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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Umm al-Zinat : Commémoration de la Catastrophe (la Nakba)

Par

Jonathan Cook écrit de Umm al-Zinat, près d'Haifa. Jonathan Cook est un écrivain et un journaliste vivant à Nazareth, Israel. Son livre, Sang et Religion : Démasquer l'Etat Juif et Démocratique, est édité par Pluton Press.

Environ 2.000 manifestants palestiniens se sont rassemblés dans une forêt de pins sur les pentes du Mont Carmel près de Haïfa mercredi de cette semaine alors que la plupart des Israéliens célébraient leur 58ème journée de l'Indépendance avec des barbecues et des fêtes.
Cette année, les familles ont marché sur Umm al-Zinat, un village de cultivateurs palestiniens dont les 1500 habitants ont été forcés de partir suite à l'avancée des soldats israéliens le 15 mai 1948.

"Les familles de réfugiés palestiniens ont été rejointes par 150 Juifs israéliens dans leur procession annuelle pour commémorer l'événement équivalent de la Création de l'Etat d'Israël - la Nakba (la Catastrophe), quand une majorité écrasante de Palestiniens ont été sortis de leurs maisons et du nouvel Etat juif sous prétexte de la guerre.

Cette année, les familles ont marché sur Umm al-Zinat, un village de cultivateurs palestiniens dont les 1500 habitants ont été forcés de partir suite à l'avancée des soldats israéliens le 15 mai 1948, quelques heures après qu'Israël ait publié sa Déclaration d'Indépendance.

Tout comme 400 autres villages palestiniens, Umm al-Zinat a été entièrement démoli par l'armée israélienne pour empêcher les réfugiés de revenir un jour. Les enfants tenaient des pancartes colorées portant les noms de tous villages détruits, alors que d'autres brandissaient des drapeaux palestiniens, un acte de défi qui pourrait potentiellement les emmener en prison.

Des millions de réfugiés palestiniens en Cisjordanie et à Gaza et dans les camps des Etats arabes voisins commémorent officiellement la journée de la Nakba le 15 mai, mais le petit nombre de réfugiés à l'intérieur d'Israël organisent traditionnellement leur propre événement pour coïncider avec le jour de l'Indépendance d'Israël (dont l'anniversaire change en fonction du calendrier hébreu).

Pourtant, peu de réfugiés d'Umm al-Zinat ont pû assister à la procession du 3 mai. La plupart ont été expulsées de l'Etat tout au long de l'année de la guerre de 1948 et vivent aujourd'hui dans des villes de Cisjordanie telles que Jénine, Tulkarem et Naplouse, ou en Jordanie. Israël refuse les permis d'entrée aux Palestiniens qui vivent dans les Territoires Occupés et dans les Etats Arabes.

Mais une poignée d'habitants originels étaient là pour raconter leurs histoires. Ils sont restés à l'intérieur d'Israël, bon nombre d'entre eux sont restés proche d'Umm al-Zinat dans la ville Druze voisine de Daliyat al-Carmel et à Haïfa et Fureidis.

Aujourd'hui, environ 250.000 Palestiniens en Israël -- un quart de leur nombre total -- sont censés être des réfugiés internes. Ils n'ont pas le droit de revenir dans leurs maisons et villages originels, parce qu'Israël craint que cela créé un précédent pour le droit au retour des Palestiniens de façon plus générale.

Les terres d'Umm al-Zinat comme beaucoup d'autres villages détruits, ont été recouvertes d'une forêt de sapins par le Fonds National Juif dans une tentative, selon l'historien Meron Benvenisti, un ancien adjoint au maire de Jérusalem, "de camoufler les ruines". D'autres terres appartenant à Umm al-Zinat ont été remises à une communauté rurale Juive, Elyakim, pour qu'elle les exploite.


Les responsables politiques et religieux palestiniens en Israël, ainsi que les réfugiés eux-mêmes, ont utilisé la marche pour dénoncer l'occupation permanente par Israël sur le peuple palestinien et pour exiger le droit au retour des réfugiés dans leurs villages.

Le Cheik Raed Salad, un leader spirituel largement respecté par un million de citoyens palestiniens d'Israël, a également conduit les prières sur le site pendant que les organisateurs mettaient l'accent sur les abus et les dégâts infligés aux mosquées et aux églises dans les villages détruits.

La mosquée d' Umm al-Zinat a été rasée par l'armée israélienne après que les villageois aient été forcés de partir sous la menace des armes. Dans d'autres villages, des lieux saints et des cimetières sont clôturés, habituellement avec des fils barbelés, pour empêcher leur accès..

Alors que pendant de nombreuses années les expulsions par Israël des civils palestiniens sans armes comme ceux d'Umm al-Zinat ont été passées sous silence, une nouvelle génération d'historiens israéliens a commencé à mettre en évidence au moins de deux dizaines de massacres ainsi que les viols systématiques et les meurtres de Palestiniens.

