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Hébron - 26 novembre 2008
Par Addameer
Le 30 octobre 2008, à 10H15 du matin, les Forces d’Occupation Israélienne ont pris d'assaut la faculté de l'Université Technique de Palestine dans le camp de réfugiés d’Arroub, à Hébron et ont arrêté des étudiants de plusieurs classes. Les étudiants ont été menottés, enchaînés, et puis battus plusieurs fois, giflés et frappés à coups de poing sur tout le corps. Ils ont ensuite été emmenés au centre de détention militaire de Gush Etzion.
Photo : Mamoun Wazwaz/MaanImages : Un soldat israélien surveille des étudiants du Palestine Technical College dans le camp de réfugiés d'Arroub, le 30 Octobre.
A 21 H, deux des garçons ont été relâchés, cependant, huit d'entre eux sont toujours en détention à la prison d’Ofer. Aucun des garçons n'a plus de 16 ans.
Hatem est professeur au Collège Technique de Palestine. Il était le seul professeur présent dans la cour de récréation à ce moment-là. Un des soldats lui a crié, «Où sont les garçons qui ont jeté des pierres ?»
C'était en réponse à une allégation selon laquelle des pierres avaient été jetées sur une voiture civile israélienne par une personne qui venait du camp de réfugiés et qui portait une veste noire.
Hatem a dit au soldat qu'une journée scolaire typique va de 8H du matin jusqu'à 14H30 aussi tous les enfants étaient dans leurs classes. Le soldat a ensuite poussé Hatem sur le sol et a ordonné aux autres soldats de fouiller le collège.
Environ dix soldats sont entrés dans le collège. Ils ont donné des coups de pieds dans les portes et sont entrés dans les classes où les enfants étaient en train de faire leurs travaux pratiques. Ils ont fermé la porte et un des soldats a commencé à battre un étudiant handicapé qui était assis au premier rang.
Les soldats ont commencé à hurler sur les garçons et ensuite ont poussé un des étudiants, «MD». Un des soldats a empoigné MD et a crié «Tu es le garçon qui a jeté des pierres !»
MD a été arrêté avec six autres garçons. Les soldats sont entrés ensuite dans les autres salles de classes et ont commencé à arrêter au hasard les étudiants. Ils visaient spécifiquement ceux qui portaient des vestes noires. Les soldats ont ensuite emmenés tous les garçons dans la cour de récréation et ont empêché les professeurs de parler avec les étudiants.
Les soldats ont ensuite commencé à frapper l’un des étudiants, «RB», en le giflant et en lui donnant des coups de pieds à la tête. Hatem a essayé de l'aider, cependant, les soldats l'ont menacé de tirer. Puis ils ont tiré des grenades incapacitantes et des balles réelles dans la cour de récréation.
Les soldats continuaient de frapper l'un ou l'autre des étudiants détenus. Hatem déclare qu'il pouvait entendre les étudiants crier sous les coups, cependant, il était empêché de faire quoi que ce soit pour les aider.
Le directeur du collège a appelé une ambulance mais elle a été retardée parce que les soldats bloquaient l'entrée du camp. Les soldats ont ensuite menotté et enchaîné 19 étudiants et les ont forcés à s'asseoir aux pieds de la tour militaire à l'entrée du camp de réfugiés. Au bout de 15 minutes, les soldats ont relâché neuf étudiants.
Témoignage de l'étudiant de 16 ans recueilli par l'avocat d’Addameer, Firas Sabbah, le 3 novembre 2008 au centre de détention militaire de Gush Etzion
Mon nom est R.B. Je suis né le 26 octobre 1992. Je suis étudiant en 10ème au Collège Technique de Palestine où j'étudie l'agriculture.
Le 30 octobre 2008, je suis allé à l'école comme d'habitude. J'étais censé avoir un examen ce jour-là. A environ 10H30 du matin, j'ai été terrifié quand j'ai vu les soldats entrer dans la classe. Ils ont commencé à arrêter au hasard mes camarades. Puis les soldats m'ont dit de sortir de la classe. J'ai été emmené dans la cour de récréation. Quand le soldat m'a vu en train de le regarder il m'a empoigné la tête et m'a giflé.
