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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Les martyrs du mouvement national des prisonniers

Par

> aferwana@gawab.com

Abdel Nasser Ferwaneh est un ancien prisonnier, qui milite pour les droits des prisonniers et détenus, et qui est directeur du département des statistiques au ministère des prisonniers et libérés

A partir des informations obtenues au cours des ces dernières années et des rapports officiels du ministère palestinien aux affaires des prisonniers et libérés, et malgré les légères différences d'estimation entre les uns et les autres, nous considérons que les martyrs du mouvement national de prisonniers se compte par dizaines, alors que des milliers de prisonniers sont en sursis.
Les chiffres risquent à tout moment d'augmenter si nous ne prenons pas des mesures fermes pour mettre fin à l'indifférence générale concernant cette question.

La mort est ordinaire et elle prend plusieurs formes, la plus sacrée est le martyre. Les martyrs ont pour nous une importance particulière. Notre histoire palestinienne est jalonnée de milliers de martyrs. A chaque martyr ses histoires et ses récits, mais les histoires et les récits des martyrs du mouvement des prisonniers restent particulières : ils étaient des prisonniers, ils manquaient de tout, ils étaient dépourvus des moyens de résistance, ils ne possédaient que l'arme de la détermination, de la volonté et de l'espoir en la liberté et la victoire.

Ils étaient isolés, mais pas isolés de leur peuple, ils furent une partie essentielle du peuple. C'est pourquoi ils furent la cible de l'occupation.

Ils furent les victimes de divers crimes de l'occupation. Ils furent les victimes de méthodes barbares et inhumaines, méthodes condamnées par les traités, conventions et lois internationales.



Au cours de cette longue marche vers la liberté, 181 prisonniers sont tombés, de différentes manières, selon les sources du ministère palestinien aux affaires des prisonniers et libérés.

Et j'espère que le dernier soit le martyr Jawad Adel Abu Mghayseb, qui a porté le n°181, de Deir el Balah, au centre de la bande de Gaza, décédé le 28 juillet dernier, dans le camp de détention militaire Ansar 3, situé dans le Naqab, du fait de la négligence médicale.



Mais ce n'est pas tout. Il y a des centaines de prisonniers décédés après leur libération, du fait de ces pratiques barbares, du fait des séquelles de la prison. Citons parmi eux Fayez al-Badawi, Walid Ghoul, Abdel Wahab Masri, Talal Tahan, Saleh Dardouna, Ahmad Khadra, Shayboub, Mahmoud Abu Madhkour. Le dernier martyr dans ce cas est le martyr arabe syrien, le prisonnier libéré Hayel Hussayn Abu Zayd, décédé à l'hêpital Rambam à Haïfa, le 7 juillet 2005.

Par ailleurs, des centaines de prisonniers souffrent de maladies chroniques, de blessures diverses, en attendant une mort certaine tant que la politique de la négligence médicale suivie par les directions des prisons israéliennes n'est pas changée.
Tout comme il y a des milliers de prisonniers libérés qui continuent à souffrir des maladies dues à la prison, à la torture et autres mauvais traitements.

Nous sommes face à une foule de victimes, certains sont décédés en prison ou après leur libération, d'autres attendent...



Les prisonniers : cobayes des industries pharmaceutiques israéliennes

De par notre expérience, de par les enquêtes et les recherches, nous savons que plusieurs prisonniers libérés ont été atteints de maladies soit chroniques, soit difficiles, même plusieurs années après leur libération. Une étude statistique montre que l'expérience de la prison et de la torture n'est pas étrangère à ces maladies.

Ce qui renforce cette assertion, c'est le fait qu'un membre de la Knesset israélien, président d'un comité scientifique, Dalia Ezek, a fait état il y a quelques années de l'existence de 1000 expériences de médicaments dangereux, en phase d'essai, faites sur les prisonniers palestiniens et arabes en Israël.

