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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Pinochet en Palestine

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L’auteur est professeur assistant de politique et d’histoire intellectuelle arabes contemporaines à l’Université Columbia. Récemment, la maison d’édition Routledge a publié un de ses ouvrages : "The Persistence of the Palestinian Question" (La permanence de la question palestinienne). (Routledge, 2006).

Abbas et ces trois hommes ont non seulement organisé les grèves massives des voyous de la sécurité du Fatah qu'ils ont armé pour maintenir l'ordre dans les territoires au nom d'Israel, et les grèves des bureaucrates des ministères de l'Autorité palestinienne, mais ils ont également forcé un grand nombre de Palestiniens, y compris des enseignants et des professeurs, sous la menace des armes, à faire grève contre le Hamas, alors que la plupart d'entre eux avaient voté pour le Hamas et refusaient de se mettre en grève.

Pinochet en Palestine


Avant que le gouvernement américain sous-traite aux militaires chiliens le renversement du gouvernement élu démocratiquement de Salvador Allende en 1973, il a mené à bien un certain nombre de missions importantes dans le pays en vue du coup d'Etat du 11 septembre.

Cela incluait d'importantes grèves, en particulièrement celle des routiers qui a paralysé l'économie, des manifestations massives auxquelles participaient des femmes au foyer et des enfants des classes moyennes brandissant des pots et des casseroles en exigeant de la nourriture, la purge d'officiers de l'armée chilienne qui s'opposaient à la suspension de la démocratie et à l'introduction d'un gouvernement fasciste soutenu par les Etats-Unis, et une importante campagne médiatique contre le régime avec la CIA qui plaçait des histoires dans des journaux comme El Mercurio et d'autres.

C'était dans un contexte où le Parti Communiste et le Mouvement Révolutionnaire de Gauche (MIR) critiquaient aussi et parfois attaquaient le régime d'Allende pour son changement des positions de gauche.

Il est important de garder à l'esprit l'exemple chilien quand on regarde la situation palestinienne aujourd'hui, puisqu'elle fonctionne comme une sorte de vidéo de formation pour des coups d'Etat anti-démocratiques planifiés par les Etats-Unis ailleurs dans le monde.

Non seulement les Etats-Unis et Israël soutiennent financièrement la préparation publique d'un coup d'Etat par la direction du Fatah (et dans le cas d'Israël, la permission de transferts d'armes à la Garde Prétorienne du Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas), mais des services de renseignements d'un certain nombre de pays Arabes amis d'Israël et des Etats-Unis ont aussi installé très récemment leur boutique à Ramallah, montrant ainsi plus ouvertement et sans honte, leur importante implication de longue date, bien que minimisée, dans la gestion des territoires palestiniens.

En effet, la "délégation" des services de renseignements de l'un de ces pays Arabes a loué un bâtiment de plusieurs étages à Ramallah pour y mener ses opérations.

Israël a aidé ce projet en enlevant et en arrêtant les membres du Fatah qui résistent à la politique collaborationiste des hauts responsables.

Quant à la direction du Fatah elle-même, elle a périodiquement purgé les membres du Fatah qui s'opposaient à sa politique et marginalisé ceux parmi la Diaspora qui continuent à lui résister.

Les chefs du coup d'Etat du Fateh/Autorité Palestinienne se composent d'Abbas et du triumvirat gouvernant : Mohamed Dahlan, Yasser Abd Rabbo, et Nabil Amr.

Le profil de ces trois hommes les rend tout à fait appropriés pour la tâche.

• Dahlan est universellement connu comme étant un militaire corrompu, l'homme de l'Amérique et d'Israël sur le terrain.

• Abd Rabbo (ou Yasser Abd Yasser, littéralement "Yasser, fidèle de Yasser" à cause de sa soumission à Arafat) est l'architecte des Accords de Genève, qui reconnaissent le droit d'Israël à être un état juif raciste comme étant légitime et rejette le droit au retour des réfugiés palestiniens comme étant illégitime.
Il a récemment confirmé la position israélienne quand il s'est battu avec le ministre des Affaires Etrangères qatari et son équipe lors de leur dernière visite dans les territoires occupés.

