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ISM France - Archives 2001-2021

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Egypte -

Rafah

Par

Je suis arrivé lundi soir, 2 mars, au Caire, j'ai rejoint un groupe de médecins italiens à l'hôpital palestinien, comme ils terminaient leur visite des blessés, et ils étaient tous assez choqués par ce qu'ils avaient vu. On sait tous les horreurs de la guerre, mais quand on voit un enfant sans les yeux, ou dans le coma et le corps ravagé par des armes d'apocalypse (phosphore blanc, DIME, etc), c'est encore plus dur. Je connaissais deux des membres de ce groupe, qui m’a accueilli chaleureusement et proposé d'essayer de passer la frontière avec eux.

Rafah


Mardi 3 a été consacré à «la tournée diplomatique», c’est à dire passer dans les ambassades demander une lettre destinée au poste frontière, et qui dégage les autorités égyptiennes de toute responsabilité s’il nous tombe une bombe israélienne sur la tête. Ça rappellera des choses à ceux qui sont entrés par Eretz au bon vieux temps. Le gouvernement égyptien est à bonne école.

Les italiens ont obtenu leur lettre, ainsi qu’un citoyen suisse faisant partie du groupe. De même que les américains avec qui nous avons fait «équipe». Quant à moi, impossible d’avoir quoi que ce soit, ni à l’ambassade, ni au consulat, ni auprès du responsable de l’humanitaire (Benoît Cathala). Dans l’un de ces bureaux, quelqu’un m’a même conseillé d’aller à Paris, à la cellule de crise du Quai d’Orsay. (Pourquoi pas à Washington ?).

Le mercredi 4, malgré l’inertie, inévitable dans un groupe de 20, nous partons à 8h 30, et nous rejoignons Rafah vers 13h, après avoir passé le Canal de Suez. Je me dis que si nous sommes tous bloqués, ou si les Italiens passent et moi non, j'attendrai la caravane qui devrait arriver ces jours-ci.

Dès Al Arish, la police nous escorte, une voiture devant, une derrière, pour les 45 derniers kms, avec au moins cinq check-points jusqu’à Rafah. Quand on arrive à la frontière, le grand portail est fermé, Khaled, le leader du groupe, parlemente, téléphone, etc.

Rien à faire, il nous faut repartir, on est resté un quart d’heure. Juste le temps d’échanger quelques mots avec trois médecins britanniques, qui sont là depuis dimanche, sans pouvoir rejoindre les hôpitaux gazaouis qui les attendent.

Retour à Al Arish, on voulait aller chez l’habitant, ou au moins dans des petites pensions, mais on finit dans l’hôtel choisi par la police, Funduq Mecca, à 10 $ par tête. C’est pas mal, dommage qu’ils soient en train de tout le repeindre. Ils auraient voulu nous intoxiquer, ils s’y seraient pas pris autrement. Ça grouille de flics, là-dedans, la plupart en civil. Mais tout le monde est très gentil, en particulier le personnel.

En fait dans cette ville, les gens se sentent encore plus proches des Palestiniens et sont encore plus surveillés que dans le reste de l’Egypte. C’est très dur pour eux de ne rien pouvoir faire, ils en apprécient d'autant plus notre présence et notre action. J’en profite pour signaler que c’est aussi grâce à l’attitude hospitalière et généreuse des égyptiens que nous avons gardé le moral, malgré la fatigue et les difficultés provoquées en grande partie par les autorités.

On a eu droit à un super repas, le plus semblable possible à ce qui se mange en Palestine. Rien à voir avec la gastronomie du Caire. Un régal. Un bémol, tout de même, il n’y a toujours pas d’huile d’olive. Un scandale.

Dans cet hôtel, on rencontre un groupe de 8 venant des USA. Doctor S, d’origine iranienne, A et H, palestiniennes exilées, D, L et E journalistes, P « social workeuse » et M, médecin, elle aussi. Ils veulent tenter de passer la frontière, ils partent avec tous leurs bagages en fin d’après midi, je les accompagne, avec trois Italiens, F, E et D. Ce dernier n’a que 20 ans, mais ils sont tous les trois très déterminés.

