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Palestine -

Tolérance, égalité, justice et liberté : Une interview du prisonnier Nasser Odeh

Par

Interview publié par le « Palestine Report Online » le 20 aout 2003 du prisonnier palestinien Nasser Odeh qui a terminé il y a peu une thèse de doctorat sur la tolérance islamique à l’égard des non-musulmans dans la société islamique.. Il est le premier Palestinien à obtenir un PhD (doctorat en philosophie) en tant que détenu dans une prison israélienne.

Est-ce que l’occupation de la Palestine, c’est la tolérance ? La tolérance dans la philosophie islamique ne veut pas dire que nous devions accepter d’être humiliés. La tolérance, ça veut dire de pardonner quand c’est possible. Si, en Israël, la loi islamique avait cours, ils ne commettraient un pour cent des crimes qu’ils commettent contre les Palestiniens aujourd’hui. Quand on relit l’histoire, au cours des conquêtes islamiques les minorités locales ont pu s’entendre avec la plus grande compassion et la plus grande tolérance. Même les historiens européens le reconnaissent.

PA : C’est la première fois qu’une thèse de doctorat est soutenu de l’intérieur d’une prison israélienne. Comment le ressentez-vous ?

Odeh : J’en suis très fier, bien que je pense que c’est seulement une réussie personnelle, mais celle aussi de tous mes camarades emprisonnés dans les prisons israéliennes.


PA : Comment vous êtes-vous arrangés pour communiquer avec l’université Arabe-Américaine ? (Odeh a obtenu son diplôme à l’Université ouverte arabe-américaine de Washington)

Odeh : D’abord,j’ai entendu parler de l’université dans un magazine et en 1997, j’ai commencé à correspondre avec eux depuis la prison d’Askhelon. J’ai envoyé ma demande d’inscription et elle a été acceptée dans le courant de l’année.
L’administration de la prison Askhelon n’autorisait pas qu’on fasse des études en dehors des universités hébraïques.
Quand ils ont découvert que j’étais en contact avec une université Arabe-Américaine, ils ont intercepté toute ma correspondance et m’ont confisqué toutes les lettres de cette université.

Cela quand j’ai commencé à faire venir clandestinement des papiers de l’université, en les cachant la plupart du temps sous des papiers de l’université hébraïque. Heureusement, je n’ai jamais été pris, même durant les fouilles surprises de nos cellules. Ce qui avait lieu une fois par semaine.
Parfois ils ont trouvé des papiers mais ils ont supposé qu’ils provenaient de l’université hébraïque. Si jamais ils avaient pigé, je n’aurais pas pu aller jusqu’au bout.
En tout, je me suis arrangé pour faire entrer dans la prison environ 3500 pages sans que les autorités ne s’en aperçoivent ;

J’ai mis cinq ans à finir ma thèse : c’était la course contre la montre en permanence parce que je voulais la finir avant qu’il n’arrive quelque chose et tout pouvait arriver. Une petite erreur ou un imprévu aurait suffi à tuer mon projet. Quand j’ai eu fini ma thèse, je l’ai fait sortir clandestinement de la prison où je l’avais fait taper. Une fois ma thèse arrivée à bon port, sans encombre, je me suis senti complètement soulagé.

Seulement je devais soutenir ma thèse, et je ne pouvais le faire sans l’aide des autorités. Je suis allé les trouver avec une requête officielle. Je leur ai dit que je finissais d’écrire ma thèse et devais la soutenir ce qui exigeait que le comité d’examen se réunisse dans la prison. Je leur ai expliqué le sujet de ma thèse et je leur ai fait valoir qu’elle pourrait les intéresser.
Ils n’ont pas eu l’air intéressé. Mais ils ont voulu savoir comment j’avais fait pour étudier, rédiger ma thèse et la faire sortir de prison. Ils m’ont dit que ce que j’avais fait était illégal et qu’ils rejetaient ma demande.

Tout est resté en attente, jusqu’à ce que, il y a environ dix jours, on me transfère de la prison d’Ashkelon à celle de Megiddo pour y passer les deux annéess qui me restaient de ma peine (sur 12). A la prison de Meggido, on peut plus facilement que dans les autres prisons se débrouiller pour trouver un téléphone portable. J’ai pu téléphoner à l’université , expliquer ma situation, et demander s’il était possible de soutenir ma thèse par téléphone.Ils ont accepté et ont autorisé le comité d’examen de l’université de Al Najah à Naplouse à écouter ma soutenance.


PA : Quelles conclusions tirez-vous de votre thèse, et votre thèse vous a-t-elle permis de parler avec les membres d’autres religions et factions en prison ?

Odeh : Je pense que la théorie de la tolérance islamique à l’égard des non-Musulmans dans la société islamiste est un problème très important, et mes conclusions sont nettes : toute interaction entre les Musulmans et les non-musulmans dans la société islamique devrait se baser sur la tolérance, l’égalité, la justice et la liberté.

La grande majorité des prisonniers, ici, sont Musulmans. Je n’ai eu qu’à prendre contact avec cinq prisonniers Chrétiens et mes relations avec eux ont toujours été excellentes. En ce qui concerne les factions, il y a une atmosphère complète de respect pour l’autre.


PA : Les médias israéliens et l’opinion publique considèrent que les opérations palestiniennes contre les cibles israéliennes sont du terrorisme. D’un point de vue islamique comment répondez-vous à cette accusation ?

Odeh : D’abord, ils occupent notre terre et y sont parvenus par des méthodes qui, selon la loi internationale et la foi islamique ne peuvent que se décrire comme terroristes et de la pire sorte. Les gens, dans leurs maisons et sur leur terre sont occupés par un ennemi qui démolit leurs maisons, détruit leur terre et tuent leurs femmes et leurs enfants. Personne n’est en sécurit et personne ne se sent en sécurité. Voilà le vrai terrorisme.

Est-ce que l’occupation de la Palestine, c’est la tolérance ? La tolérance dans la philosophie islamique ne veut pas dire que nous devions accepter d’être humiliés. La tolérance, ça veut dire de pardonner quand c’est possible. Si, en Israël, la loi islamique avait cours, ils ne commettraient un pour cent des crimes qu’ils commettent contre les Palestiniens aujourd’hui. Quand on relit l’histoire, au cours des conquêtes islamiques les minorités locales ont pu s’entendre avec la plus grande compassion et la plus grande tolérance. Même les historiens européens le reconnaissent.

Et puis, certaines opérations qui ont lieu aujourd’hui et qu’ils décrètent terroristes ne sont pas d’origine islamique.Ce n’est pas un concept islamique que de se faire sauter au milieu de civils en Israël par exemple. C’est quelque chose qui ne doit pas arriver. C’est ce qu’on peut appeler l’arme des faibles ; c’est une arme qui sert quand les peuples n’ont aucun autre moyen de se défendre, eux, leurs familles, leur terre et leur honneur.


PA : Pourquoi avez-vous été arrêté et que diriez-vous aux autres prisonniers palestiniens qui purgent une longue peine ?

Odeh : J’ai été arrêté pour avoir résisté à l’occupation et avoir appartenu aux Brigades Izeddin Al Quassam (l’aile armée du Hamas)

En ce qui concerne mes frères en prison, tout ce que je peux dire, c’est que je sais à quel point ils souffrent et ce qu’ils endurent. Ce que j’ai fait en prison, je l’ai fait avec la détermination la plus résolue. Ils peuvent faire pareil.``

Source : www.palestinereport.org

Traduction : CS pour ISM-France

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