• Amr est l'ancien Ministre de l'Information de l'Autorité Palestinienne, et un ancien camarade du Lobby israélien, le Washington Institute for Near East Policy.
C'est également lui qui écrit les discours d'Abbas et de Dahlan.


Abbas et ces trois hommes ont non seulement organisé les grèves massives des voyous de la sécurité du Fatah qu'ils ont armé pour maintenir l'ordre dans les territoires au nom d'Israël, et les grèves des bureaucrates des ministères de l'Autorité palestinienne, mais ils ont également forcé un grand nombre de Palestiniens, y compris des enseignants et des professeurs, sous la menace des armes, à faire grève contre le Hamas, alors que la plupart d'entre eux avaient voté pour le Hamas et refusaient de se mettre en grève.

Les Palestiniens qui ont combattu pendant des décennies pour garder ouvertes leurs écoles et leurs universités malgré les fermetures draconiennes des Israéliens et la suspension de l'éducation palestinienne, sont maintenant forcés d'arrêter le processus éducatif palestinien par des grèves contre le Hamas imposées par le Fatah et ses gangs armés qui menacent de tirer sur les gens s'ils refusent de suivre les directives du coup d'Etat du Fatah.

En outre, Abbas et le triumvirat du Fateh/Autorité Palestinienne ont organisé des manifestations à Ramallah de Palestiniens des classes moyennes, y compris des femmes au foyer, qui ont apporté leurs pots et leurs casseroles, dans une scène empruntée à Santiago en 1973, lors des manifestations contre le Hamas.

La presse contrêlée par le Fatah, en particulier Al-Ayyam, fomente la majeure partie de la campagne de propagande anti-Hamas en vue du coup d'Etat et joue ainsi le même rêle qu'El Mercurio au Chili.

Al-Ayyam est aidé dans ses efforts par l'intelligentsia palestinienne laique anti-Hamas, dont la plupart des membres sont payés par les financiers du processus d'Oslo et de ses O.N.G.s.

Ces vieux Palestiniens de Gauche, comme leurs contre-parties au Liban, sont mieux connus aujourd'hui comme des Gauches de Droite, car ils prennent des positions de droite alors qu'ils insistent sur le fait qu'ils sont toujours des gauchistes basés sur des positions qu'ils tenaient dans les années 80 ou avant.


Le plan est que les dirigeants du Fateh/Autorité Palestinienne fassent l'impossible afin de provoquer le Hamas pour qu'il commence la guerre jusqu'à ce que le Fatah, avec l'aide des services des renseignements des pays Arabes amis, et l'aide d'Israël et des Etats-Unis, écrase le Hamas et prenne le pouvoir.

En effet, le premier round non réussi a eu lieu quand le gouvernement israélien a enlevé un tiers du gouvernement du Hamas, des ministres du Conseil et des membres du Parlement, et les a enfermés dans les prisons israéliennes.


Ce n'était pas suffisant pour faire tomber le Hamas, et ce n'était pas par le manque d'aide que le Fateh a donné aux occupants israéliens.

En plus de l'incendie du bâtiment du Conseil Législatif, les voyous du Fateh ont également brûlé le bureau du Premier Ministre, tiré sur sa voiture, brûlé les bureaux de différents ministères à plusieurs reprises, harcelé et menacé les ministres et les parlementaires du Hamas qu'Israël n'avait pas enlevés et arrêtés, refusé de permettre aux ministères du gouvernement d'agir, et ainsi de suite.

Cependant, le Hamas est sagement résolu à répondre par la force que si le Fatah lance une guerre globale pour provoquer son coup d'Etat prévu, mais pas avant.

Le coup d'Etat prévu du Fateh est non seulement basé sur la popularité du Hamas et de sa victoire électorale mais également sur la capacité accrue du Hamas à se défendre contre les forces du Fateh.

