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Palestine - 27 juillet 2007
Par Khaled Amayreh
Alors que la guerre des mots entre le Hamas et le Fatah se poursuit, le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, semble déterminé à organiser des élections présidentielles et législatives dans les Territoires Occupés, avec ou sans la participation du Hamas.
La semaine dernière, Abbas a réussi à convoquer le Conseil central de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Ramallah dans un effort évident pour obliger le conseil à approuver ses récentes mesures contre le Hamas suite à la prise de contrôle de Gaza par ce dernier le 14 juin
Le conseil non élu (et vieillissant), qui agit en tant que sorte de Politburo d'OLP, a approuvé les initiatives anti-Hamas, y compris la destitution du gouvernement dirigé par le Hamas, la nomination du gouvernement de Salam Fayyad à Ramallah, ainsi que l'appel d'Abbas pour des élections générales anticipées.
Cependant, il est évident que les recommandations du conseil ont été moins que décisives, ce qui peut refléter un certain espoir de la part des conseillers qu'un rapprochement entre le Hamas et le Fatah reste possible.
Mais Abbas, au moins en apparence, n'a pas semblé avoir envie d'admettre même l'idée d'un modus vivendi avec le Hamas, au moins dans un avenir prévisible.
Dans son discours devant le conseil, Abbas a utilisé une phraséologie au vitriol contre le Hamas, en se référrant à eux comme "colporteurs de coup d'état sanglant et criminel qui se sont levés contre une légitimité palestinienne."
Abbas s'est également référé aux responsables du Hamas comme, "la personne connue sous le nom d'Ismail Haniyeh" et "la personne connue sous le nom de Khaled Meshaal".
Dans le lexique palestinien, de telles expressions sont utilisées pour décrire des criminels de droit commun et des collaborateurs.
Les collaborateurs d'Abbas ont utilisé un langage encore plus excessif en se référant au Hamas, en soulignant un rejet inflexible de toute réconciliation du Fatah avec le mouvement islamique, indépendamment des dégâts que ce rejet causera à la lutte nationale palestinienne
"Au Hamas, ils se sont interdits eux-même d'être des membres de l'OLP, nous n'aurons désormais plus aucune relation avec eux. Ils ont coupé tout lien avec le Fatah, nous ne voulons pas avoir de dialogue avec eux," a déclaré Nabil Amr, un proche collaborateur d'Abbas, dans une interview la semaine dernière avec le quotidien pro-américain basé à Londres, Al-Hayat.
Amr est allé jusqu'à dire que le Fatah "récupérerait" Gaza dans les "semaines ou mois à venir", mais il n'a pas donné de détails quant à la façon dont cela se produirait ou si Israël ferait le travail au nom de Fatah.
Amr, un ancien ministre de l'Information de l'Autorité palestinienne, qui, selon la rumeur, avait demandé il y a quelques années des fonds et un soutien politique pour combattre le Hamas à des cercles pro-israéliens à Washington, est allé jusqu'à accuser le Hamas d'abriter et d'héberger Al-Qaeda, une accusation qui semble exempte de toute crédibilité.
Amr avait échappé de peu à une tentative d'assassinat par des loyalistes de Yasser Arafat le 20 juillet 2004. Il a été gravement blessé et sa jambe droite a dû être amputée.
Les porte-parole du Hamas ont répondu aux accusations d'Amr, en le traitant d'"agent de l'Amérique et d'Israël plein de bonne volonté qui voudrait voir les avions de guerre américains et israéliens réduire Gaza à un tas de gravats."
Pendant ce temps, la paralysie de fait du Conseil Législatif Palestinien a été renforcée cette semaine quand le Fatah a boycotté une session qui était censée donner au gouvernement de Fayyad soutenu par le Fatah, surnommé maintenant "gouvernement intérimaire", un vote de confiance.
Le conseil a cherché à se réunir deux fois ces dernières semaines mais les boycotts alternés du Fatah et du Hamas ont empêché la formation d'un quorum.
La crise est aggravée par l'incarcération continue de plus de 40 députés palestiniens détenus par Israël en attendant la libération par les combattants de la résistance palestinienne d'un soldat israélien capturé à Gaza il y a un an.
Israël, qui voit la scission entre le Fatah et le Hamas comme un avantage stratégique qui devrait être utilisé pleinement, refuse de libérer les députés, en citant leur affiliation avec "une organisation illégale".
De son côté, le Fatah espère que la paralysie continue du Conseil Législatif, en raison de l'incarcération des députés du Hamas en Israël ou des exploits du Hamas et du Fatah, ne laissera à Abbas pas d'autre choix que d'organiser des élections générales que le Fatah espère gagner.
