Palestine - 3 septembre 2008

Les violences des colons contre les palestiniens en hausse

Par IRIN

Les violences perpétrées par les colons contre les palestiniens ont augmenté ces dernières semaines à Hébron et dans les zones avoisinantes, selon les habitants et les observateurs internationaux. « Ces zones sont des points chauds pour la violence et sont des zones prioritaires pour nous, » a dit Matteo Benatti, chef de la délégation dans la ville du Comité international de la Croix Rouge. Il faisait référence à H2, la partie de Hébron sous contrôle israélien, et la partie sud rurale du district, elle aussi principalement sous juridiction israélienne, selon les accords de 1990 avec les Palestiniens.

Colons sionistes illégaux escortés par l'armée israélienne

« Jour et nuit, nuit et jour, cela ne fait pas de différence, les colons nous maltraitent toujours », dit Jamal, un réfugié palestinien dans la quarantaine.

Donnant à la ville une histoire violente et [causant] des troubles perpétuels, la colonie au milieu d'une zone urbaine palestinienne attire, ce n'est pas surprenant, des figures radicales, certains de France et des USA qui ont immigré en Israël, et qui semblent attirés par la friction.

Beaucoup de colons sont armés et brandissent leurs fusils ouvertement, mettant les palestiniens en joue.

« Dedans, dedans », murmure une mère palestinienne du quartier de Wadi Hussein, alors qu'elle pousse ces fillettes à l'intérieur.

Un moment plus tôt, des jeunes armés de la colonie de Kyriat Arba avaient jeté des pierres sur des enfants qui jouaient dehors, juste après la tombée de la nuit.

Avoir l'avantage stratégique d'être sur une colline, alors que les palestiniens sont dans une vallée, rend le caillassage plus facile.
Sliman, un père de famille de 32 ans, s'est précipité et a dépassé les enfants pour affronter les colons, sa poitrine est soudain éclairée en rouge alors que les viseurs guidés au laser convergent sur lui. Beaucoup de pierres jetées et de jurons s'ensuivent avant que les colons s'en aillent.

Des maisons endommagées

Presque toutes les maisons palestiniennes à Wadi Hussein visitées par l'IRIN ont subi des dommages récemment, dont la destruction des réservoirs d'eau et d'innombrables fenêtres brisées.

« Je n'ai plus d'eau chaude » a dit Sliman, un réfugié enregistré par l'UNRWA, l'agence des Nations Unies responsable des palestiniens. « Ils ont jeté des pierres et détruit mon chauffe-eau solaire deux fois et mes moyens ne me permettent pas de le remplacer de nouveau ».

Le fuel pour se chauffer, dit-il, est très cher et les restrictions de mouvement imposées par les Israéliens font qu'il ne peut pas conduire dans Wadi Hussein, aussi tout est porté à l'intérieur, et les bouteilles de gaz sont lourdes.

« Pour mon troupeau, j'ai besoin de 400 Kg de fourrage chaque semaine. Chaque sac pèse 50 kg et je le porte à l'intérieur, un à la fois, sur mon dos », dit-il.

De même, les Palestiniens ruraux disent qu'ils ont des difficultés à accéder à leur terre à cause de la violence.

Les habitants disent qu'Israël ne les protége pas : « Je suis sous juridiction israélienne », dit Abu Feras, un palestinien qui vit juste le long de la Route des Fidèles, le chemin qui relie Kiryat Arba, la grande colonie juste à l'extérieur de Hébron à la plus petite colonie dans le cœur de la ville.

« J'attends que les Israéliens me protègent moi, ma terre, mes enfants. Ils ont une responsabilité envers moi en tant qu'occupant », dit l'homme effrayé d'utiliser son vrai nom.

« Si la police [israélienne] fait une descente, les colons s'arrêteront », dit il, faisant écho aux sentiments des militants des Droits de l'Homme tels que Issa Omer de B'tsélem, une association israélienne.

Rassembler les preuves

B'Tsélem a mis en route un programme appelé « Shooting Back » dans lequel des caméras sont distribuées aux palestiniens dans les zones telles que Hébron et la périphérie de Naplouse, où la violence est courante. Il espère rassembler autant de preuves que possible pour corroborer les plaintes des palestiniens et améliorer leur sécurité.

Micky Rosenfeld, un porte-parole de la police, a dit à IRIN que les fonctionnaires chargés de l'application de la loi font tout leur possible pour mettre fin à la violence. Il a dit que les officiers de police examinent les plaintes des deux côtés, ajoutant que les colons se plaignent aussi que leurs voitures sont caillassées sur les routes dans la zone de Hébron.

Pourtant, les efforts de la police n'ont pas arrêté la récente escalade, qui inclut les attaques sur les secours, les diplomates, les enfants, les personnes âgées, les mosquées et les mariages, disent les habitants et observateurs internationaux.

« Au début, cinq colons arrivent », dit Fadi, qui a été attaqué pendant la célébration d'un mariage un vendredi soir. « Ensuite d'autres viennent, avec des fusils. Ils nous frappent ».

Pendant que les Palestiniens finalement se sont ligués [contre eux] et ont « purgé » le groupe de la cérémonie, ils en ont littéralement payé le prix.

« Le dimanche nous sommes allés à la police porter plainte. Les colons aussi ont apparemment déposé une plainte contre nous, et la police nous a condamnés à une amende de 2000 shekels », dit -il. Le montant équivaut à plus de 500 dollars, plus que ce que gagne Fadi en un mois.

Alors que les colons continuent leurs tentatives pour prendre plus de terre palestinienne – dans certains cas en utilisant la force, dans d'autres avec le soutien légal des autorités israéliennes – un habitant dit qu'il doute que les problèmes soient résolus.

« Cet endroit est un baril de poudre attendant d'exploser, attendez juste de voir ».

shg/ar/cb

Source : ReliefWeb

Traduction : MM pour ISM