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Ramallah - 5 octobre 2004
Par Rima Merriman
Rima Merriman écrit de Ramallah, Palestine occupée, Live from Palestine, 2 Septembre 2004 - Rima Merriman est écrivain freelance et spécialiste en communication. Elle travaille en Cisjordanie depuis quatre mois.
Quand il raconte l’histoire de l’emprisonnement de son fils, Mohammad Samarah réfléchit à l’ironie du sort, porteuse en même temps de tristesse et d’inspiration. Son plus jeune fils Mu’aath (27 ans) est détenu dans une prison israélienne qui s’appelle Jalbou’. C’est une nouvelle prison au nord de Jenin située dans les collines de Jalboun, construite pour remplacer une ancienne prison qui portait le même nom et qui se trouvait dans le village palestinien de Shatta.
Mohamad Salarah explique que l’ironie réside dans le fait que sa famille vient d’un village de Jalboun, Noores. Les Israéliens ont effacé ce village palestinien, mais aujourd’hui, surplombant ses ruines, se dresse une colonie israélienne, dont le nom fait ironiquement écho à ce qui existait autrefois puisqu’elle s’appelle Nooret. Muhamad a l’impression que Mu’aath est retourné dans la région de sa famille de la seule façon qu’il pouvait y retourner.
Un autre détail lié à la situation de la prison de son fils procure à Mohammad une certaine fierté si ce n’est du réconfort: la prison de Jalbou où Mu’aath purge une peine de 5 ans, est proche d’un autre village détruit, al Mazar, bien connu pour avoir abrité le combattant de la résistance palestinienne Farhan al Sa'adi, pendu en 1936 par le Mandat britannique pour avoir participé à la rebellion de Izz al Din al Qassam. Qassam a été lui-même tué en 1935 à Ya'abad, qui se trouve aussi dans la région de Jalboun .
La nouvelle prison a la réputation d’utiliser des méthodes semblables à celles utilisées contre les prisonniers d’Irlande du Nord. En particulier, la cour, à l’extérieur des cellules ( la “forah” en Arabe”), est couverte de tôle ondulée, ce qui, dans cette région chaude, produit un effet de serre infernal. Mohammad ne peut être sûr de ces détails, car ni lui ni sa famille ne sont autorisés à rendre visite à leur fils. Mais c’est ce qu’il a entendu dire. La prison a été décrite par ceux qui y ont été incarcérés comme des “ quartiers de mort lente ».
Quand les soldats sont venus chercher Mu'aath le 30 Janvier 2002, à deux heures du matin, il habitait dan sun appartement de Ramallah que ses parents avaient loué pour lui quand il étudiait l’électricité et l’electronique à l’université de Birzeitr. Il avait obtenu son diplôme en 2000 et trouvé un emploi dans la compagnie de télécommunications Jawal. Son frère aîné, Rami était étudiant en informatique à l’université d’ Arkansas, à Fayetteville, dans le cadre d’une bourse d’études accordée par le gouvernement Clinton.
Son deuxième frère, Nasr, diplômé en agriculture de l’université de Jordanie, travaillait avec le PARC ( Palestinian Agriculture Relief Committee) à Ramallah. Ses deux soeurs vivaient avec leurs maris, une à Toulkarem et l’autre en Arabie Saoudite. Ses parents vivaient à Toulkarem, où sa mère(Aisheh) exerçait la fonction d’eseignante jusqu’à ce qu’elle prenne récemment sa retraite. Son père allait travailler tous les jours comme technicien de laboratoire à l’université de Birzeit ( Mohammad a un diplôme de chimie de l’université de Bagdad). Les parents de Mu’aath étaient avec lui dans son appartement de Ramallah la nuit où les soldats sont venus.
Les soldats sont entrés, les bottes couvertes de la boue du terrain vague qui jouxtait l’appartement et où les enfants avaient improvisé un terrain de foot. Ils ont cherché les hommes de la maison, ont lié les mains de Mohammad et Mu’aath et les ont emmenés dehors. Ils ont vandalisé la maison, la remplissant de boue et détruisant le mobilier. Ils ont emporté trois valises qui appartenaient aux trois frères sans les ouvrir tout d’abord. Elles contenaient des affaires scolaires, des diplômes et des souvenirs. Ils ont arrêté Mu’aath et l’ont emmené.
Le lendemain, Mohammad et Aisheh sont allés à l’Institut Mandela pour les Prionniers Politiques pour obtenir des renseignements. Ils ont appris que Mu’aath était à la Moskobiyeh, un centre d’enquête israélein à Jerusalem Ouest, où il était interrogé. L’interrogatoire a duré 45 jours. On leur a conseillé d’engager un avocat, ce qu’ils ont fait avec l’aide de l’université de Birzeit. Mu'aath a ensuite été transféré à Beit El, la base militaire israélienen de Ramallah près de la colonie de Beit El , où il a été incarcéré pendant un an et demi, pendant que son affaire suivait son cours. Ses parents n’avaient pas de droit de visite.
La plupart des cas comme ceux de Mu'aath's se règlent grâce à un accord entre le juge et l’accusé. Les preuves retenues contre Mu'ath consistaient en tout ce qu’il avait pu confesser au cours de l’interrogatoire ( qui inclut la torture) et ce que ses amis avaient pu dire sur lui, plus certaines appartenances qui sont considérées en elles-mêmes comme des délits contre l’état d’Israël.
Les accusations étaient les suivantes :
1. Frequenter un certain lieu afin de fabriquer des explosifs.(Mu'aath avait seulement reconnu fréquenter le lieu)
2. Etre impliqué dans la préparation d’une opération.
3. Participer aux élections du conseil étudiant à l’universuté de Birzeit comme membre du bloc islamique.
4. Participer à un camp du Hamas en1991 (Mu'aath avait alors douze ans)
5. Etre l’expert technique d’une cellule terroriste. Cette dernière accusation était basée sur quelque chose que les interrogateurs avaient trouvé dans une des valises qu’ils avaient emportées la nuit de l’arrestation. C’était la thèse pour sa licence qui traitait d’un système robotisé pour les explosifs.
Le procès de Mu'aath's s’est tenu dans une petite pièce à Beit El. Seuls deux parents par accusé sont autorisés à assister et les bancs réservés aux parents ont quatre places chacun. Son avaocat avait passé un accord avec le juge pour une condamnation de cinq ans avec une sentence additionnelle de « réserve » de trois ans. Les trois ans sont réservés à n’importe quel délit futur. Si Mu’aath était arrêté à nouveau et déclaré coupable après sa libération, trois ans seraient automatiquement ajoutés à sa nouvelle condamnation.
Mohammad et Aisheh n’ont pas vu leur fils depuis son procès. Ils n’ont eu n’ont plus aucun contact avec lui sous quelque forme que ce soit, à l’exception de deux courtes lettres qui sont arrivées des semaines après qu’il les a écrites. Ils ont demandé un droit de visite par l’intermédiaire de la Croix-Rouge Internationale mais les Israéliens ont rejeté leur demande.
Source : http://electronicintifada.net/
Traduction : DM
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