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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Le Fatah aux prises avec la plus grave crise de son histoire

Par

Des dirigeants du Fatah ont accusé le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas et ses alliés de chercher à « démanteler » et à « désintégrer » le mouvement pour faciliter « la liquidation » de la cause palestinienne. Certains d’entre eux ont été jusqu’à dire que l’organisation Fatah qu’Abbas essayait de reconstruire était « plus proche de Netanyahu que du peuple palestinien et de sa lutte pour la liberté et l’indépendance. »

Selon des sources Fatah en Cisjordanie , Abbas a pris des mesures pour maintenir ses partisans et alliés à des « postes sensibles », tout en « isolant ses opposants. »

Les sources ont listé un certain nombre de démarches faites récemment par Abbas, dont sa décision de réunir le 6ème Congrès du mouvement à Bethléem, en dépit de l’opposition acharnée de la majeure partie des dirigeants Fatah, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Palestine.

De plus, Abbas aurait donné le feu vert à la formation d’un « comité secret » comprenant quelques-uns de ses principaux fidèles et confidents, des gens comme Hussein al-Sheikh, Muhammed Dahlan et Hakam Balaawi, dont la tâche principale sera de consolider le contrôle des directions locales, régionales et nationales du Fatah.

Le 6ème Congrès

La convocation du 6ème Congrès du Fatah, qui aurait dû avoir lieu il y a longtemps, a été le point de friction qui a érodé le moindre semblant d’unité interne qui pouvait lui rester.

La dernière fois que la Fatah a tenu une convention générale fut en 1989 à Alger, ce qui veut dire que le mouvement n’a depuis lors subi aucun renouvellement.

Ce fait seul a généré indignation et désillusion, non seulement dans les rangs du Fatah lui-même mais aussi parmi le peuple palestinien tout entier.

La semaine dernière, le dirigeant Fatah Qaddura Fares a été cité pour avoir dit : « Quelle sorte de mouvement démocratique est celui qui n’a pas tenu d’élections depuis 20 ans ? » Fares est un proche du Fatah emprisonné Marwal al-Barghouthi, opposant clé de la « ligne du compromis » d’Abbas.

Il y a quelques mois, le leader en chef du Fatah a décidé de créer un « comité préparatoire » pour préparer la 6ème Conférence. Le comité, aux réunions longues et intenses, s’est vu confier la tâche de préparer le calendrier de la conférence, de choisir les participants ainsi qu’une salle qui pouvait accueillir un événement important.

Toutefois, après plusieurs semaines de délibérations souvent houleuses et de débats enflammés, le comité n’a pas réussi à se mettre d’accord sur les points les plus controversés.

Entre temps, les opposants au sein du Fatah se sont accusés les uns les autres de manipuler les délibérations du comité préparatoire en usant de tactiques non démocratiques et immorales, comme d’ « imposer des délégués » dans le but de prédéterminer le résultat de la conférence.

Il est même arrivé que les débats souvent chauds se transforment en insultes, noms d’oiseaux et même coups de poing.

Finalement, Abbas, exaspéré par le refus du comité de suivre ses instructions et d’entériner ses nominations, a décidé de le dissoudre et de révoquer toutes ses décisions. La démarche a rendu furieux les membres du comité, dont des personnalités historiques comme Farouk al Qaddumi, Muhammed Jihad, et Abu Rateb Ghneim.

De plus, Abbas a décidé, de façon plutôt unilatérale et tout seul, que le congrès du Fatah aurait lieu à Bethléem le 1er juillet, contre les vœux de beaucoup à l’intérieur du Fatah. Ceci a été confirmé plus tard par Hussein al-Sheikh, le chef du département des affaires civiles, en charge de la coordination avec Israël, qui a été cité par l’Agence de Presse pro-establishment Ma’an : « La conférence aura lieu à Bethléem à la date prescrite. »

Al-Sheikh a précisé qu’Israël avait autorisé Qaddumi, Ghneim et Muhammed Jihad à aller en Cisjordanie pour participer à la conférence.

Opposition acharnée

Reprochant à Abbas de se livrer à un « autoritarisme et à un unilatéralisme injustifiés », les dirigeants du Fatah opposés à la « ligne politique » du Président l’ont accusé de « faire que le Fatah et la cause palestinienne toute entière soient otages des caprices d’une personne connue sous le nom de Salam Fayyad, » le premier ministre du régime basé à Ramallah.

Muhammed Jihad, éminent leader Fatah installé dans la capitale jordanienne, a accusé Abbas de « donner au Fatah le coup de grâce » (litt. « Tirer la balle fatale dans le cercueil du Fatah. »)

Il a aussi fustigé la formation du nouveau gouvernement à Ramallah et a salué les dirigeants Fatah qui avaient refusé de le rejoindre, leur demandant d’ « être vigilants pour faire face aux conspirations planifiées contre la cause palestinienne. »

Qaddumi : Non à la conférence à Bethléem

Entre temps, Qaddumi, largement considéré comme le numéro 2 du Fatah, a réitéré son opposition féroce à la tenue de la 6ème conférence en Palestine occupée, arguant qu’il était inutile et absurde de tenir la convention du Fatah à l’ombre des chars israéliens.

