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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Dialogue de sourds ?

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Lors d'un discours succinct marquant les 41 ans depuis la guerre arabo-israélienne de 1967, le Président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a appelé à un dialogue national large avec le Hamas qui renforcerait l'unité nationale et placerait le peuple palestinien dans une meilleure position pour mettre fin à l'occupation israélienne de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de Jérusalem Est.

"J'appelle à un dialogue national d'ensemble pour appliquer l'initiative yéménite [entre le Fatah et Hamas]... Nous le faisons pour en terminer avec la division nationale qui a causé les pires dommages jamais vus à notre cause et accru le niveau de souffrances de notre peuple à Gaza", a dit Abbas.

"Pour que ce dialogue nationale réussisse, j'agirai aux niveaux arabe et international pour m'assurer du soutien dont nous avons besoin pour accélérer le pas dans un sens qui rétablira l'unité nationale de notre peuple et lui donnera une garantie plus forte pour la restauration de nos droits inaliénables à l'autodétermination, au retour et à un Etat indépendant."

Abbas, qui a rencontré des dirigeants arabes pour hâter cette initiative, a dit qu'il demanderait de nouvelles élections présidentielles et législatives, mais il n'a pas dit si la tenue de ces élections serait conditionnée au résultat heureux du dialogue avec le Hamas ou, bien sûr, à la conclusion d'un accord de paix avec Israël.

Après une brève visite en Egypte lundi, au cours de laquelle il a rencontré le Président Hosni Mubarak, Nabil Amro, l'ambassadeur palestinien au Caire a annoncé le projet que l'Egypte accueille une réunion de toutes les factions palestiniennes.

Le 7 juin, au lendemain du discours d'Abbas, Ismail Haniyeh, premier ministre du gouvernement Hamas évincé, à Gaza, s'est réjoui de l'ouverture d'Abbas et l'a pressé de prendre "des mesures rapides" pour faciliter la tenue d'un dialogue fructueux.

Haniyeh a demandé la libération des prisonniers politiques, la réouverture des bureaux et la réintégration des fonctionnaires virés à cause de leurs appartenances politiques. Il a exhorté Abbas d'ordonner que ses forces de sécurité cessent d'arrêter les partisans du Hamas en Cisjordanie , en signe de bonne volonté. Haniyeh a aussi appelé à la fin immédiate d'une année de guerre de propagande entre le Fatah et le Hamas, et a dit qu'il avait donné aux médias du Hamas à Gaza instructions d'arrêter les attaques contre l'Autorité Palestinienne et le Fatah.

En retour, Nimr Hammad, conseiller en chef et porte-parole d'Abbas, a ordonné la suspension des incitations contre le Hamas "dans l'intérêt de l'unité nationale palestinienne."

Les observateurs palestiniens voient le discours d'Abbas comme la reconnaissance tacite que les discussions de paix avec Israël, soutenues par les USA, ont échoué. Le discours a suggéré qu'Abbas maintenant désespère de même un semblant d'impartialité envers les Palestiniens, en particulier après le discours de George Bush devant la Knesset, au cours duquel il a montré le total engouement de son administration pour Israël.

Mais le discours d'Abbas peut aussi être interprété comme un réflexe défensif pour contrer les décisions récentes d'Israël qui, disent les critiques, soulignent le mépris d'Israël pour le processus de paix tout entier, et parmi ces décisions une nouvelle loi promulguée par le Knesset adoptant Jérusalem, y compris Jérusalem Est arabe, comme capitale éternelle d'Israël et du peuple juif, aussi bien que l'insistance obstinée du gouvernement d'Olmert pour la construction de colonies en Cisjordanie .

Le discours d'Abbas coïncide avec le premier anniversaire du contre-coup d'Etat du Hamas à Gaza et l'échec des efforts israéliens, américains, européens et Fatah pour détruire le gouvernement Hamas par un blocus économique.