Il m'a dit de me mettre le visage contre le sol. Après cela il nous a tous fait mettre debout en une seule file et nous avons été obligés de marcher l'un derrière l'autre jusqu'à la tour militaire. J'ai perdu ma place dans la file et le soldat m'a frappé sur les jambes et m'a donné des coups de pieds. Un autre soldat m'a battu jusqu'à ce que nous atteignions la porte du camp de réfugiés.
Après cela, le soldat m'a ri au nez et quand je regardais en arrière, il me donnait des claques et me battait si fort sur la poitrine que j'avais du mal à respirer. Je suis tombé sur le sol où je continuais à être battu. Après environ trois heures, j'ai été menotté et enchaîné et poussé dans une jeep militaire. Mes menottes ont glissé pendant que je montais dans la jeep aussi j'ai été battu de nouveau.
L'audience de la Cour
Le 6 novembre 2008, les huit enfants ont été amenés devant la cour militaire d'Ofer. Ils étaient détenus depuis huit jours avant d'être amenés devant la cour. Tous les garçons ont été accusés d'avoir jeté des pierres en dépit du fait que la preuve est bâtie sur les témoignages de seulement trois soldats. Dans son audience initiale, la détention des garçons avait été prolongée jusqu'au 11 novembre 2008.
Pour leur défense, l'avocat d'Addameer, Mahmoud Hassan, a expliqué que ces enfants étaient détenus avec des adultes dans un établissement pour adultes ce qui est en totale violation avec le droit international.
Le 28 octobre 2008, Hassan a utilisé un argument similaire pour assurer la relaxe de deux garçons de 14 ans, qui avaient été arrêtés dans leurs maisons à Beit Ummar le 9 octobre 2008. Chaque garçon a été relâché contre une caution de 8 000 shekels (environ 1600 Euros).
En effet, selon l'expérience d'Addameer, c'est la première fois qu'un juge militaire a accepté de relâcher des enfants sous prétexte qu’il est illégal de les détenir avec des adultes. Cependant, à cette occasion, le juge militaire a rejeté la plaidoirie d'Hassan et a ordonné que les garçons soient détenus jusqu'à la fin du procès.
Cette décision a été mise en appel et on a demandé que les garçons soient relâchés contre une caution. Le résultat du dernier appel doit être entendu devant la cour militaire d'Ofer le 20 novembre 2008. Le 14 décembre 2008 la cour commencera à entendre les témoins.
La plaidoirie d'Addameer
Addameer a condamné fermement la punition collective de ces écoliers et leur détention sans preuve suffisante. La Convention des Droits des Enfants institue les principes universellement reconnus et les normes ainsi que les standards minimaux des droits des enfants.
Un des principes fondamentaux de condamnation est que la privation de liberté , si elle est utilisée, devrait seulement être utilisée en dernier ressort et pour la période de temps la plus courte possible (Art. 37(b), CRC). Clairement, ce n'est pas le cas pour ces huit garçons. Il faut attirer l'attention sur le fait que, en accord avec la Convention, chaque enfant sans exception aucune, a le droit de bénéficier de ces standards.
Selon l'ordre militaire 132, les enfants palestiniens âgés de 16 et plus sont traités comme des adultes et sont jugés et punis par les cours militaires comme des adultes. Les ordres militaires israéliens sont appliqués aux enfants palestiniens, même si la législation définit les enfants israéliens comme âgés de moins de 18 ans.
En plus, Addameer en appelle à la communauté internationale pour insister afin que les forces d'occupation israéliennes cessent dès maintenant d'arrêter les jeunes palestiniens dans les Territoires Palestiniens Occupés.
Source : http://electronicintifada.net/
Traduction : MM pour ISM
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