Arrivés en taxis au poste frontière, l’entrée nous est refusée. Ils ne veulent même pas nous parler anglais, qu’à cela ne tienne, les deux palestiniennes assurent la traduction. Au lieu de partir, nous leur demandons pourquoi ce refus. Et là, commence une négociation, qui se poursuit à l’intérieur du poste frontière.

Nous sommes maintenant en présence des capitaines Mohamed et Mahmad, sur qui Dr S, grand négociateur du cœur, fait une grosse impression. Ils nous offrent le thé, montrent les photos de leurs enfants, et demandent l’avis des médecins pour l’un de ces gosses qui est malade. Ils disent vouloir nous aider mais que les ordres sont formels. Ils finissent par mettre A en contact téléphonique avec un responsable plus haut dans la chaîne de commandement. Quelqu’un de «l’intelligence», comme ils disent.

Ça dure plus de deux heures, nous ne sommes pas tous à l’intérieur. Les Italiens, L, E et D sont restés dehors et doivent trouver le temps long.
Je suis impressionné par l’art de Dr S, qui leur explique qu’il va partout, Afghanistan, Kurdistan, etc. «j’espère que ça n’arrivera pas, mais si un jour le peuple égyptien devait souffrir comme aujourd’hui le peuple palestinien, je viendrais ici en Egypte, comme nous allons aujourd’hui en Palestine.» Les capitaines ont fini par promettre qu’ils feraient le maximum pour nous aider et nous ont congédiés en disant espérer sincèrement que nous passerions le lendemain.

Nous sommes rentrés à Al Arish, en se promettant d’être tous là, les deux groupes au complet, le lendemain matin à 8h tapantes. Le soir, plusieurs réunions, entre groupes et aussi avec des responsables locaux de partis d’opposition. Certains d’entre nous ont vu un stade rempli de containers humanitaires, qui pourrissent en plein soleil. La nuit de sommeil fut très courte, mais sans comparaison avec les suivantes.

Jeudi 5, grand délire du lever-déjeuner-départ ! Malgré le réveil à 7h, je n’ai pas réussi à atteindre Rafah avant 10h, avec Al le Suisse et Fr l’Italien. Les 3 jeunes de Rome étaient déjà là depuis un quart d’heure, mais le reste de la troupe n’est arrivé qu’à partir de midi, et encore, au compte-goutte.

Aux 3 ragazzi arrivés avant nous, a été dit qu’aujourd’hui, ils allaient passer, mais quand ils ont voulu s’approcher du portail, on leur a dit, non ! mangez d’abord, et un déjeuner leur a été offert avec impossibilité de le refuser. Je précise ces détails parce qu’ils illustrent deux questions très importantes (à mon avis). Pour être efficace, pour gagner ce genre de « batailles », il faut être en pleine forme, donc réussir à bien dormir et par ailleurs, être bien organisés, au moins réussir à respecter des horaires.

Nous retrouvons les British Doctors, ainsi que d’autres personnes de la société civile, une palestinienne qui voudrait bien rentrer chez elle à Gaza, après être restée un an en Egypte, une palestinienne de Californie, une allemande qui a déjà brisé le siège en entrant à Gaza avec le premier bateau de Free Gaza Movement, deux jeunes journalistes anglais, etc.

Jusque vers 16h, c’était un peu la foire, tranquille, le thé, le café et les tentatives répétées mais infructueuses d’obtenir l’ouverture de la frontière. Frontière qui n’est pas vraiment fermée, pas pour tout le monde, en tout cas, nous avons vu passer entre 10 et 20 personnes, au cours de la journée. Mais pour nous, c’est hermétiques et chacun perd son énergie à pester qu’on ne puisse pas passer. Et puis soudain nous avons décidé de faire une «occupation» ! de passer la nuit là. De ne plus bouger tant qu’ils nous ouvriraient pas les grilles.

