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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

La "solution" à deux Etats touche à son terme

Par

John Denham is Député travailliste de la circonscription de Southampton Itchen. Il a été ministre de l’Intérieur britannique, jusqu’à sa démission, en mars 2003, en raison de son désaccord sur l’intervention du Royaume-Uni en Irak. Il peut être contacté à son adresse e-mail : denhamj@parliament.uk

Une solution binationale, avec un seul Etat, est la seule possible. Elle seule permettra l’instauration d’une véritable démocratie en Palestine.
Mon collègue Ian Gibson, Membre du Parlement, m’a appelé, à six heures et demi du matin, de son hôtel de Ramallah, en Cisjordanie.
(Des pressions économiques sur Israël s’imposent)
Notre visite, ayant pour but d’étudier les services médicaux en Palestine occupée, allait prendre une tournure très personnelle. Et effrayante. Ian avait été hospitalisé, à la suite d’un malaise : on suspectait une embolie mineure. Le spécialiste était venu très rapidement et Ian avait été emmené dans un hôpital de Jérusalem dans une ambulance du Croissant Rouge palestinien.

Mais au checkpoint d’Al-Ram, l’ambulance de Ian a été arrêtée par la police israélienne des frontières. En dépit de son la gravité manifeste de son état – il était en état de détresse par déshydratation – et malgré les représentations du consulat britannique, l’ambulance se vit refuser l’autorisation de poursuivre sa route.

Durant soixante-dix minutes, Ian fut laissé dans l’ambulance, avant que son transfert à bord d’une autre ambulance, que l’on très longtemps, dans l’angoisse que l’on imagine, soit autorisé


La brutalité du traitement auquel Ian a été soumis est une violation évidente de la promesse qu’Israël avait faite à l’ONU, à savoir que les ambulances ne seraient en aucun cas retenues plus d’une demi-heure.

Une organisation humanitaire palestinienne, le HDIP, a recensé 83 morts dues à un déni d’accès à l’hôpital dans des cas d’urgence ; 52 femmes ont accouché devant des checkpoints, l’accès à une maternité ou un hôpital leur ayant été dénié.


Les barrages routiers inopinés et les checkpoints permanents font partie du système d’occupation de la Palestine, qui vise bien plus que la simple sécurisation de frontières. D’après l’ONU, il y a plus de 700 de ces barrages routiers dans l’ensemble de la Cisjordanie , qui contrôlent les déplacements de chacun des Palestiniens à l’intérieur de leur propre pays. Lorsque nous étions là-bas, la plupart des Palestiniens ne pouvaient pas sortir des principales villes. De facto, la Palestine est de plus en plus morcelée en une série de communes isolées, soumises au contrôle militaire d’Israël.


Pendant ce temps-là, la construction du « mur de sécurité » israélien en Cisjordanie bat son plein, ainsi que la création de nouvelles implantations. Depuis le village de Saffa, du côté palestinien de la frontière de 1967, il était stupéfiant de voir de nouvelles villes s’étendre, telles ces villégiatures en location partagée qui envahissent la Costa Brava.


Les nouveaux townships, à la mode de l’apartheid sud-africain, seront encerclés par le nouveau mur, tandis que Saffa se retrouvera du « mauvais » côté. Les habitants de ce gros village n’ont pas le droit, qui devrait être évident, d’en sortir et ils seront soumis à la confiscation arbitraire de leurs permis de résidence. Les Israéliens auront toute opportunité de venir s’installer sur les terres ainsi confisquées.

Quelle que soit la fonction sécuritaire que puisse avoir le mur, son effet réel, étant donné qu’il décrit de larges boucles à l’intérieur du territoire palestinien, est clair. Avant longtemps, il restera aux Palestiniens trop peu de territoire et de liberté pour que la création d’un Etat indépendant soit une proposition sensée.


Que se passera-t-il, si la solution à deux Etats s’enlise dans un Etat palestinien failli ou, plus simplement, dans la brutalité d’une occupation israélienne prolongée ? Nous, et d’autres contribuables européens, nous continuerons à honorer la facture de l’aide – d’ores et déjà plus élevée, par personne, que pour aucun autre pays au monde – afin de parer aux pires conséquences de l’occupation israélienne illégale. En attendant, c’est notre propre sécurité et la crédibilité de la politique étrangère britannique qui en pâtiront.


L’espoir en une solution à deux Etats a uni des gens dont les sympathies allaient à l’un ou l’autre camp, et aussi ceux qui, ne prenant pas parti, étaient simplement conscients du fait que notre propre sécurité dépend d’une solution juste au Moyen-Orient.


Les partisans et les détracteurs de la guerre en Irak étaient d’accord pour dire que la paix au Moyen-Orient était essentielle si l’on voulait couper l’herbe sous les pieds d’Al-Qaida, séduisante pour des musulmans dépossédés. S’exprimant en mars 2003, Tony Blair avait déclaré : « Nous sommes tous engagés, désormais… vis-à-vis d’un Etat d’Israël, reconnu et accepté par le monde entier, et d’un Etat palestinien viable. C’est là ce pour quoi ce pays doit lutter, et c’est ce que nous ferons. »


A nouveau, la semaine passée, Tony Blair a dit : « Deux Etats – Israël, et la Palestine – vivant en paix côte à côte, feront plus, pour vaincre le terrorisme, que des balles. » Il a promis de faire de ce règlement une priorité, après les élections présidentielles américaines. Demandons-nous alors comment cette priorité peut-elle se concrétiser ?


Il est temps d’être plus courageux et plus audacieux quant aux pressions que nous pouvons exercer.


Notre gouvernement ne désirait pas que la plainte déposée contre la construction du mur soit examinée par la Cour Internationale de Justice, au motif que cela ne serait pas bon pour le processus de paix. Mais les pressions venues de l’extérieur, cela marche ! La condamnation explicite de la Cour a choqué les Israéliens et leur gouvernement et cela les a contraints à repenser le tracé du mur.


La politique israélienne peut être influencée par une pression extérieure explicite. Beaucoup de gens se demandent d’ores et déjà si l’accord d’association d’Israël avec l’Union européenne, conditionné par le respect des droits de l’homme par le pays associé, est encore justifié (et s’il ne devrait pas être suspendu). Ce genre d’option ne doit pas être écartée à la légère, d’un revers de la main.


Bien sûr, chaque attentat suicide, dans son obscénité, cache la vision générale du problème ; les citoyens israéliens ont, eux aussi, droit à la sécurité. Mais la politique actuelle d’Israël ne leur apportera aucune sécurité sur le long terme et elle risque même un jour de mettre en danger notre propre sécurité. S’il faut que des pressions extérieures soient exercées afin de faire passer le message, alors soyons prêts à y recourir.

La situation continuant à se détériorer en Irak, le moment est maintenant venu, pour Tony Blair, de tenir ses promesses.

Source : www.guardian.co.uk/

Traduction : Marcel Charbonnier

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