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Grande Bretagne - 8 février 2009
Par Tomasz Pierscionek
Le célèbre film de science fiction The Matrix (La Matrice) raconte que le monde moderne, tel qu’il est perçu par l'humanité, est en fait une réalité virtuelle. Cette simulation générée par ordinateur, connue sous le nom de 'Matrice', a été créée par des machines qui possèdent une intelligence artificielle, avec des gens qui visualisent, ressentent et interagissent avec le 'monde' tel qu’ils le voient. En vérité, presque tout le monde existe réellement dans un état de sommeil, relié au même ordinateur qui a construit la "réalité" des gens.
Alors que l'humanité rêve de son parcours dans la vie, les ordinateurs auxquels ils sont connectés récoltent la chaleur et l’énergie du corps humain afin de fonctionner eux-mêmes. Les gens sont nés dans des gousses et lorsque leur énergie vitale est totalement absorbée, ils sont débranchés et meurent dans le monde réel et dans le monde virtuel.
Le personnage principal et, finalement, héros du film, qui travaille comme programmeur dans ce qu'il estime être le vrai monde, se hasarde parmi un groupe d'individus qui ont réussi à se déconnecter de cette fausse réalité. Ils résistent aux machines en entrant dans la Matrice et en essayant de secourir ceux qui y sont encore reliés.
Après une rencontre avec un dirigeant de la résistance, notre protagoniste est confronté à un choix: face de lui, il y a deux pilules - une rouge et une bleue. Il peut avaler l'une ou l'autre. S'il choisit de prendre la pilule bleue - il va se «réveiller» dans son propre lit, à l'intérieur de la réalité virtuelle dans laquelle il vit sa vie, en attribuant la dite rencontre à un mauvais rêve. S’il prend la pilule rouge, il sera réveillé pour de vrai et verra la froide réalité de la façon dont le monde fonctionne. Notre personnage prend la pilule rouge, se joint à la résistance et mène la lutte contre les machines qui ont tout réduit à l’esclavage, sauf une petite minorité de la race humaine.
On peut établir certains parallèles entre ce travail de fiction et la façon dont une proportion importante de personnes, en particulier ceux qui vivent dans les pays plus riches, perçoivent et interprètent le monde qui les entoure. Toutefois, nous n’avons pas besoin d’utiliser la matrice pour nous créer une fausse impression de la réalité, les grands médias et les politiciens font le travail plus que correctement.
Un exemple classique est la façon dont les dirigeants des deux côtés de l'Atlantique, avec le soutien d’une partie des grands médias ont présenté la cause de la guerre contre l'Irak. Dans la «réalité» qui a été habilement façonnée pour nous, Saddam était prêt à utiliser ses armes de destruction massive à l’effet dévastateur. Nous avons été bombardés d'informations pour nous rendre plus réceptifs à l'idée que si nous ne n’envahissions pas l'Irak et ne renversions pas Saddam Hussein, nous courrions à notre propre perte.
On nous a dit que nous faisions le bon choix en l’envahissant et que les Irakiens nous accueilleraient comme des libérateurs. Quelques semaines avant l'invasion, l'ancien secrétaire américain de la défense Donald Rumsfeld a déclaré que la guerre pourrait durer six jours, six semaines. Je doute que cela dure six mois.
Peu de temps après, en Mai 2003, nous avons été informés par George Bush que le statu quo était «Mission accomplie ». Toutefois, au cours des mois et années suivants, alors que la réalité commençait à s’entrevoir, on nous a sans cesse rappelé l'importance de lutter dans une guerre mondiale contre le terrorisme.
En avril 2006, un rapport exprimant l'opinion séparée de seize agences de renseignement américaines a été publié, intitulé «Tendances dans le Terrorisme Mondial : Implications pour les Etats-Unis ». Le rapport révèle que, loin de vaincre le radicalisme islamique, la guerre en Irak a conduit à sa propagation à travers le monde.
Après plus d'un million de morts irakiens, et plus de 4.500 morts parmi les troupes de la coalition, un accord a été signé entre les gouvernements américain et irakien pour le retrait du pays des troupes de combat américaines d'ici le 31 Décembre 2011. Toutefois, quant à la reconstruction de l'infrastructure de l'Irak ou à la guérison de la cicatrice d'une génération de jeunes Irakiens dont la familiarisation avec la violence a marqué leurs esprits au fer rouge, le processus prendra un peu plus longtemps.