Les historiens ont trouvé parmi des documents des archives militaires et de l'Etat la preuve qu'Israël a encouragé le vol massif des Palestiniens par des massacres largement rendus public comme ceux du village de Deir Yassine, près de Jérusalem. Ils ont également déterrés une série de documents, tels que le plan Dalet, qui suggère que c'était l'intention de l'armée de nettoyer éthniquement le nouvel Etat d'autant de Palestiniens que possible.

Les histoires des réfugiés d'Umm al-Zinat confirment ces résultats. Badria Fachmawi, qui avait 14 ans quand les soldats israéliens ontmarché sur le village, indique qu'elle se rappelle le bruit des tirs israéliens et puis la fuite avec ses parents et ses frères et soeurs. Ils avaient entendu parler du massacre de Deir Yassin le mois précédent, dit-elle, et ils savaient qu'il était dangereux de rester.

Sa famille est arrivée dans la communauté Druze de Daliyat al-Carmel, où ils ont été rejoints par 10.000 réfugiés d'autres villages qui cherchaient un refuge. Puisque les Druzes avaient signé un pacte avec les responsables de l'Etat Juif pour combattre aux côtéx d'Israël, leurs communautés n'ont pas été attaquées.

Quelques jours plus tard, dit-elle, l'armée israélienne est arrivée avec 18 autobus pour transporter les réfugiés de l'autre côté de la frontière, en Jordanie. "Mon père, mon oncle et mes cousins se sont cachés parmi les Druzes et ont échappé à l'expulsion, ce qui est la raison pour laquelle nous sommes toujours ici aujourd'hui et que la plupart des réfugiés ne le sont pas." A-t'elle ajouté.

Au cours des 20 dernières années, Badria et sa famille sont revenus au village pour cueillir les fruits des cactus, les figues de Barbarie qui poussent sur la montagne. "Pourtant, c'est difficile de revenir quand nous avons autant de tristes souvenirs liés à cet endroit," dit-elle.
"Mais il est important d'amener les enfants ici de sorte qu'ils sachent d'où ils viennent."

Salim Fachmawi, un réfugié d'Umm al-Zinat de 65 ans, a aidé à organiser la precession de cette année. Il dit qu'il se rappelle des crimes de guerre que le monde a oubliés. Trois des anciens du village qui ont refusé de partir quand l'armée est arrivée en 1948 ont été exécutés de sang froid, dit-il.

Et plus tard, quand les autobus sont arrivés à Daliyat al-Carmel pour expulser les villageois vers la Jordanie, les gardes armées ont mis de côté plusieurs hommes d'Umm al-Zinat et les ont arrêtés. 'C'était seulement des fermiers mais l'armée israélienne les a emprisonnés en tant que prisonniers de guerre pendant 18 mois. Par la suite, ils ont été échangés par Israël contre des soldats juifs capturés par la Jordanie."

Sa tante était dans l'un des autobus d'expulsion qui allait vers Jéninr, d'où les villageois devaient être emmenés de force vers la Jordanie. "Elle avait avec elle ses bijoux en or et ses économies dans une taie d'oreiller mais elle n'a pas été autorisée à prendre ses affaires avec elle. Les économies de sa vie ont été volées par les soldats." Alors, Salim raconte, les gardes ont poussé les villageois vers Jénine, en criant, "Allez chez Abdullah !', en faisant référence roi de la Jordanie, et "Ne regardez pas en arrière ou nous tirerons."

L'engagement de Salim envers le village l'a mené à des confrontations répétées avec les autorités.

En 1969, il a passé deux ans en état d'arrestation à la maison pour ses activités politiques. Il y a une semaine, il a été convoqué à son commissariat de police local pour interrogatoire après qu'on ait appris qu'il avait tenu des réunions chez lui au sujet de la marche et posté des annonces.

"Ils m'ont demandé pourquoi je voulais organiser la marche et j'ai répondu : "Parce que vous avez établi votre Etat sur ma patrie. Je suis plus âgé que votre état". Je suis un vieil homme et ils ne peuvent pas aussi facilement m'intimider."

En 1998, quand son père est mort à 93 ans, Salim s'est également opposé à la police. Il avait promis à son père de l'enterrer dans le cimetière d'Umm al-Zinat, dont les ruines ont été clôturées. Mais quand la famille est arrivée au cimetière avec le cercueil, elle a trouver celui-ci cerné par plus de 100 policiers armés.

"J'ai parlé avec le capitaine et je lui ai raconté la promesse que j'avais faite à mon père," dit Salim. "Mais il a simplement répondu : "Si vous voulez enterrer votre père ici, vous devrez m'enterrer d'abord." J'ai compris ce qu'il avait voulu dire. Nous sommes revenus et nous avons enterré mon père à Daliyat."

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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