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Liban - 1 juin 2009
Par Nadine Acoury
Rapport rédigé par Nadine Acoury à partir de divers dossiers, dont celui d’Al-Akhbar, traduit par ses soins.
Le Liban dispose d'une démocratie dite "consensuelle" c'est-à-dire basée sur les diverses confessions de ses citoyens (ce système basé sur la religion et la confession a été établi par les occidentaux tout au long de leur ingérence qui remonte au moins au XVIIIème siècle ; ainsi les Russes protégeaient les orthodoxes, les Français les maronites, les Prussiens et Autrichiens les cathos, les Britanniques les druzes, plus tard les Américains les protestants, le tout sous couvert de "protection des minorités en danger", concept cher à l'impérialisme occidental depuis les croisades).
Ce qui explique que le président de la république doive être maronite, le premier ministre sunnite, le chef de l'assemblée nationale (chambre des députés) chiite, le vice-premier ministre orthodoxe, et ainsi de suite, à tous les échelons de l'administration publique, chaque poste est supposé revenir à une confession précise.
Le but est en principe de préserver un certain "équilibre", la vérité, c'est que cet équilibre a toujours été au profit des protégés et clients des occidentaux, les maronites, qui représentaient au XIXème siècle et au début du XXème, avec les autres chrétiens, une bonne moitie du pays, en vue de garder la haute main sur ce pays et l'empêcher d'adhérer pleinement à son contexte arabe à majorité musulmane.
Or, depuis la moitié du XXème siècle et de plus en plus, la démographie profite aux musulmans, notamment chiites, tandis que les chrétiens sont en perte de vitesse compte tenu de l'émigration à l'étranger.
Les chrétiens sont donc dans la panique et ils sont encouragés par les patrons occidentaux à se sentir "menacés", de sorte que lesdits patrons puissent les "protéger". C’est sur ces fondements que des visions isolationnistes du type Etat sioniste ont, depuis l'indépendance du pays (1943), agité ceux qui se prennent pour les descendants des Phéniciens, parmi eux une série de collabos d'Israël et de traitres disposés à s'entendre avec les impérialistes de tous bords tant qu'ils ne sont pas arabes ni musulmans.
L'enjeu des élections du 7 juin : 128 sièges de "députés" (c'est ainsi qu'on les nomme) élus par un corps électoral de 3.075.465 citoyens inscrits sur les listes électorales.
Pour rappel, les Libanais de l'étranger et les moins de 21 ans ne peuvent pas voter (des sondages ayant révélé que leur vote ne serait pas favorable a l'actuelle majorité).
Répartition confessionnelle des sièges par ordre décroissant (les chiffres parlent d'eux-mêmes) :
34 sièges pour les maronites, 697.552 électeurs
27 sièges pour les musulmans chiites, 873.418 électeurs
27 sièges pour les musulmans sunnites, 842.171 électeurs
15 sièges pour les chrétiens orthodoxes, 242.640 électeurs
10 sièges pour les chrétiens catholiques, 161.226 électeurs
8 sièges pour les druzes (sectes d'origine musulmane chiite), 186.491 électeurs et ainsi de suite decrescendo (8 sièges pour les arméniens chrétiens orthodoxes, 2 pour les musulmans alaouites et 1 pour les chrétiens protestants).
Les circonscriptions
D'abord la capitale est divisée en trois circonscriptions : Beyrouth I (92.765 électeurs pour 5 sièges chrétiens), Beyrouth II (101.787 électeurs pour 2 sièges chrétiens (arméniens orthodoxes), 1 sunnite et 1 chiite) et Beyrouth III, supposée être le fief de la majorité haririenne ou 14 marsiens (pour la composition de la majorité et de l'opposition parlementaires libanaises, voir note ci-dessous) (252.167 électeurs pour 5 sièges sunnites, 3 chrétiens, 1 druze, 1 chiite).