Le ministère israélien de la santé s'est habitué à donner des milliers d'autorisations tous les ans, à des formes pharmaceutiques, pour mener des expériences sur les prisonniers palestiniens, comme l'a découvert Ami Levtat, présidente du département des médicaments dans le ministère israélien de la santé, devant la Knesset, ajoutant que tous les ans, 15% d'autorisations supplémentaires sont données par le ministère pour mener les expériences de ces médicaments sur les prisonniers arabes et palestiniens.

Il est évident que de telles pratiques sont une violation flagrante de l'article 13 de la convention de Genève relative aux prisonniers.

Ce qui signifie qu'en réalité, les martyrs du mouvement national des prisonniers ne s'élèvent pas à 181 seulement, mais ceux-là font partie d'une longue liste qui risque de s'allonger si nous n'agissons pas rapidement.

Concernant les 181 martyrs du mouvement des prisonniers, décédés entre 1967 jusqu'à ce jour, nous pouvons relever trois causes principales : la torture, la négligence médicale et l'exécution de sang froid du détenu lors de son arrestation. Certains prisonniers ont été également éxécutés par les gardiens et milices des prisons.



La torture

70 prisonniers sont décédés du fait des tortures. Le premier martyr est Yousef Jabali, décédé au début de l'année 1968 dans la prison de Naplouse. Nous avons également les martyrs Younes Abu Sbitan, Awn al-Ar'ir, Muhammad al-Khawaja, Ibrahim Ra'i, Khadr Tarazi, Mustafa Akawi, Atiya Za'anin, Khaled Sheikh Ali, Abdel Samad Hurayzat,....

Israël est le seul Etat dans le monde à avoir légalité la torture dans ses prisons qui est devenue la méthode essentielle de son comportement avec les prisonniers. Les recommandations de la commission Landau en 1987, approuvées par la Knesset, ont mis les bases de la légalité de la torture en protégeant les services de renseignements qui en sont les principaux responsables.

Après le scandale suscité par les médias suite au décès du prisonnier Abdul Samad Hurayzat, le 25 avril 1995, dans les dédales du centre d'interrogatoire d'al-Moskobiyya, qui venait de subir la pratique des secousses, la cour suprême de l'Etat d'Israël a émis plusieurs décisions en 1996 qui autorisent les instructeurs de la sécurité israélienne à utiliser les pressions corporelles modérées, si l'instructeur est certain que le prisonnier cache des informations importantes pour la sécurité de l'Etat, ce que les services de sécurité et juridiques de l'Etat ont nommées "la bombe à retardement".

L'instructeur a donc le droit d'utiliser la pression corporelle renforcée et la méthode de la secousse violente contre les détenus, lors des interrogatoires, à condition que l'instructeur ait reçu l'autorisation de son responsable hiérarchique, remontant jusqu"au directeur de la Shabak, s'il a "besoin" d'utiliser des méthodes de plus en plus poussées.

Mais en septembre 1999, la cour suprême de cet Etat a émis une décision interdisant l'utilisation des moyens corporels contre les détenus. Mais cette décision n'a pas été traduite dans les faits, ni n'a supprimé l'utilisation de la torture ni l'a limitée.

Bien que de nombreux traités et conventions internationales aient interdit l'usage de la torture, comme la déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, le traité international pour les droits civiques et politiques de l'année 1966, le traité contre la torture du 26 juin 1987 représente la date de son application effective.

Le gouvernement de l'occupation a utilisé, concernant la torture, près de 80 formes de torture physique et morale, comme le Shabeh, la secousse violente, les coups, la mise en frigo, les brûlures de cigarettes, l'interdiction de sommeil, le harcèlement sexuel, l'isolement. Ces formes n'ont pas été utilisées contre uniquement des jeunes gens ou des hommes de la résistance, mais contre les enfants, les vieillards et les femmes, et même contre les proches, les amis et les voisins des prisonniers.

