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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Vagues de frustration

Par

Interview d'Atef Saad - Atef Saad est consultant en matière de médias pour le Secrétariat Général des Syndicats palestiniens et rédacteur du magasine mensuel : La voix du Travail

En 1999, chaque ouvrier Palestinien devait nourrir trois à quatre personnes.
Maintenant chaque ouvrier a la charge de soutenir beaucoup plus de personnes.
Selon le Ministère palestinien du Travail, 31% de la main-d'oeuvre est sans emploi.
Le chômage et la pauvreté sont principalement au cœur de la souffrance des Palestiniens.
Cela a beaucoup de ramifications dans la société

Bitterlemons : A peu près combien de Palestiniens travaillent actuellement en Israël?

Saad : Il y a environ 20.000 Palestiniens qui travaillent en Israël avec des permis et 20 à 25.000 autres qui travaillent sans permis. Comparez ces chiffres à 1999, quand le nombre de Palestiniens travaillant en Israël était de 170.000.



Bitterlemons : Quel a été l'effet de cette diminution du nombre d'ouvriers en Israël sur l'économie palestinienne?

Saad : En 1999, chaque ouvrier Palestinien devait nourrir trois à quatre personnes. Maintenant chaque ouvrier a la charge de soutenir beaucoup plus de personnes.
Selon le Ministère palestinien du Travail, 31% de la main-d'oeuvre est sans emploi.
Le chômage et la pauvreté sont principalement au cœur de la souffrance des Palestiniens.

Cela a beaucoup de ramifications dans la société.

Par exemple, prenez le travail des enfants, qui implique des milliers d'enfants palestiniens.
Ici à Naplouse, un garçon de 12 ans qui travaillait dans une boulangerie a été récemment tué quand une machine est tombée et lui a fracassé le crâne.
Ceux qui ont enquêté ont trouvé six autres enfants de 13 et 14 ans qui travaillaient dans la boulangerie, chacun était payé seulement 20 shekels par mois.

Il y a un lien évident entre cette crise du travail des enfants et la question du travail des Palestiniens en Israël.

Comme l'a montré un rapport récent publié par le Programme de Développement de l'Université de Birzeit et l'UNICEF, plusieurs de ces enfants sont obligés de travailler parce que leurs parents ont perdu leur travail à l'intérieur d'Israël.



Bitterlemons : Quelles sont les difficultés affrontées par les ouvriers Palestiniens en Israël?

Saad : Ceux qui ont des permis vivent avec l'inquiétude que les autorités israéliennes pourraient leur enlever. D'un autre côté, ceux qui n'ont pas de permis vont à l'intérieur de la Ligne Verte au péril de leurs vies.

Beaucoup ont été pris pour cible et tués en faisant ce voyage risqué.
Beaucoup sont arrêtés et doivent payer des amendes qui peuvent s'élever jusqu'à 2.000$.

Des centaines d'autres ouvriers illégaux palestiniens sont maintenant en prison, certains d'entre eux ont condamné à plus de six mois de prison.

Les ouvriers palestiniens sont également vulnérables aux employeurs exploiteurs.
Quelques employeurs israéliens sont bons et justes, et les ouvriers les apprécient et développent de bonnes relations avec eux.

Mais beaucoup d'autres ouvriers se plaignent qu'il y a des employeurs israéliens qui essayent d'exploiter le système des restrictions pour les menacer.

Les syndicats ont reçu beaucoup de plaintes d'ouvriers palestiniens qui ont travaillé pendant des semaines mais n'ont jamais reçu leurs salaires.

Même ces ouvriers qui parviennent à passer les différents obstacles bureaucratiques et à obtenir des permis peuvent tomber entre les mains d'un employeur exploiteur.



Bitterlemons : Quelles sont les difficultés pour les travailleurs dans l'obtention des permis ?

Saad : Israël renforce chaque jour ses restrictions sur les permis. Les Palestiniens ne peuvent pas recevoir de permis sans carte d'identité magnétique, et ils ne peuvent pas recevoir cette carte à moins qu'ils prouvent qu'ils sont 100% cleans.

En plus des restrictions claires, telles que les checkpoints, il y a également des restrictions cachées.

Par exemple, les ouvriers palestiniens m'ont dit qu'ils payent en dessous de table -- jusqu'à 4.000 shekels -- afin d'obtenir un permis du Ministère de l'Intérieur israélien

Ainsi c'est pourquoi, afin d'éviter de telles procédures bureaucratiques coûteuses et difficiles, les ouvriers palestiniens vont travailler en Israël sans permis. Ils risquent leurs vies pour avoir la chance de gagner 200 shekels par jour.

Beaucoup doivent rester en Israël pendant deux ou trois semaines de suite sans rentrer à la maison. Mais ils n'ont pas d'autre choix.



Bitterlemons : Israël discute d'un plan pour éliminer le travail des Palestiniens d'ici 2008. Comment pensez-vous que cette politique affectera les Palestiniens?

Saad : Les 20.000 travailleurs répertoriés en Israël gagnent actuellement environ 130 millions $ par an pour eux-mêmes, leurs familles, et l'économie en général.

Vous pouvez multiplier cette somme par deux afin de compter la somme supplémentaire gagnée par les ouvriers non répertoriés.
Maintenant avec la "nouvelle stratégie' israélienne, ces personnes seront sans emploi et les Palestiniens perdront cette source de revenu.

Ajoutez ces chiffres à ceux qui sont déjà sans emploi dans les territoires palestiniens, et je ne peux pas imaginer les vagues de frustration qui en résulteront.



Bitterlemons : Que pensez-vous de l'argument qu'Israël doit mettre fin au travail des Palestiniens en Israël pour sa propre sécurité?


Saad : Le travail en Israël est essentiel pour l'économie palestinienne jusqu'à ce qu'elle atteigne un taux de croissance, que l'occupation cesse et que les Palestiniens obitennent une indépendance.

Les Israéliens, et également les Américains, continuent à regarder les sujets d'un point de vue sécuritaire plutôt qu'un point de vue politique ou social.

Comme l'a fait clairement entendre Condoleezza Rice lors de sa visite dans la région il y a seulement quelques jours, les Américains ne voient pas qu'aujourd'hui le chômage est le principal défi du gouvernement d'Abu Mazen.

Regardez ceux qui posent des problèmes à Abu Mazen à l'intérieur de sa propre organisation politique, le Fatah. Si vous regardez ce qui les pousse à créer le désordre, vous verrez que c'est principalement économique et social.

Plusieurs de ces personnes ont besoin d'un travail et d'un salaire.

Empêcher les Palestiniens d'aller travailler en Israël augmentera seulement la pauvreté, ce qui mènera au désespoir, à l'extrémisme et à plus de violence.

Source : www.bitterlemons.org/

Traduction : MG pour ISM

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