A ce moment-là, tout a changé, chacun s’est activé, qui montait une tente, qui un vélo, qui installait le drapeau palestinien, qui entassait les bagages devant la grille, etc. Les américains téléphonaient aux media alternatifs, les italiens rédigeaient un communiqué de presse :


COMUNICATOSTAMPA

Rafah, 05 marzo 2009

GAZA CHIUSA AGLI AIUTI INTERNAZIONALI
(GAZA fermée aux aides internationales)

Trois jours après le sommet international organisé à Sharm El Sheik, pour l'aide à la population de Gaza, durant lequel on a entendu d'importantes déclarations de la diplomatie en vue de ramener la paix dans la bande de Gaza, diverses délégations médicales et humanitaires sont encore bloquées au poste frontière de Rafah.

Les délégations, venant d'Italie, USA, Grande-Bretagne, France, Allemagne et de Suisse, ont constaté la fermeture totale de la frontière de l'Égypte à Gaza, la poursuite des bombardements israéliens à la frontière elle-même, et l'impossibilité d'apporter l'aide médicale et humanitaire nécessaire à la population palestinienne.
Gaza reste isolée, après plus de 20 mois de siège, martyrisée par trois semaines d'agression militaire israélienne qui a détruit les infrastructures civiles.

Durant des jours les délégations ont tenté en vain de passer le point de passage de Rafah et sont découragées par les autorités égyptiennes et leurs ambassades respectives.
Toutes les délégations, étant donné le refus d'autoriser l'entrée dans les territoires occupés, ont décidé de protester par l'occupation permanente de la place faisant face au point de contrôle.

Adhèrent à cette protestation les délégations suivantes :
Comitato Medici Liguri per Gaza (ITALY)
Urgenza Sanitaria Gaza (ITALY)
Forum Palestina (ITALY)
Gaza Delegation (USA)
Medical International Surgical Team (UK)
Association Medicale Franco Palestinienne (FRANCE)



Peu à peu certains repartent à Al Arish. Qui pour envoyer des messages par internet, chercher des couvertures et de quoi manger. Nous restons sept italiens, trois américains, un suisse et un français. Nous ne sommes qu’une douzaine mais depuis que la décision a été prise, nous fonctionnons avec une telle harmonie, un tel accord, que cela nous donne beaucoup de force. Aucune énergie n’est gaspillée en discussions vaines.

Nous réussissons à parler aux autorités d’une seule voix. Avec calme et même gentillesse, mais une fermeté étonnante. Nous campons sur notre position : nous allons rester ici jusqu’à ce qu’on nous ouvre la frontière et que nous puissions entrer à Gaza.

Pendant plusieurs heures, nous parlementons avec des officiers de plus en plus gradés, mais aussi avec le maire de Rafah et autres personnalités, qui tentent de nous convaincre que nous ne pouvons rester là. Que c’est une zone militaire et aussi pour notre sécurité, etc. Ils font tout leur possible pour nous chasser.

Gentiment, puis moins gentiment, pour finalement nous dire que la police va venir avec ses camions pour nous embarquer. A chaque ultimatum, nous leur disons que nous devons en discuter entre nous et nous prenons tout notre temps pour leur formuler une réponse aussi fantaisiste et irrévocable que leurs propres réponses de l’après-midi (des prétextes fallacieux pour justifier leur refus de nous laisser passer).

Au cours de ces « négociations », pendant une heure ou deux, nous avons entendu une dizaine de bombes israéliennes qui tombaient à 4 ou 500 mètres. Un bruit effroyable, faisant vibrer les vitres du poste de douane, faisant sursauter même les douaniers. On a même vu, malgré la nuit, s’élever un énorme nuage de fumée.

Quand ils nous demandent de démonter la tente, nous avons toujours la même tactique, nous nous réunissons entre nous et nous décidons d’accepter en échange de la possibilité de rester pour la nuit. Et le marché est conclu. Cette tente, comme un igloo pour 4 ou 5, les gênait terriblement depuis qu’elle avait été montée. J’ai même entendu dire qu’ils craignaient qu’on creuse un tunnel dessous. Mais c’était peut-être une plaisanterie.

