Palestine - 22 juillet 2006

L'Israel que nous connaissons

Par Khaled Amayreh

Les Palestiniens sous occupation militaire ont regardé avec angoisse et impuissance les images atroces de la campagne israélienne de massacre et d'horreur au Liban.
Pour un peuple qui vient d'enterrer 100 autres martyrs, victimes du terrorisme d'état israélien qui vise également des écoles, des ponts et des centrales électriques, le massacre impitoyable des civils libanais et la destruction de l'infrastructure du Liban, preuve flagrante de la sauvagerie criminelle israélienne, sont des scènes qui leur sont trop familières.

L'approbation cynique par l'administration Bush de l'agression meurtrière israélienne est également familière aux Palestiniens ainsi que le silence impuissant et la trahison de leurs frères, les Etats Arabes, et celle de l'ensemble de la communauté internationale.

"Ce qui se passe au Liban ne nous surprend pas. Nous-mêmes avons été -- et continuons d'être – massacrés quotidiennement par Israël alors que les Arabes regardent passivement comme si cela se passait sur une autre planète.
L'Occident demande seulement à Israël de nous tuer avec un peu de discrétion", disait un médecin d'Hébron alors qu'il regardait les recherches des femmes et des enfants libanais morts sous les décombres d'un bâtiment bombardé par les avions de guerre israéliens à Tyre.

L'identification des Palestiniens avec le Hizbullah se manifeste de plusieurs façons. Des portraits du cheik Hassan Nasrallah, maintenant disponibles partout, sont collés en évidence dans l'ensemble de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza.

Cela est significatif étant donné que les Palestiniens sont des Musulmans Sunnites et que Nasrallah est un chef Shiite qui, à la différence des Etats Arabes principalement Sunnites dans la région, a fait de la cause palestinienne un thème central, si ce n'est une raison d'être, du Hizbullah.

C'est la solidarité de l'opprimé vis-à-vis de l'oppresseur, a indiqué Khaled Al-Batsh, un responsable du Jihad Islamique dans la bande de Gaza, en expliquant la solidarité et l'identification des Palestiniens avec le Hizbullah. "Le Hizbullah fait tout cela pour la Palestine et à cause de la Palestine. Nous devons montrer à nos frères au Liban que nous sommes corps et âme avec eux."

Indépendamment "de solidarité dans la souffrance", les Palestiniens espèrent que la capture des deux soldats israéliens par le Hizbullah la semaine dernière, qui a déclenché en apparence le déchainement israélien actuel, mènera ensuite à la libération des centaines de prisonniers politiques et résistants palestiniens des prisons israéliennes.

Israël détient 10.000 activistes palestiniens, y compris de nombreuses femmes et enfants, dans des conditions dures, et bon nombre d'entre eux sont gardés en tant qu'otages ou pièces d'échange contre la résistance.

En début de mois, l'armée israélienne a enlevé de nombreux politiciens et des ministres palestiniens dans une démonstration d'arrogance qui avait pour but de montrer aux Palestiniens qu'Israël est le maître et que leur gouvernement démocratiquement élu -- en effet, l'ensemble de l'Autorité Palestinienne (AP) – n'avait pas un iota de souveraineté.

Certains de ces détenus, comme le ministre aux Affaires Islamiques de l'Autorité Palestinienne, le Sheik Nayef Rajoub, ont été placés en isolement dans la fameuse prison d'Askalan sans aucun but ou raison apparent.

L'emprisonnement souvent sans fin par Israël de tellement de Palestiniens, et l'énorme angoisse émotionnelle qu'éprouvent de nombreuses familles palestiniennes, a produit un consensus de solidarité avec les prisonniers chez les Palestiniens.

Selon un sondage publié en Cisjordanie cette semaine, une grande majorité de Palestiniens pense que tous les efforts possibles doivent être faits – y compris la capture de soldats israéliens -- afin de libérer les prisonniers, en particulier ceux qui ont passé plus de 20 ans derrière les barreaux israéliens.

Selon l'étude, menée par Nabil Kukali de l'Université d'Hébron, unevaste partie de Palestiniens s'opposent totalement à la libération du soldat israélien capturé par les combattants de la résistance palestinienne près de Gaza il y a un mois sans libération par Israël des prisonniers et des détenus palestiniens.
Cela, en dépit de la destruction démesurée à Gaza, et même de l'extermination de familles entières quand les avions de combat israéliens F16 bombardent leurs maisons la nuit.

De la même façon, pratiquement tous les Palestiniens prient pour que le Hizbullah se montre intraitable face à la machine de la guerre israélienne. Beaucoup de Palestiniens ont éprouvé de la fierté dans les tirs de roquettes par le Hizbullah sur plusieurs villes israéliennes, incluant pour la première fois Haïfa et Affula. "Maintenant, les Israéliens ressentiront une partie de la souffrance et de la mort qu'ils nous font subir." dit un habitant du Nord de Gaza dont la maison a été détruite par le bombardement de l'artillerie israélienne.

"Oui, je sais que leur souffrance n'est rien comparée aux massacres qu'ils effectuent ici à Gaza et là-bas au Liban, mais au moins ils peuvent avoir une idée de ce que nous subissons", a-t'il ajouté.

Certains responsables palestiniens espèrent que quand la poussière recouvrira le Liban, la communauté internationale prêtera plus d'attention à la question palestinienne, le problème central du Moyen-Orient.

"La guerre au Liban, la guerre en Irak et le soi-disant "terrorisme" sont, en définitive, purement des symptômes de la situation difficile palestinienne", a déclaré un responsable du gouvernement palestinien et conseiller du premier ministre Ismail Haniyeh.

"Le monde doit savoir qu'il ne peut y avoir aucune stabilité ou sécurité dans cette région, et probablement dans le monde, si on n'accorde pas aux Palestiniens la justice et la liberté", a-t'il ajouté.

Pour sa part, le Sécrétaire Général de la Ligue Arabe, Amr Moussa a, cette semaine, reflété la frustration et la désillusion des Arabes face à l'impuissance de la communauté internationale à mettre fin à l'occupation israélienne des territoires palestiniens occupés.

Au cours d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires Etrangères Arabes au Caire, il a averti que le chaos et la terreur se répandraient dans toute la région et au-delà, si le monde -- et en particulier les Etats-Unis -- continuait à traiter Israël comme étant au-dessus du droit international.

"Maintenant, il est clair que le processus de paix est mort ; il n'y a aucune route et il n'y a aucune carte", a d"claré un Moussa visiblement frustré, en faisant référence au "plan de Paix, la Feuille de Route" que soutiennent les Américains.

La question est noire et blanche : Si la jeunesse Arabe voit que la justice ne peut pas être obtenue par le droit international et par l'intermédiaire de l'autorité morale de la communauté internationale, qui pourra les blâmer du recours à la force pour obtenir leurs droits ?

Source : http://www.uruknet.info/

Traduction : MG pour ISM