Ceux qui furent torturés n'ont pas tous survécu pour nous parler de ce qu'ils ont subi, et ceux qui ont survécu n'ont pas tous les capacités de nous en parler, mais beaucoup de ceux qui ont survécu ont parlé, avec amertume, de ce qu'ils ont subi. Ils gardent toujours les conséquences de ces actes subis, bien qu'ils aient été libérés depuis plusieurs années.

J'ai personnellement vécu plus d'une expérience d'interrogatoires, mais la plus dure fut celle de la fin de l'année 1989, où je suis resté dans les cellules des interrogatoires près de 100 jours. J'ai subi les pires formes de torture : des jours et des nuits plié dans un frigo, où je n'en sortais que pour les interrogatoires. Je garde toujours en souvenir l'image de cet instructeur, qui jouissait de nous torturer.

Mais je garde en moi surtout l'image du prisonnier martyr Khaled Sheikh Ali, qui est décédé dans les cellules de la torture dans la prison de Gaza, le 12 décembre 1989. J'étais à ce moment dans "al-maslakh" (l'abattoir) ou ce que nous avons appelé al-bass (le bus) qui est un long couloir ressemblant à un bus, où les prisonniers étaient alignés, sur deux cêtés, debout ou assis sur des chaises, spéciales pour la torture, les cellules de la torture sur les deux cêtés, à l'arrière. Les instructeurs se mettent tout à coup à gesticuler, à crier, mettant une barrière derrière nous afin que nous ne voyions pas ce qui se passe, par les trous des sacs qui enfermaient nos têtes.

Mais nous avions compris, par leurs discussions en hébreu, que quelque chose est arrivé à l'un des prisonniers. Quelques jours plus têt, le 3 décembre, j'étais dans une cellule minuscule, sale, où les raysons du soleil n'arrivaient jamais. Elle portait le numéro 14. D'un coup, nous avons entendu une voix, un cri, en arabe, venant d'un traître qui travaille dans les cellules. Il venait d'ouvrir la cellule n°12, et avait trouvé le martyr Jamal Abu Sharkh étendu après les séances de torture. Ils l'avaient torturé sauvagement et ensuite, exécuté, pour se venger, car il avait écrasé plusieurs soldats israéliens dans la rue an-Nasr, à Gaza, tuant et blessant plusieurs d'entre eux.

C'est un sentiment de vengeance qui s'élève en moi lorsque je me remémore ces faits, avec la douleur et l'amertume. Vengeance non seulement envers les instructeurs mais envers ceux qui leur ont donné les ordres et le droit de le faire, leur assurant toute la protection nécessaire. Mais je ressens également de la honte, car en tant que prisonniers libérés, en tant que juristes et acteurs dans des institutions humanitaires, nous n'avons pas réussi à mettre fin à cette torture, comme nous n'avons pas encore réussi à poursuivre ces criminels ni à soutenir leurs victimes.

Le quotidien Haaretz a dévoilé il y a peu de temps dans un rapport que les instructeurs israéliens se réjouissaient en torturant les prisonniers. Pour eux, tout Palestinien était un ennemi. La cause de ces pratiques inhumaines envers les prisonniers est leur certitude, au soldat et à l'instructeur, qu'ils ne seraient pas sanctionnés pour leurs actes, mais au contraire, qu'ils seraient soutenus par leurs collègues et responsables. Aucun responsable israélien n'a jamais été traduit devant une quelconque instance pour être jugé ou questionné à propos des crimes de guerre qu'il a commis dans les cellules des interrogatoires et dans les prisons, car la loi israélienne lui a assuré la protection et interdit de les traduire en justice.

Le rapport indique aussi que la vie du prisonnier palestinien ne vaut plus rien pour l'institution militaire et sécuritaire israélienne, jusqu'au point où des soldats ont déclaré que les actes et pratiques de d'humiliation et de déshumanisation, de répression sauvage qu'ils menaient envers les prisonniers ne représentaient pour eux qu'un des moyens de passer le temps et de se réjouir.