Les troupes américaines qui vont être retirées d'Irak pourraient bien se retrouver en Afghanistan, une fois de plus à se battre dans la «guerre contre le terrorisme», comme elle a été baptisée par ses orchestrateurs.
Si Gordon Brown fait son travail, nos propres troupes les rejoindront dans une guerre que le propre ambassadeur de Grande-Bretagne en Afghanistan, Sir Sherard Cowper Coles, pense qu’elle est vouée à l'échec.
Grâce à un communiqué qui a été divulgué et dont le contenu est tombé dans le domaine public à la fin de l'année dernière, il a fait savoir qu'il considérait ''la présence de la coalition, en particulier sa présence militaire, comme faisant partie du problème, et non de sa solution".
Le Brigadier Mark Carleton-Smith, le haut commandant britannique en Afghanistan, estime que nous, le public, ne devrions pas anticiper une "victoire militaire décisive», mais que nous devrions nous préparer à un accord avec les Taliban.
Pour ceux qui se demandent comment la guerre en Afghanistan pourrait se terminer, il suffit d’observer encore une fois les commentaires de l'ambassadeur. La proposition de Sir Cowper-Coles est que le pays ''devrait être gouverné par un dictateur acceptable». Il a ajouté : "Nous devons penser à préparer nos opinions publiques 'à une telle éventualité'".
Une fois de plus, il semble que le partenariat entre la presse traditionnelle et un homme politique médiocre a du pain sur la planche. Nous devrions surveiller cela de près.
Au sujet des récents événements survenus dans la bande de Gaza, nous avons vu une fois de plus que la vérité est la première victime de la guerre. L'idée d'un Israël réticent devant se défendre lui-même a été une nouvelle fois invoquée, tout en suggérant qu’Israël tentait de faire de son mieux pour éviter les cibles civiles.
Outre le fait que la bande de Gaza assiégée est l'une des zones les plus densément peuplées de la planète, avec une densité de population de plus de 4000 personnes par kilomètre carré, la preuve de l'utilisation du phosphore blanc, qui provoque des brûlures chimiques, est en train d'émerger.
Des médecins qui travaillent dans la bande de Gaza pensent également qu’en raison des blessures qu’ils ont observées, Israël a utilisé une arme appelée DIME (Dense Inert Metal Explosive) pendant les 22 jours de conflit.
On dit que DIME crée une puissante vague de pression concentrée qui met en pièces toute personne qui a la malchance de se trouver à proximité de l'explosion. Pensez aussi aux centaines de civils palestiniens qui ont perdu la vie car ils avaient la malchance d'être coincés au mauvais endroit au mauvais moment, incapables de quitter la bande de Gaza pendant le conflit.
D’autres éléments de la réalité du conflit à Gaza ont été obscurcis par le brouillard de la guerre. Sans doute qu’en temps utiles, une partie de la vérité émergera de derrière les blocus mis en place par ceux qui souhaitent que la réalité de ce qui s'est passé à Gaza disparaisse de l'actualité et, ensuite, de l'histoire.
Toutefois, il est vraiment encourageant de voir un nombre important de personnes, en Grande-Bretagne et à l'étranger, de toutes franges et positions dans la société, qui condamnent le massacre qui a eu lieu dans la bande de Gaza et demandent à nos élus de dénoncer les actions de l'armée israélienne dans la bande de Gaza et réclamer justice pour les Palestiniens.
Heureusement il y a aussi des individus, des journalistes honnêtes, des politiciens au franc-parler et d'autres, qui chercheront à ôter le rideau de fumée mis en place pour nous faire voir le monde à travers les yeux des individus qui le gouvernent. Qu'il s'agisse de la guerre en Irak, le conflit dans la bande de Gaza ou de tout exemple d'injustice dans le monde, ces personnes courageuses risquent le mépris des maitres et des puissants pour faire leur devoir d'exposer les mensonges qui obscurcissent la réalité. On n'a pas besoin de réfléchir longtemps pour que certains noms viennent à l'esprit.
La Matrice qui définit la façon dont le monde nous est représenté peut être brisée et les masses peuvent être réveillées de leur sommeil pour qu’elles se rendent compte de la situation désespérée des êtres humains souffrant de l'injustice dans le monde et qu’elles fassent preuve de solidarité avec ces personnes. Toutefois, interpréter le monde autour de nous n'est que la première étape : le véritable défi consiste à le changer.
Source : http://www.londonprogressivejournal.com
Traduction : MG pour ISM
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