Si les Etats-Unis et Israël ont armés les voyous du Fateh sous la direction d'Arafat pour écraser le premier Intifada palestinien et tout reste de résistance à l'occupation depuis 1994, aujourd'hui, le Hamas est presque aussi bien armé que les forces du Fatah et peut défendre les droits des Palestiniens en résistant à l'occupation israélienne et aux collaborateurs palestiniens bien armés qui aident à l'imposer.

C'est là où la situation diffère aujourd'hui considérablement de celle du milieu des années 90.

Pour compenser ce nouvel équilibre des forces, le gouvernement américain, selon le journal israélien Haaretz, est en train de former la garde Prétorienne d'Abbas à Jéricho depuis plus d'un mois avec des instructeurs des armées américaines, britanniques, égyptiennes et jordaniennes, et il leur fournit des armes en vue de la confrontation avec le Hamas.

Le gouvernement israélien a, à son tour, récemment approuvé le transfert de milliers de fusils d'Egypte et de Jordanie aux forces d'Abbas.

Les Israéliens ont également approuvé la demande des Etats-Unis pour qu'Israël autorise la Brigade Badr -- une partie de l'armée de Libération de la Palestine actuellement postée en Jordanie -- à se déployer dans Gaza.

Ces étapes ont été conçues par le Général Keith Dayton, le coordinateur américain de la sécurité dans les territoires occupés, qui veut que la Brigade Badr fonctionne en tant que force de réaction rapide d'Abbas "dans Gaza".

Comme avancée possible pour augmenter sa sécurité et ses rêles militaires dans les territoires occupés, le gouvernement jordanien a récemment créé un comité juridique pour revoir les dispositions de la décision de la Jordanie "de se désengager" de Cisjordanie annoncée le 31 juillet 1988, suggérant en réalité la possibilité d'un renversement d'une partie ou de toutes ces dispositions.

Plus récemment, les Israéliens ont intensifié leurs bombardements et leurs massacres dans Gaza, le plus récemment à Beit Hanoun, en assassinant plus de 50 Palestiniens en quelques jours.

Mahmoud Abbas et son triumvirat de dirigeants hésitent, à l'heure actuelle, à se lancer dans une guerre ouverte par crainte d'une réaction du public. Ils préfèrent virer le Hamas en imposant un gouvernement "d'unité nationale" qui dégagerait le Hamas progressivement et pacifiquement.

Cependant, Abbas et son triumvirat perdent rapidement patience.

En effet, lors d'une réunion organisée à la hâte du Comité Central du Fatah basé sur la Diaspora qui devait se dérouler à Amman il y a trois semaines pour ratifier les plans du coup d'Etat, les membres du comité se sont opposés au coup d'Etat d'Abbas soutenu par les Etats-Unis et Israël, ce qui a obligé Abbas à annuler la réunion en prétendant de façon mensongère un manque de quorum.

Cela explique le désespoir d'Abbas en organisant le coup d'Etat sans préparation adéquate.

En effet, une rumeur s'est répandue dans les territoires occupés que les attaques désespérées commises récemment contre des églises chrétiennes palestiniennes étaient le travail des voyous.

Ceux qui les ont envoyés veulent que les chrétiens palestiniens et le monde dans son ensemble pensent que c'étaient des actes du Hamas en réponse aux déclarations racistes du pape contre l'Islam. Le Hamas a dûment condamné les attaques.

Certains dans les territoires occupés pensent que le Hamas était derrière mais la plupart savent que c'était le travail d'agents clandestins.

Le plan du Fateh est simple : là où Israël et ses alliés libanais n'ont pas écrasé le Hizbullah dans la sixième guerre, le Fatah et ses alliés israéliens réussiront à écraser le Hamas, même si la guerre israélienne incessante contre le Hamas et les Palestiniens devient une septième guerre globale.

Les nombreuses visites de Condoleezza Rice dans la région ces dernières semaines avaient l'espoir de mettre les touches finales à ce plan.

Si le Hamas, comme le Hizbullah, pouvait être provoqué à répondre militairement, les organisateurs du coup d'Etat pensaient qu'alors la colère du Fatah et d'Israël (soutenus par les Etats-Unis, la Jordanie, l'Egypte, et l'Arabie Saoudite) serait lâchée pour en finir avec le Hamas.