Le fait de réussir à imposer notre présence, en dépit de toutes leurs manœuvres, nous a semblé une belle victoire, sans que personne, ni nous, ni les policiers, ne comprenne comment cela était possible. Nous étions très fiers d’avoir tenu bon et je n’avais encore jamais passé une nuit aussi bonne en Egypte. Bonne mais sans sommeil ou presque. Il faisait froid et le sol était dur, mais nous étions heureux !

Le lendemain, vendredi 6, ceux qui avaient dormi à Al Arish sont arrivés assez tôt, disons vers 9h ½, 10 h, avec de quoi faire un bon déjeuner. On était content de se retrouver et on pensait pouvoir passer la frontière rapidement, puisqu’on leur avait montré de quel bois on se chauffait. Tu parles ! on a passé tout le jour à remplir des listes, toujours la même liste en fait, mais qu'ils nous redemandaient toutes les 2h, nom, prénom, profession, nationalité…

Le soir, tout le groupe a fini par passer, les 20 italiens, le suisse, les 8 américains et quelques britanniques. Seuls Ed l’allemande, Si, une autre française et moi, avons été bloqués, ainsi que 4 journalistes qui sont passés le lendemain matin.


Samedi 7 :

On apprend qu’un petit convoi arrive à la frontière et on l’y rejoint, Si et moi. SI, qui habite Londres, connaît bien l’un des chauffeurs. Il conduit seul son ambulance qui fait partie d’un convoi de 10 véhicules. Ils étaient plus ou moins avec Galloway, mais eux sont passés par la Turquie, la Syrie et la Jordanie.

On tente de nouveau, Si et moi d’entrer à Gaza à ce moment-là. Téléphone au responsable de l’ambassade, il est en vacances au Yemen, mais on exige de celui qui nous répond de nous faire cette lettre. Il finit par accepter, mais il faut qu’on lui envoie nos identités par fax.
Les gardes frontières ont déjà du souci avec les camions et les ambulances, le responsable s’énerve. Il choisit de laisser entrer tous les véhicules (qui sont arrivés moins de 1/2h avant), puis il nous chasse sans témoin et nous retournons une fois de plus à Al Arish.
Nous les français, ne pouvons pas entrer, mais apparemment nous portons chance à ceux qui sont avec nous. Et nous sommes contents de voir passer tout ce monde. Le blocus n’est plus si total.

Le soir, arrive la Caravane de Galloway, qui s’appelle maintenant Souad Viva Palestina, en hommage à une journaliste morte dans un accident de la route, en rejoignant le convoi, en Libye. Nous sommes aux premières loges, avec Si et Ed qui vient de nous rejoindre. Elle revient du Caire où elle était partie tôt ce matin pour voir si l’ambassade palestinienne pouvait faire quelque chose.

C’est fabuleux de voir arriver plus de 200 véhicules (dont plus de 100 libyens) avec des grands appels de phares et grands coups de klaxons. Des gros camions, des ambulances, des chargements de toutes sortes, des visages radieux ou épuisés. C’est vraiment très émouvant. Nous savons ce qu’ils ont enduré pour arriver jusqu’ici.

Photos, il y a maintenant deux jeunes parisiens issus de la cité d’hiver, ils font un reportage, très pro, lui filme, elle commente. On sympathise, eux non plus n’ont pas réussi à obtenir le papier de l’ambassade, ni au ministère, ni à la cellule de crise. Ils repartent au Caire ce soir, ils acceptent d’emmener Si, qui doit rentrer en Angleterre pour le boulot. Too bad.

Ça dure plus de 4h. Les gens sont dans la rue, de plus en plus nombreux, malgré les menaces qui pèsent sur la population. Attention, quand je dis nombreux, ça ne dépasse pas quelques centaines de personnes. Les enfants tiennent de petits drapeaux palestiniens, tout le monde est heureux, sauf les flics en tenue anti émeute, mais enfin, pour le moment, ils sont pas bien méchants.