Lors d’un entretien avec le magazine “al-Kefah al Arabi” (“Lutte arabe”) le 22 mai, Qaddumi a fustigé Abbas pour abus d’autorité, disant que le Comité préparatoire, qui émanait du Comité exécutif du Fatah, possédait l’autorité exclusive pour déterminer la date et le lieu de la Conférence.

Interrogé sur comment il réagirait et sur ce qu’il ferait si Abbas poursuivait son projet de tenir la Conférence à Bethléem, Qaddumi a dit : « Ce serait inconstitutionnel. »

« Le point important est que le Comité préparatoire a décidé de réunir la Conférence à l’extérieur de la Palestine puisque sa tenue à l’intérieur de la Palestine occupée, à l’ombre des fusils israéliens, saperait gravement sa capacité à prendre des décisions incompatibles avec les intérêts israéliens. Il n’y a tout simplement aucune sécurité et aucune garantie que ceux qui devraient participer à la Conférence soient autorisés à le faire. Pour toutes ces raisons, nous craignons que les délibérations de la Conférence subissent des interférences israéliennes. Tenir la Conférence en Cisjordanie , sous occupation israélienne, serait illégitime et inacceptable. »

Qaddumi a reproché à Abbas d’avoir refusé de rencontrer le comité exécutif du Fatah à l’extérieur de la Palestine occupée, disant que « cette sorte de conduite était totalement inacceptable. »

Enfin, Qaddumi a éreinté la formation du nouveau gouvernement palestinien à Ramallah, le qualifiant d’ « inutile ».

« Ma préoccupation centrale est de se débarrasser de l’occupation israélienne. C’est la tâche principale. Comme l’Autorité Palestinienne, c’est une des expressions de l’accord d’Oslo, un processus visant à anesthésier et à distraire le peuple palestinien pour permettre à Israël de créer des faits accomplis et de consolider le siège économique de notre peuple. »

Néanmoins, l’opposition de Qaddumi à la tenue de la Conférence Fatah en Cisjordanie , plutôt qu’à l’étranger, semble avoir principalement pour cause ses craintes légitimes qu’Abbas manipule la conférence en sa faveur.

Des sources proches de Qaddumi ont dit au Centre Palestinien d’Information que le leader palestinien était « inquiet qu’Israël empêche les opposants d’Abbas de se rendre à la Conférence, » ce qui permettrait au président de l’AP d’affirmer qu’une majorité au sein du Fatah était résolument derrière lui.

Lignes opposées

La crise interne au Fatah n’est en aucun cas un phénomène nouveau. Une intense lutte de pouvoir entre les « pragmatiques » et les « patriotes » a toujours existé dans un mouvement qualifié quelquefois de « supermarché des idées ». Cependant, pendant le règne de Yasser Arafat, les « différences » étaient plus ou moins sous contrôle, grâce à la personnalité charismatique de feu le leader palestinien.

Aujourd’hui, avec Abbas, le chef des « pragmatiques », à la barre du Fatah, et soutenu par Israël, l’Ouest et les régimes arabes marionnettes américaines, la lutte pour le pouvoir remonte à la surface et met gravement en danger tout semblant d’unité que le mouvement pourrait encore avoir.

Mais les questions de controverses vont bien au-delà des questions de personnes.

Abbas voudrait coûte que coûte « parvenir à un accord » avec Israël, quel qu’en soit le prix, quelles qu’en soient les conséquences, et dans sa recherche d’un « règlement rapide », le leader de l’AP pourrait bien être d’accord pour sacrifier le primordial droit au retour et accepter l’annexion par Israël de la presque moitié de Jérusalem Est, contre un échange de terre ailleurs.

Pour se protéger de la colère palestinienne et arabe prévisible sur la liquidation de la cause palestinienne, le responsable de l’AP chercherait un parapluie arabe et islamique pour donner l’impression que le « règlement » jouit d’un consensus palestinien, arabe et musulman.

D’un autre côté, d’autres dirigeants Fatah, qui ont de l’envergure mais manquent de ressources financières, et en particulier du soutien occidental, insistent sur la défense des constantes palestiniennes, c’est-à-dire le retrait total israélien de tous les territoires occupés en 1967, le rapatriement de tous les réfugiés palestiniens déracinés de leurs maisons en 1948 et la création d’un Etat palestinien viable et territorialement contigu avec Jérusalem Est comme capitale.

Source : Palestine Info

Traduction : MR pour ISM

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