Cependant, la route vers les élections sera remplie d'obstacles légaux, politiques et pratiques. En plus de mettre à l'écart le parlement palestinien, ce qui est manifestement illégal conformément à la Loi Fondamentale Palestinienne, l'organisation d'élections présidentielles et législatives pourrait bien être impossible, en particulier dans la Bande de Gaza contrôlée par le Hamas où sont basés près de 40% des électeurs palestiniens.
D'ailleurs, même en Cisjordanie que le Fatah contrôle principalement en raison d'un arrangement consensuel avec l'occupation israélienne, un boycott du Hamas, du Jihad Islamique et probablement de quelques organisations de Gauche pourraient rendre nuls et non avenus les éventuels scrutins.
Quelques responsables du Fatah, comme le clairement anti-Hamas, Azzam Al-Ahmed, pensent qu'il y a un moyen d'éviter des obstacles probables en tenant des élections progressivement.
Cependant, il serait difficile de traduire une telle possibilité en réalité puisque le Fatah projette d'amender la loi électorale actuelle dans laquelle l'ensemble des Territoires Occupés, y compris la Cisjordanie , Jérusalem-Est et la Bande de Gaza, sera considéré comme un seul corps électoral.
Le Fatah espère que le système de représentation à la proportionnelle proposé fonctionnerait à l'avantage du mouvement puisque le Fatah disputerait l'élection avec une seul liste nationale, contrairement à la myriade d'indépendants affiliés au Fatah et de listes de candidats régionaux en concurrence qui ont disputé les élections de 2006 quand le mouvement a perdu.
Le Fatah pourrait bien découvrir que la direction des vents n'est aussi favorable ; que ses perspectives ne sont pas aussi prometteuses.
Aujourd'hui, le Fatah est un mouvement divisé. Et bien qu'Abbas et son cercle proche de conseillers et de parasites puissent bénéficier d'une approbation internationale, ils ne sont pas aussi facilement acceptés par les simples soldats du mouvement, en particulier par la base.
En effet, il y a une grande partie du Fatah – des gens qui soutiennent des anciens responsables du Fatah tels que Marwan Barghouti, Jebril Rajoub, Hani Al-Hasan, Farouk Al-Qaddumi -- qui ne sont pas enthousiastes au sujet de la direction prise par Abbas.
Il y a deux raisons principales à leur scepticisme.
D'abord, le rejet du dialogue d'Abbas avec le Hamas peut être un choix facile et attrayant à court terme, mais à long-term, une telle ligne de conduite pourrait causer des dégâts incalculables au Fatah lui-même et à la lutte palestinienne dans son ensemble.
En second lieu, il y a beaucoup de gens au Fatah qui croient que la décision d'Abbas "de placer tous les oeufs du Fatah dans le panier Américano-Israélien" est périlleuse et potentiellement désastreuse.
Beaucoup sentent, et probablement qu'Abbas lui-même le comprend, que tout brin de succès que le président du Fatah pourra obtenir dépend d'abord de la "bonne volonté" d'Israël (peu importe ce que cela signifie), et en second lieu de la volonté de l'administration Bush à faire pression sur Israël pour donner Abbas "des accomplissements sur le terrain", comme le démantèlement des colonies et du soi-disant mur de séparation.
Ceci semble être une perspective très lointaine, c'est le moins que l'on puisse dire. D'où la précarité de la position d'Abbas.
La semaine dernière, Israël a cherché "à renforcer Abbas face au Hamas" en libérant environ 250 prisonniers du Fatah.
Cependant, au lieu de renforcer Abbas, le "geste" israélien l'a réellement embarrassé puisque cela a été vu comme un pot-de-vin pris aux dépens des environ 11.000 prisonniers Palestiniens languissant dans les prisons et les camps israéliens, y compris aux dépens des quatre milliers de prisonniers qui sont membres du Fatah.
"Nous ne sommes pas des enfants qui peuvent être embobinés et pacifiés par de petits gestes idiots d'Israël ou de l'Amérique", a déclaré Mohamed Amr, un parent de l'un des prisonniers libérés le 20 juillet.
"Nous voulons une chose, nous voulons la fin de cette occupation du type Nazie. Rien d'autre ne fonctionnera. C'est notre message à Abbas, à Olmert, à Blair (le nouveau représentant du quartet international), et à tous ceux qui peuvent être concernés."
Source : http://weekly.ahram.org.eg/
Traduction : MG pour ISM
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