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ISM France - Archives 2001-2021

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USA -

Noam Chomsky, un héraut d’Israël ?

Par

L’auteur est un ancien reporter militaire au Jerusalem Post

Qu’ont en commun Noam Chomsky et les néocons ?
L’un comme les autres sont accusés de protéger de toute critique légitime l’immensément puissant lobby pro-israélien à Washington. C’est tellement vrai qu’on dirait que l’enfer lui-même s’est gelé à cœur.
Le Professeur Chomsky, ce linguiste d’extrême gauche du Massachusetts Institute of Technology, connu pour avoir constamment (et bien souvent de manière pernicieuse) critiqué Israël depuis le début des années 1970, est apparemment un grand mou, dès qu’il est question de Sion.

C’est du moins ce que disent ses détracteurs d’extrême gauche.

Le brouhaha a commencé à la fin du mois de mars, après que deux universitaires américains eurent publié dans la London Review of Books un article critique pour le lobby israélien.

John Mearsheimer et Stephen Walt [M&W, dans la suite de cet article, ndt] y avançaient l’argument selon lequel ni l’idéalisme, ni un opportunisme pratique invétéré ne sauraient justifier le soutien américain à l’Etat juif. Néanmoins, une "coalition disparate d’individus et d’organisations" orienteraient la politique étrangère américaine dans ce sens, depuis des années.

Bien que ne présentant pas grand-chose de nouveau, l’essai a soulevé une vague de controverses, étant donné que ses auteurs n’étaient pas des quidams paranoïdes, comme il y en a plein les rues.

Mearsheimer siège dans le panel des experts universitaires étrangers auprès du Centre Begin-Sadate pour les études stratégiques de l’université Bar-Ilan (en Israël) et Walt et lui sont des phares de l’école réaliste en matière de relations internationales.
Il eût été tout simplement inconcevable que leur étude ne suscitât aucune réaction.


Et, de fait, après la publication de leur article, des professeurs et des mandarins de tout poil se jetèrent sur leur clavier.

Bien entendu, je ne vais pas corriger les nombreuses erreurs de l’article de M-W, ni expliquer pourquoi le fait d’arguer que des lobbies dirigent la politique étrangère met un terme immédiat à l’ensemble du paradigme réaliste ; cela a été fait ailleurs, et par des gens bien plus intelligents que moi.

Ce qui est intéressant, c’est le moment choisi par Noam Chlomsky pour sortir du placard, au sujet de cette controverse.

S’exprimant dans Z Magazine, l’anarchiste vieillissant a reconnu que Mearsheimer et Walt avaient pris une "position courageuse", mais il s’en est prit aussitôt à leur suggestion d’un lobby informel et ubiquiste, qu’il a qualifiée d’"étiquette vide".
"M&W se focalisent sur l’Aipac et les évangéliques", a ainsi écrit Chomsky, "mais ils reconnaissent que le Lobby comporte la plupart des membres de la classe politico-intellectuelle – dès lors leur thèse perd quasiment toute sa substance."


Max Boot, un membre néoconservateur du Conseil des Relations Internationales, a fait les mêmes observations, résumant ainsi la situation : "Dans le récit de M&W, le lobby israélien semble inclure à peu près tous les hommes politiques, les boîtes à idées et la presse".
Mais qui aurait imaginé qu’un jour Chomsky se tiendrait sur les mêmes barricades que les néocons ?
Mais il n’y a pas motif à se faire du souci : Chomsky ne rejoindra pas de sitôt le Great Old Party [le parti républicain, ndt] ni le Likoud … Il pense toujours qu’Israël joue le rôle du chien policier brutal de l’impérialisme américain – qui aida les trusts pétroliers, en 1967, en écrasant un Nasser insolent, discréditant du même coup le nationalisme arabe laïc.

De même, Chomsky continue à saigner pour les Palestiniens.
C’est là en l’occurrence la seule chose qu’il reproche au passage concernant des capitalistes qui auraient soi-disant besoin d’être poussés à exercer une domination régionale.


