Jérusalem - 5 octobre 2004

Al-Ram sous un jour différent

Par Une habitante d'Al-Ram

Je conduisais la Ford Transit avec mon mari en rentrant de Ramallah, en traversant le labyrinthe d’Al-Ram, face à la nouvelle extension du Mur de l’apartheid, quand je me suis fait la réflexion à haute voix que l’anéantissement le plus immédiat résultant de cette monstruosité réalisée par l’homme, c’est la noirceur physique qui entravent les sens.

Quand nous sommes partis de chez nous pour Qalandia, tôt dans l’après-midi, la bande d’ombre qui enveloppait la route irrégulière s’étendait du mur gris foncé tout le long du chemin jusqu’aux pieds des commerçants, debout, et qui inspectaient la tour devant eux.

Et sur notre chemin de retour à la maison, dans la soirée, la lumière décroissante du soleil n’était visible nulle part de ce côté de la route qui va du nord jusqu’à Ramallah, côté de la route à partir duquel les habitants d’Al-Ram ne peuvent plus, pour la plupart, traverser vers l’autre côté de la route, techniquement municipalisé en tant que Beit Hanina.

Mon mari répliqua instantanément : « les gens qui vivent au pied de la colline de ce côté (Al-Ram) du mur ne verront jamais le coucher du soleil ». Comme c’était vrai !

Je n’avais pas compris que ce fait universel, le lever du soleil et le coucher du soleil, devait être une première négation, une première absence et le premier symbole physique d’un vide insondable.

La dimension de cette idée et de cette réalité me poursuit encore des jours après, et j’essaie toujours de comprendre comme une réalité aussi dénaturée peut remplacer et même supprimer les réalités de la Nature.

Comment des êtres humains peuvent-ils forcer une nation à vivre sans lever de soleil ni coucher de soleil ?

Comment des êtres humains peuvent-ils forcer un certain peuple a exister sans lumière du jour ?

Comment un peuple peut-il dénaturer le cycle de la Nature et le pouvoir du Soleil pour qu’ils soient absents des maisons, des vies et des yeux d’un autre peuple ?

Mais c’est comme ça. On nous a privés du puissant Soleil.

Même le jour et la nuit, la lumière et la nuit, sont à la merci d’un mur de béton, et à la merci d’hommes qui, eux, sont libres de se lever avec le soleil et de dormir la lune venue comme le reste d’entre nous le font, comme le reste de nous avaient le droit de le faire, mais maintenant ne peuvent plus le faire.

Une habitante de Aram/Beit Hanina

Source : http://www.thisweekinpalestine.com/

Traduction : CS pour ISM-France