Les pratiques envers les prisonniers menacent leurs vies tous les jours. Les diverses statistiques indiquent qu'il est rare qu'un prisonnier ne soit pas soumis à une au moins des formes de torture, la plupart sont traités de façon inhumaine et dégradante. 99% des prisonniers ont été soumis aux coups, 93% ont été soumis à la privation de sommeil, 92% ont été mis en position de bout pendant de longues périodes, 88% ont été soumis au shabeh (positions pour briser le dos du détenu), 68% ont subi la mise en frigo.



Israël : premier exportateur des outils de torture

Israël ne s'est pas contenté d'être le seul Etat à légaliser la torture, mais il est le premier Etat producteur et exportateur des outils de torture. Dans un rapport d'un organisme international spécialisé dans les droits de l'homme, intitulé "les marchands de la douleur", il est mentionné que l'Etat d'Israël est l'Etat qui produit le plus d'outils de torture, comme les menottes, les chaînes, les sièges, des produits chimiques divers comme les gaz pour les nerfs, les gaz lacrymogènes, les appareils de choc électriques.

Concernant les prisonniers décédés des suites de la torture, une comparaison entre les martyrs de la première Intifada et la seconde nous montre que pendant les sept années de la première intifada, 23 prisonniers sont décédés des suites de la torture, alors que pendant les cinq années de l'Intifada al-Aqsa, deux prisonniers sont décédés des suites de la torture.



La négligence médicale

40 prisonniers martyrs sont décédés du fait de la négligence médicale dans les prisons israélienne, le premier étant le martyr Abdel Qader Abul Fahem, qui est décédé au cours des grèves du mouvement national des prisonniers, au milieu de 1970, dans la prison de Ascalan. D'autres prisonniers martyrs sont décédés des suites de la négligence médicale, comme Hajj Ramadan al-Banna, Umar Awadallah, Umran Abu Khalaf, Ishaq Maragha, Rasem Halawi, Ali Jaafari, Anis Dawla, Salah Abbas, Salim Abu Sbeih, Umar Qasem, Qandil Alwan, Hussayn Ubaydat, Yousef Ar'ir, Muhammad Dahamine, Walid Amrou, Bashir Uways, Muhammad Abu Hadwan, Rasem Ghunaymat, Bashar Bani Odeh, ...

C'est une politique délibérée et systématique pratiquée dans les prisons israéliennes : elles sont dépourvues de centres de soin appropriés, de médecins spécialistes, et des médicaments nécessaires. La pilule d'Acamol est ce qui devrait soulager tous les maux. Cette pratique de la négligence médicale est en violation avec les conventions de Genève relatives aux prisonniers.

L'association internationale de l'amitié avec les humains, dont le siège est à Vienne, a écrit dans un rapport publié au milieu de cette année que les "détenus palestiniens dans les prisons israéliennes vivent des conditions exceptionnelles concernant la santé, il est rare que des détenus ou prisonniers vivent dans de telles conditions dans d'autres régions".

Le médecin dans la prison israélienne est le seul médecin au monde qui puisse soulager tous les maux sur cette terre, avec une seule pilule, qui s'appelle Acamol, qui contient du paracétamol. Il est vrai qu'il utilise parfois l'eau courante, un simple verre d'eau soulagerait le prisonnier, selon lui.

L'absence des médecins spécialisés, des soins spécialisés, ou les appareils médicaux spécifiques pour aider les prisonniers dont les membres sont artificiels, ou ceux qui ont besoin de lunettes, ou d'appareils respiratoires particuliers, l'absence de pièces spécifiques pour isoler les prisonniers atteints de maux qui se propagent, le transport des malades vers les hêpitaux dans des camions non aérés, les pieds et les mains attachés, tout cela concourt à accentuer la politique délibérée de la négligence médicale.


A cela il faut ajouter la malnutrition, avec le manque de calcium, la prolifération des insectes, des odeurs nauséabondes des égouts, la forte chaleur et le froid mordant surtout dans les prisons situées dans le Naqab, ainsi que les pressions psychologiques auxquels sont soumis les prisonniers, tous ces facteurs favorisent les maladies, les crises cardiaques.