Et le linguiste du MIT n’est pas seul, à ce sujet ; le journaliste radical Salim Muwakkil et le Professeur à Columbia Joseph Massad rejettent eux aussi l’argument consistant à rendre le lobby responsable de tout.
Le second a écrit dans l’hebdomadaire égyptien Al-Ahram Weekly : "Les états de sé®vices des Etats-Unis sont ceux d’un ennemi implacable de tous les mouvements de libération du tiers-monde. Pourquoi, dès lors, faire la supposition que les Etats-Unis soutiendraient les mouvements de libération nationale dans le monde arabe, si le lobby pro-israélien n’existait pas ? Voilà ce que ces études n’expliquent à aucun moment."


Le problème étant que, si Muwakkil est Afro-Américain et Massad Palestinien, Chomsky, lui, est un piéton de la Mer Rouge – et en soi, cela suffit amplement à susciter les suspicions dans certains cercles d’extrême gauche.


Ainsi, par exemple, le militant vétéran de la cause palestinienne Jeffrey Blankfort s’est formalisé de l’expérience précoce de Chomsky dans le mouvement marxisto-sioniste Hashomer Hatza’ir, en disant que cela a eu en quelque sorte l’effet de le rendre aveugle aux machinations politiques de ses coreligionnaires juifs américains.


De manière étonnante, Blankfort – lui-même juif – a fustigé Chomsky, voyant en lui "du pain béni pour l’Aipac' et, par extension, pour "le statut d’Israël aux Etats-Unis".

Comme Blankfort (et l’historien post-sioniste Ilan Pappe), James Petras n’est pas d’accord, lui non plus, avec Chomsky, à propos de l’étude de M&W.

De fait, ce sociologue marxiste devient bien vite méchant dans sa critique, en suggérant que les dons analytiques de Chomsky "disparaissent totalement dès lors qu’il s’agit de discuter de la formulation de la politique états-unienne au Moyen-Orient, et en particulier du rôle joué par son propre groupe ethnique, le lobby juif pro-israélien et ses soutiens sionistes au sein du gouvernement."
Une fois de plus, Chomsky sert de couverture à l’ensemble de la tribu.


On aurait tendance à penser que l’anarchiste juif a déjà payé ses dettes.
Chomsky a attaqué Israël sans relâche ; il a même qualifié le négationniste français Robert Faurisson "de sorte de libéral relativement apolitique"; il a recommandé les recherches d’Israël Shahak, l’auteur aujourd’hui disparu de l’ouvrage infâme "Histoire juive, religion juive : Le poids de trois millénaires" [Jewish History, Jewish Religion: The Weight of Three Thousand Years], en affirmant que l’accusation d’antisémitisme est utilisée à seule fin d’étouffer dans l’œuf tout jugement critique sur Israël.


Néanmoins, la tragédie, pour Chomsky, c’est que, pour des gens tels Blankfort et Petras, tout cela compte pour du beurre. Le second nommé l’accuse de jouer avec les preuves afin de dissimuler le rôle du lobby pro-israélien et des "sionocons" dans la genèse de l’actuelle guerre en Irak.


Bien que Chomsky n’ait jamais répondu à l’e-mail que je lui ai envoyé, j’ai demandé à l’antisioniste flamboyant et néanmoins professeur à l’Université DePaul, Norman Finkelstein, ce qu’il pensait de ces attaques invraisemblables contre son mentor. "Je ne pense pas qu’il soit utile de rechercher des mobiles personnels", m’a-t-il répondu. "On doit juger toute argumentation pour ce qu’elle vaut".


C’est très vrai. Et pourtant, le fracas qui entoure Chomsky démontre amplement que, dès lors que vous êtes juif, peu importe ce que vous dites et ce que vous faites, vous serez toujours en retard d’une thèse vous qualifiant de lobbyiste pro-israélien…


*Traduit de l'anglais en français par Marcel Charbonnier, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique (www.tlaxcala.es). Cette traduction est en Copyleft.

Source : The Jerusalem Post

Traduction : Marcel Charbonnier

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