Les véhicules sont tous parqués ensemble et gardés par la police. Les chauffeurs sont emmenés dans plusieurs hôtels et y sont enfermés. Les hôtels sont spacieux et agréables, on peut dire de luxe, mais ils n’ont même pas le droit d’aller à la laverie. Certains sont furieux.

A force de chercher, j’ai retrouvé deux de ceux avec qui j’avais sympathisé à Madrid et on était bien content de se retrouver. Les flics et les soldats devant l’hôtel n’ont pas voulu me laisser repartir, c’était pas loin de 2h du mat, mais et alors ? bon je finis par avoir un autre taxi appelé par la réception de l’hôtel.

Je me couche à 2h ½ et à 3h, Julio, le président de Paz Ahora m’appelle au téléphone pour me dire qu’ils arrivent, une bonne dizaine d’espagnols et quelques palestiniens habitant aux Canaries. Je descends en pyjama, je leur raconte, eux aussi, ils attendent toujours de récupérer les containers à Port Said (2 d’entre eux sont restés là-bas), on discute de quoi faire le matin et on va dormir un peu.

PAz Ahora est l’ONG qui a organisé l’étape espagnole. Je les ai donc connu à Madrid, quand je suis allé y rencontrer la caravane le 17 février. Ils ont, à l’époque rassemblé de quoi envoyer par bateau trois containers humanitaires pour Gaza. Ils comptaient les ajouter à la caravane de Galloway.


Dimanche 8 mars :

Avec Julio et son groupe espagnol, nous allons à l’hotel swiss inn, palace magnifique mais tout simple, sur la plage, où est hébergé Galloway et son staff. On les félicite, c’est un beau moment, avec photos, embrassades et petits cadeaux symboliques. Ils nous emmènent avec eux, à la conférence de presse. C’est énorme, sous un chapiteau plus grand que le cirque bouglione, et avec beaucoup de photos de moubarak et de losanges bleus.

Les «grands» s’expriment, politiques égyptiens, libyens et palestiniens, plus évidemment, George, qui fait un beau discours à la fois laudatif et exigeant de l’Egypte un dénouement rapide et le passage aujourd’hui même de toute la Caravane.

Ed est avec nous et elle connaît Yvonne Ridley, la journaliste qui a accompagné la caravane tout le long. Il y a aussi Lauren, la belle sœur de tony blair, tout un tas de monde. Je retrouve dans l’assistance mes meilleurs amis de Madrid (je parle des caravaniers avec qui on a le plus sympathisé).

Ensuite, nous suivons Galloway, qui est escorté par des limousines jusqu’à Rafah. Bref arrêt à la frontière et il entre avec Kevin et une troisième personne, mais nous restons en Egypte, à recommencer le même cirque pour pouvoir passer.

Aujourd’hui, il y a des femmes du monde entier, de tous les pays, y compris du Liban et de Norvège. Il y a aussi des étudiants d’Al Arish, ainsi que leurs professeurs, ils manifestent dans la joie, mais avec les photos des enfants martyrisés à Gaza.
Aljazeera et d’autres télé ont monté leurs paraboles, on voit bien que c’est un jour important.

Et c’est vrai qu’il s’est passé des choses, mais on ne voit toujours pas la caravane. On me dit que les américaines de Pinkcode sont entrées, d’autres aussi. Et, enfin, nous voyons arriver des camions. Qui entrent à Gaza, après un arrêt de quelques minutes au poste frontière. Ce ne sont que des véhicules libyens. Pas un britannique.

Dans la journée, il est quand même entré, disons une trentaine de camions libyens, mais la caravane britannique est restée coincée à Al Arish et il lui est arrivé toutes sortes de malheurs. Comme les caravaniers commençaient à se révolter, ne supportaient plus d’être enfermés, privés de leur liberté, il y a eu quelques échauffourées avec la police. Ils ont même été attaqué par des jeunes non identifiés qui ont lancé des pierres et tagué des inscriptions anti Hamas sur des camions. Du coup la police et l’armée ont encerclé le convoi, « pour le protéger ».