La direction du Fateh et ses voyous affutaient leurs couteaux pour l'épreuve de force. Le Hamas est resté calme en dépit de la pression.

En attendant, Ramallah proprement dit (à l'exclusion des villages environnants), qui continue d'être ce à quoi beaucoup de gens font référence maintenant comme étant une Zone Verte palestinienne, abrite, en plus des équipes des renseignements israéliens et des pays Arabes amis d'Israël, ces Palestiniens qui sont payés et protégés par le processus d'Oslo, que ce soit la bureaucratie d'Oslo, ses techniciens, et ses intellectuels rémunérés, ou les hommes d'affaires et les classes moyennes récemment habitués au nouveau consommationisme que la Zone Verte peut offrir.


Cette vie opulente diffère de la vie du reste des Palestiniens en dehors de Ramallah qui vivent dans la misère, la famine, et sous les bombardements des Israéliens et les attaques des sauvages colons juifs, pour ne pas mentionner le harcèlement des voyous du Fateh.

A Ramallah, les voyous à la gâchette facile tirent au hasard pendant leurs manifestations, blessant et tuant parfois des passants "par erreur".

Même les quelques intellectuels laics qui daignent s'opposer au Fateh à l'intérieur de Ramallah sont harcelés de différentes manières.
Certains d'entre eux font l'expérience de vols mystérieux qui sont répétés à chaque fois qu'ils font des déclarations anti-Fateh.

Le maintien de Ramallah en tant que Zone Verte est primordial pour Abbas et le triumvirat du Fatah/Autorité Palestinienne, qui craignent qu'une réforme présentée par le Hamas dépouillerait l'élite des avantages de la corruption et de la dolce vita que la direction du Fateh leur assurent.

En attendant, Abbas et son triumvirat continueront à traiter le Hamas de la même façon qu'Israël a toujours traité l'OLP et d'autres pays Arabes.

Lors des négociations interminables que le Hamas a tenu avec le Fateh pour éviter une épreuve de force, à chaque fois que le Hamas était d'accord sur une demande du Fatah, le Fatah relevait les enjeux et insistait pour obtenir une autre concession ou prétendait que ses demandes initiales avaient toujours inclus des termes supplémentaires, si non ils n'acceptaient pas.

D'ailleurs, le Fateh interprétait également publiquement les concessions du Hamas après y avoir inclus des choses sur lesquelles le Hamas n'avait pas du tout donné son accord.

Si c'est une réminiscence de la stratégie des négociations post-Oslo que les Israéliens ont utilisé avec succès avec Arafat, c'est parce que c'est la même stratégie.

Abbas est allé jusqu'à quitter les négociations, et a refusé de parler aux chefs du Hamas, tout comme les Israéliens l'avaient souvent fait avec l'Autorité Palestinienne.

D'ailleurs, si les Israéliens portent souvent des attaques clandestines contre des intérêts occidentaux pour impliquer des gouvernements Arabes, l'exemple le plus flagrant étant l' infâme affaire Lavon au milieu des années 50 visant l'Egypte, des opérations similaires sont commises pour impliquer le Hamas par des agents clandestins, comme l'illustre l'exemple récent des attaques contre des églises. Il pourrait être prévu beaucoup plus d'opérations de ce genre.

La feuille de vigne qui couvrait toujours l'entière collaboration et la soumission de la direction du Fatah aux intérêts israéliens est maintenant tombée.

En conséquence, il reste peu de choses qui puissent retenir le Fatah d'agir.

Les semaines à venir seront décidées en fonction du désir des responsables du Fatah à se battre afin de sauver leurs peaux et leurs fortunes, et de la patience du Hamas devant un tel hold-up.

En attendant, ce qui est exposé dans les territoires palestiniens n'est rien d'autre que le script chilien.

Pinochet est en Palestine. Pourtant, son succès est loin d'être certain.

Source : http://weekly.ahram.org.eg/

Traduction : MG pour ISM

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