Un dirigeant du Fatah a déclaré à Al-Ahram Weekly que l'Autorité Palestinienne à Ramallah avait de plus en plus l'impression que l'Administration Bush la traitait plus comme une "entité collaborationniste" que comme l'autorité nationale représentative du peuple palestinien.

"Je pense que quelques-uns d'entre nous ici ont le sentiment que les USA et Israël ont utilisé la rupture Fatah-Hamas pour placer l'Autorité Palestinienne sous tutelle américano-israélienne et paralyser sa capacité à recouvrer les droits palestiniens. On peut voir le discours d'Abbas comme une sorte de réveil de cette illusion."

Alors que la plupart des Palestiniens ont bien accueilli l'appel d'Abbas pour un dialogue national sans conditions, quelques palestiniens se demandent si la direction de l'Autorité Palestinienne à Ramallah a vraiment la volonté de poursuivre les pourparlers d'une réconciliation réussie avec le Hamas, étant donné sa presque totale dépendance au soutien financier et politique américain.

La Secrétaire d'Etat US Condoleezza Rice aurait fait part à Abbas de ses "inquiétudes" sur tout rapprochement avec le Hamas sans que ce dernier reconnaisse d'abord Israël, renonce à la résistance armée et accepte le processus de paix.

Pendant ce temps, Israël a cette semaine provisoirement paralysé le gouvernement palestinien de Ramallah en gelant le transfert des recettes fiscales, obligeant le gouvernement Fayyad soutenu par les USA à reporter d'une semaine le paiement des salaires de plus de 160.000 fonctionnaires. Un commentateur palestinien a vu ce gel comme un "avertissement sévère " à l'Autorité Palestinienne contre le fait de rétablir des ponts avec le Hamas.

"S'ils décident de couper le paiement des recettes fiscales à l'Autorité Palestinienne, imaginez ce qu'ils feront si le Fatah et le Hamas établissent un gouvernement d'unité nationale", a dit Hani Al-Masri.

Les déclarations d'Amro mardi dernier prévoient déjà les problèmes à venir. Il a dit à des journalistes : "Les USA, les américains et moi ne voulons pas dire que des pressions arabes" aient été exercées sur Abbas pour revenir sur son appel à des discussions directes avec le Hamas.

Entre temps, le chef du bureau politique du Hamas basé à Damas, Khaled Meshaal, a appelé mardi à une réunion entre huit factions palestiniennes, rencontre qui aurait lieu dans la capitale syrienne, la semaine prochaine, "pour renforcer l'unité nationale".

La semaine dernière, la Ministre israélienne des Affaires Etrangères Tzipi Livni a ouvertement mis en garde Abbas contre "un rapprochement avec le Hamas".

"Abbas connaît la position israélienne à cet égard", a dit Livni à la radio nationale israélienne.

Quelques experts pro-Hamas ont officieusement accusé Abbas, dont le mandat se termine dans six mois, de faire de la propagande électorale. Abbas a indiqué en diverses occasions qu'il était proche de la démission et ne se présenterait pas à un second mandat en tant que Président de l'Autorité Palestinienne, déclarations qui ont été considérées comme une pression sur Israël à plus d'engagements dans les pourparlers de paix.

Cette semaine, Ahmed Qurei, numéro deux dans la hiérarchie politique de l'Autorité Palestinienne, a dit à des journalistes que le Fatah était partisan d'élections législatives et présidentielles, et qu'Abbas serait le candidat du Fatah au poste de Président de l'Autorité Palestinienne. La main tendue d'Abbas pourrait bien être une tactique pour placer la direction de l'Autorité Palestinienne dans une position avantageuse vis-à-vis des élections.

Beaucoup de partisans du Hamas ne sont pas prêts à donner à Abbas le bénéfice du doute. Ils soutiennent que son discours est un geste préemptif, annonciateur d'une invasion à grande échelle de Gaza. Dans ce cas, selon cet argument, Abbas pourra nier toute collusion ou connivence avec Israël en rappelant son appel au rapprochement avec le mouvement islamique.

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