Le convoi qui était toujours garé dans le même parking géant depuis la veille, avec maintenant tous les chauffeurs.

Heureusement, Galloway a réussi à repasser la frontière et n’a plus quitté sa caravane jusqu’à ce qu’ils aient tous passé. Son 4X4, cette fois, est entré à Gaza en dernier. (le lendemain, lundi 9, mais moi, j’étais déjà reparti).

Si je peux, j’écrirai encore, mais je voulais déjà envoyer ça. Pour ceux qui ont le temps, je vous rappelle que beaucoup d’information est donnée sur le site de la caravane : www.vivapalestina.org





Puisque ce compte rendu est rédigé en français, j’en profite pour faire une parenthèse un peu longue au sujet du rôle que joue la représentation diplomatique française en Egypte. Il me semble en effet, que nous, français, devons nous y intéresser de très près, et même (si quelqu’un en a la possibilité), étudier cela d’un point de vue juridique.

Mon intention d’entrer à Gaza ne date pas d’hier et je n’ai pas le temps d’en énumérer les nombreuses raisons. La principale étant, selon moi, le devoir pour tout citoyen de cette planète de tout faire pour rompre ce blocus illégal, immoral et meurtrier. Cette raison doit suffire pour avoir le droit d’aller rendre visite aux Palestiniens, ne serait-ce qu’en tant que représentant de la solidarité des populations du monde.

Cependant, la situation ayant tellement empiré depuis l’agression génocidaire commencée le 27/12/08, qu’un grand nombre de missions humanitaires sont en cours. En particulier la Caravane britannique dirigée par George Galloway, avec ses 110 véhicules, principalement des camions et des ambulances, chargés de plus d’un millions de livres (pounds) de produit humanitaires, est partie le 14 février 2009 pour rejoindre Gaza, en passant par la France, l’Espagne, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte (voir le site www.vivapalestina.org). A ce convoi, se sont ajoutés 110 véhicules libyens, lors du passage dans ce pays.

Je m’étais renseigné pour participer au voyage avec mon véhicule, mais cela n’a pas été possible, car les accords passés avec les pays traversés ne prévoyaient que des passeports britanniques. Il était proposé aux personnes intéressées de rejoindre le convoi en Egypte en prenant un avion pour le Caire. C’est ce que j’ai fait.

De plus, profitant de mon séjour dans ce pays, je devais me renseigner sur les formalités nécessaires à la livraison d’un container français, qui devait débarquer à Port Said, envoyé par l’Association Médicale Franco-Palestinienne et l’association Lire et Guérir.

Enfin, je comptais apporter une petite contribution financière, grâce à une collecte réalisée à Marseille par mes amis.

J’étais donc en contact, depuis mi-février, avec l’ambassade française, à laquelle j’ai demandé plusieurs fois la lettre requise par la douane égyptienne. Mais la réponse a toujours été négative.

La raison principale invoquée étant le fait que la frontière était fermée. Mais, à force d’insister, j’ai eu l’assurance (téléphonique) de la part de M. Cathala, qu’il me l’enverrait directement par fax au poste frontière en cas d’ouverture.

A chaque fois que nous avons pu constater que la frontière n’était pas fermée, je l’ai appelé pour recevoir ce fax. J’ai eu toutes sortes de réponses, lui-même n’était plus là, en vacances au Yemen, paraît-il, etc. Mais bien sûr ni lettre ni fax.

Je pose donc la question, à quoi nous sert d’avoir une ambassade en Egypte si, au lieu d’aider les citoyens français dans leurs démarches, elle s’ingénie à leur compliquer la tâche ?

Dans la mesure où ce blocus est meurtrier, je me demande s’il n’y a pas lieu à porter de cas devant la Cour Internationale de Justice.

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