "bon vouloir israélien" veuille dire quelque chose. Pour la plupart des Palestiniens et des Arabes, "Israël" et "bonne volonté" sont des oxymores qui ne devraient pas être prononcés d'un même souffle.

De plus, avec une future année électorale bientôt aux Etats-Unis, l'administration Bush sera dans une position de faiblesse pour faire pression sur Israël, même en présumant de sa volonté et de son inclinaison, dont l'expérience montre qu'elle peut être considérée comme acquise.

Le 24 septembre, Abbas, dont l'atout principal pour négocier fut les mesures prises contre le Hamas en Cisjordanie , a eu une avant-première limpide de la position globale américaine, lors de sa rencontre avec le président George W. Bush à la Maison Blanche. Bush a répété la même vieille antienne sur son soutien à la création d'un Etat palestinien, laissant les détails aux discussions bilatérales entre les Palestiniens et leur occupant. "Je soutiens avec force la création d'un Etat palestinien. Je crois que c'est dans l'intérêt du peuple palestinien, je crois que c'est dans l'intérêt d'Israël d'avoir une démocratie vivant à côté de lui. Des démocraties vivant côte à côte en paix", a dit Bush.

Bush a loué Abbas pour son "combat contre les extrémistes", une allusion claire au Hamas, mais n'a pas prononcé un seul mot sur les droits et les souffrances palestiniens, comme si les Palestiniens avait déjà un Etat, et que tout ce dont ils avaient besoin, c'était de faire de l'Etat imaginaire une démocratie.

Bien sûr, cette démocratie devrait être façonnée et modelée selon le goût et l'humeur américains, parce qu'autrement, une démocratie palestinienne qui n'irait pas dans ce sens serait pourchassée, boycottée et étranglée, ce que la manière dont l'administration Bush a traité le gouvernement Hamas démocratiquement élu a amplement démontré.

Les perspectives peu encourageantes d'une conférence, dont presque tous prédisent l'échec, ont déjà poussé les dirigeants palestiniens à analyser quelle serait la posture à adopter par l'Autorité Palestinienne après cet échec programmé.

Le dirigeant Fatah Qaddura Fares a dit que la direction Fatah devrait reprendre des pourparlers de réconciliation avec le Hamas aussitôt après la conférence. "Je crois que le dialogue entre les deux mouvements (Fatah et Hamas) est une option évidente, mais je pense qu'il sera reporté après la conférence de l'automne", a dit Fares, membre du comité central du Fatah et confident du dirigeant Fatah emprisonné Marwan Barghouti, dont beaucoup prédisent qu'il succèdera à Abbas comme prochain président de l'Autorité Palestinienne.

Fares a averti que le Fatah devrait reconsidérer sa position hostile vis-à-vis du Hamas si la conférence échouait, pour parvenir à un résultat concret au sujet de l'état palestinien. Cependant, comme développé plus haut, il est peu vraisemblable que l'utilisation de la brouille actuelle entre le Fatah et le Hamas comme tactique de pression pour arracher quelques concessions à Israël marchera, quand on connaît les antécédents du gouvernement israélien.

D'autres factions de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ont montré une frustration encore plus profonde. Jamil Majdalawi, député du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP) a déclaré à Al-Ahram Weekly : "Que la conférence soit un échec est couru d'avance. Je pense que nous avons besoin d'une stratégie de salut qui nous délivrera de notre impuissance et de notre attente d'un changement d'idée et de cœur de la part des américains qui n'arrivera jamais."

En même temps qu'il reproche au Hamas sa "prise de pouvoir militaire" à Gaza, le chef du FPLP souligne que "ce serait une faute énorme d'aller à la conférence à Washington avec notre front interne profondément divisé."

De même, le Hamas a appelé Abbas à ne pas nuire aux intérêts nationaux palestiniens en permettant aux Américains et à Israël de donner l'impression fausse d'un processus de paix en cours qui n'existe pas en réalité. "Ces réunions stériles avec les Israéliens et les Américains nuisent à la cause palestinienne. Abbas devrait se rendre compte de la futilité de se fier aux Etats-Unis pour obliger Israël à accepter les droits palestiniens", a dit Sami Abu Zuri, porte-parole du Hamas à Gaza.

La désillusion palestinienne grandissante envers Washington et, bien sûr, envers Israël, semble totalement justifiée. Israël, c'est de plus en plus évident, voit Abbas comme un dirigeant fantoche.

Cette semaine, et dans son titre lui-même, le commentateur israélien Gideon Levy a écrit qu'Abbas ne devrait pas aller à Washington. "Même ses rencontres avec Ehud Olmert deviennent peu à peu un déshonneur et une humiliation pour son peuple. Le spectacle des visites joviales du chef palestinien à Jérusalem, embrassant sur les deux joues la femme de ce même premier ministre qui, pendant ce temps, menace de blocus un million et demi de personnes, les condamnant à l'obscurité et à la famine, est insupportable."

Levy, écrivant pour le Haaretz, condamne plus loin Abbas pour sa servilité à Israël et aux USA et pour ne pas avoir le courage de se dresser devant l'arrogance et l'insolence du gouvernement Olmert. "Si Abu Mazen (nom de guerre d'Abbas) était un véritable dirigeant national au lieu d'être une marionnette, il refuserait de participer à tout sommet ou réunion tant que le blocus de Gaza n'est pas levé. S'il avait une réelle stature historique, il ajouterait qu'aucune conférence ne sera organisée sans Ismail Haniyeh, un autre représentant palestinien central, et si Israël voulait vraiment la paix, et non pas seulement un "accord de principe" avec un leader fantoche qui mènera nulle part, il serait obligé de respecter la demande d'Abbas."

Source : Al-Ahram

Traduction : MR pour ISM

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