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ISM France - Archives 2001-2021

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Hébron -

Jeté à la mer ? Ou plutôt viré de son quartier.

Par

Jusqu'à il y a un an, Firas vivait dans la Vieille Ville d'Hébron quand lui et sa famille sont partis en raison de la violente des colons et des soldats.
Il m'a demandé de l'accompagner jusqu'à sa vieille maison que sa famille possède toujours. Il voulait voir dans quel état elle était et il savait que les soldats postés au checkpoint sous le bâtiment et les colons israéliens dans cet ancien quartier palestinien lui poseraient des problèmes, s'il y allait seul.

Jeté à la mer ? Ou plutôt viré de son quartier.


Photo : Vue sur la Mosquée et la Vieille Ville depuis la maison de Firas

Nous avons tenté de prendre la route la plus courte, en bas de la rue Shuhada, ce qui nous amènerait à 5 mn de la maison de Firas.
La rue Shuhada est fermée aux palestiniens depuis 6 ans.

Cependant, en 2007, le conseiller juridique militaire de l'IDF a déclaré en réponse à une lettre de l'Association des Droits Civiques en Israël (ACRI) que cet ordre était inadmissible.

Le capitaine Harel Weinberg, conseiller au Département de la Sécurité de l'IDF a déclaré dans une lettre adressée à ACRI que : "En ce qui concerne ce sujet, nous voudrions vous informer qu'en raison d'une enquête effectuée par la Brigade de Judée, il est évident que vous avez raison, et qu'en fait, les Palestiniens ont été interdits à tort de se déplacer à pied dans la rue Shuhada, à l'ouest de Gross Square."

Un nouvel ordre a donc été publié par des officiers de la Division de l'IDF qui autorise le déplacement des piétons, qui seront naturellement sujets à des contrôles de sécurité. Nous espérons que ce sera suffisant pour résoudre la question notée ci-dessus."

En dépit de sa declaration, les palestiniens ne sont toujours pas autorisés à marcher dans cette rue. Personne ne sait pourquoi mais je suppose que cela a quelque chose à voir avec les colons qui donnent des ordres aux soldats et non les commandants qui donnent des ordres aux colons.

Dons, sans surprise, nous sommes arrivés au poste du soldat dans la rue Shuhada et nous avons été refoulés.

Maintenant juste une minute, imaginez que vous êtes un français blanc et que vous descendez la rue avec votre ami français noir et qu'un officier de police vous dit que votre ami français noir ne peut pas descendre cette rue parce qu'il est Noir.

Rappelez-vous : maintenant qu'Israël considère ce secteur d'Hebron comme étant son territoire, et donc qu'il fait partie de la seule démocratie au Moyen-Orient (!)

Pour une carte détaillée des fermetures, voir la carte de l'OCHA, le Bureau de Coordination aux Affaires Humanitaires des Nations-Unies.

Donc nous avons pris la route la plus longue qui passe par la Vieille Ville et nous avons été arrêtés une nouvelle fois par six soldats qui m'ont demandé mon passeport et sa carte d'identité.
Au bout de 20 minutes, nous sommes arrivés à un tourniquet, installé par l'armée, devant la maison de Firas. Nous sommes passés et nous avons été immédiatement stoppés par deux soldats qui nous ont demandés ce que nous faisions.

Firas leur a dit que c'était sa maison et qu'il voulait entrer à l'intérieur.

Le soldat lui a demandé pourquoi sa famille n'y vivait plus.

A ce moment-là, j'espérais que Firas raconterait au soldat comment les colons qui vivent de l'autre côté de la rue, dans la colonie illégale de Beit Shapiro qui a été ensuite évacuée, tentaient d'entrer dans sa maison, jetaient des pierres contre leur fenêtres,
comment la famille avait du installer une porte renforcée et la fermer à clé pour empêcher cela,
comment les colons les attaquaient quand ses enfants allaient et revenaient de l'école,
comment ils devaient montrer leur cartes d'identité aux soldats et prouver qu'ils habitaient là afin de pouvoir rentrer tous les jours chez eux,
comment leurs visiteurs étaient détenus de la même façon et habituellement refusés d'entrer et qu'il raconterait ce que fut la goutte qui a fait déborder le vase.

C'est quand la sœur de Firas, Bashaer, âgée de 18 ans, a tenté un jour de rentrer de l'école et que les colons qui s'étaient rassemblés devant la porte de leur appartement ont dit au soldat de service de ne pas la laisser entrer dans la maison.

Le soldat a appliqué les ordres et il a dit à Bashaer qu'elle ne pouvait pas entrer et qu'elle devait repartir.

Elle a refusé et le soldat l'a poussée et lui a donné des coups de pied. Son père regardait la scène mais, bien sûr, il ne pouvait rien faire. Après cet incident, ils ont décidé de partir.

J'espérais que Firas raconterait ces histoires au soldat mais en même temps, je savais qu'il ne pourrait pas faire ce qu'il voulait, c'est à dire entrer dans sa maison.

Si vous dites à un soldat quelque chose dans le genre, même s'il sait que c'est la vérité, vous pouvez être sûr qu'il ne sera pas correct après cela.

Nous avons attendu pendant une heure et demi que le soldat obtienne du DCO (le Bureau de Commandement du District) la permission de nous laisser entrer.

Je ne sais pas si cela a pris réellement autant de temps pour obtenir la permission ou si le soldat nous faisait juste attendre en tant qu'élément d'un certain ensemble d'ordres nébuleux destinés à rendre difficile la vie des Palestiniens à Hebron.

Je sauterai les discussions politiques que j'ai eues avec lui, sauf la partie ci-dessous :

Soldat : D'où êtes-vous ?

Moi : des Etats-Unis.

Soldat : Etes-vous Juif ?

Moi : oui
* Le soldat a eu une expression de surprise sur son visage*

Moi : Qu'est-ce qu'il y a, vous n'avez jamais vu un Juif et un Palestinien être amis ?

Soldat : Non.

Moi : Vous n'avez pas d'amis palestiniens ?

Soldat : Non.

Moi : Il n'a pas essayé de me trancher la gorge ou de me jeter à la mer.

Soldat : Pourtant.

A la fin, le soldat nous a dit que nous pouvions entrer dans la maison pendant 15 minutes mais qu'il garderait les papiers d'identité de Firas jusqu'à ce que nous sortions.

La maison était dans un sale état, ce qui n'est pas étonnant. Le toit a une belle vue sur la mosquée Ibrahimi et la vieille ville. C'était triste.


Nous avons regardé un peu autour et nous avons pris des photos et nous avons filmé.

Puis, nous sommes partis. Je ne sais pas quand il pourra y revenir et y vivre.

Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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