Puis, le long de la côte du nord au sud :
Akkar : 223.538 électeurs (orthodoxes et sunnites)
Dennyeh-Minyeh : 97.341 sunnites (ces deux circonscriptions regroupent 40% des pauvres du pays)
Tripoli (capitale du nord) : 196.149 électeurs (5 sunnites sur 8 sièges)
Ces 3 circonscriptions forment un poids important pour les sunnites (outre Beyrouth III et Saida la capitale du sud) et feront l'objet d'une chaude bataille.
Ensuite on passe en pays chrétien, soit :
Zghorta : 71.035 électeurs maronites, fief de Sleiman Frangieh allié de l'opposition
Besharre : 46.422 électeurs maronites,
Koura : 57.794 électeurs orthodoxes (traditionnellement plutôt opposition),
Batroun : 58.444 électeurs maronites,
Jbeil (Byblos) : 75.584 électeurs (2 sièges maronites + 1 chiite).
A l'est de Beyrouth et en gros sa banlieue, 2 grosses circonscriptions :
Metn : 170.735 électeurs 8 sièges chrétiens
Baabda : (siège de la présidence de la république) 151.589 électeurs (3 maronites, 2 chiites, 1 druze).
Suivent deux circonscriptions partagées entre maronites et druzes :
Aley : 116.181 électeurs
Chouf : 181.346 électeurs
Suivent les 7 circonscriptions du sud du pays (majorité chiite, sauf Saida et Jezzine, et pro-résistance, normal vu qu'ils se mangent les agressions sionistes depuis 1948) :
Zahrani : 92.995 électeurs,
Saida : 53.859 électeurs (2 sièges sunnites), c'est dans cette circonscription traditionnellement pro-résistance que les 14 marsiens ont décide de parachuter Fouad Siniora, premier ministre actuel célèbre pour ses larmes et ses embrassades avec Condoleeza Rice en pleins bombardements et massacres sionistes en juillet-aout 2006,
Jezzine : 54.188 électeurs chrétiens,
Nabatieh : 121.912 électeurs chiites,
Hasbaya-Marjeyoun : 138.844 électeurs majorité chiite + sunnites, druzes et orthodoxes.
Bint Jbeil : 123.396 électeurs chiites,
Sour (Tyr) : 153.060 électeurs chiites.
Maintenant, on passe à l'est du pays, toujours du nord au sud et en parallèle, les 3 circonscriptions de la plaine de la Bekaa :
Baalbeck-Hermel : 255.658 electeurs (6 sieges chiites, 2 sunnites, 1 catho, 1 maronite),
Zahle (principale ville de la Bekaa) : 158.124 électeurs (majorité chrétienne),
Bekaa-Ouest : 122.489 électeurs représentants toutes les confessions.
Note :
- Composition de la majorité ou "alliance du 14 mars" (date de l'assassinat de Rafic Hariri en 2005), actuellement 72 sièges sur 128, regroupant :
- une franche majorité sunnite (Courant du Futur de Hariri) : 36 députés ; une majorité de druzes (Parti Socialiste Progressiste de Walid Jumblat) : 16 députés ;
- une grosse minorité maronite : Phalangistes (droite chrétienne, dynastie Gemayel), Forces Libanaises (extrême-droite isolationniste maronite, Samir Geagea) et autres petits groupes.
_________________
Composition de la minorité pro-résistance ou "bloc du 8 mars", actuellement 56 sièges sur 128, regroupant :
- une franche majorité chiite (Amal de Nabih Berri et Hezbollah)
- une majorité de maronites (Courant Patriotique Libre de Michel Aoun, les Marada de Sleiman Frangieh, etc) et le principal parti arménien (chrétiens), le Tachnag,
- une minorité de druzes (Parti Démocratique de Talal Arslane, l'autre leader de la communauté druze),
- et autres (ex. Parti Social National Syrien, laïque)
Prochain épisode, les candidats
Pour les arabophones, le dossier de Al-Akhbar.
Source : Al-Akhbar
Traduction : Nadine Acoury
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Nadine Acoury
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