Le médecin de la prison se comporte avec le prisonnier comme s'il se trouvait en face d'un ennemi. Le médecin pratique souvent la torture des prisonniers et est un des éléments du chantage exercé sur le prisonnier, qui consiste à lui proposer un traitement en contrepartie de renseignements ou des renseignements.

Dès l'arrestation, lorsque le prisonnier est emmené dans le centre de détention, il est vu par un médecin qui devrait établir son état de santé, mais non pour le soigner en cas de problèmes, mais surtout pour en informer les services de renseignements qui déterminent ses points faibles au niveau de sa santé : ce qui est utile pour savoir quelle méthode de torture utiliser, quelles pressions exercer, les zones corporelles utiles à frapper, etc...

Une comparaison entre les prisonniers martyrs au cours de la première Intifada et l'Intifada al-Aqsa montre que au cours de la première Intifada (7 ans), 11 prisonniers sont décédés des suites de la négligence médicale, et 10 prisonniers sont décédés au cours de l'Intifada al-Aqsa (5 ans).



Les exécutions après les arrestations

71 prisonniers ont été exécutés après avoir été arrêtés. Qasim Ahmad Al-Jaabari de la ville d'al-Khalil, qui fut exécuté le 27 mai 1969 en le jetant d'un avion israélien après son arrestation. Il y a aussi les martyrs Ahmad Abu Diy, Haris Abu Haya, Ali Abu Sultan, Hasan Abu Rakba...

Il s'agit d'une ancienne politique pratiquée contre les prisonniers, dès les premières années de l'occupation mais elle s'est étendue au cours de l'Intifada al-Aqsa, avec 47 martyrs, alors qu'au cours des vingt années de l'occupation de 1967 à 1987, 16 prisonniers ont été exécutés.

Les exécutions sont menées sous différentes formes, soit juste après l'arrestation, le prisonnier est tué par un coup de feu, tiré de près, ou il est emmené à un lieu où il est exécuté, prétendant qu'il a essayé de fuit. Les coups de feu peuvent être tirés de loin en prétendant que le prisonnier essayait de s'enfuir, alors qu'ils savent qu'il n'est pas armé et qu'il est facile de le rattraper.

Il y a aussi la méthode de laisser un blessé se vider de son sang jusqu'à sa mort, en le frappant, le torturant et/ou en refusant de lui apporter les soins.

Certains martyrs ont été exécutés par les geêliers dans les prisons. Ils sont au nombre de 6. Ils sont décédés lors des affrontements entre les geêliers et les milices d'une part et les prisonniers de l'autre. Le prétexte des coups de feu et des exécutions est que le prisonnier s'est approché du soldat ou du geêlier pour l'agresser, ou bien qu'il cherchait à s'enfuir. Dans tous les cas, le prisonnier n'est pas armé, il ne représente aucunement un danger pour la vie de ces gardiens ou soldats armés jusqu'aux dents.

Parmi les prisonniers exécutés de cette maière, Asaad Jabra Shawa de Gaza, Ali Ibrahim Samoudi d'al-Yamoun (Jénine) qui furent exécutés dans la prison du Naqab, le 16 août 1988, Nidal Zuhdi Dib de Ramallah, exécuté le 8 février 1989 à Meggido, Abdallah Muhammad Abu Mahrouqa, de Deir Balah, éxécuté le 2 septembre 1989 à Ansar II.

D'après les chiffres fournis par le ministère palestinien aux affaires des prisonniers et libérés, les martyrs parmi les prisonniers furent les plus nombreux au cours de l'Intifada al-Aqsa, en comparaison avec les périodes 1967 - 1987 et celle de la première Intifada. Ce qui prouve que l'Etat d'Israël a adopté une politique systématique visant à tuer et exécuter les prisonniers.



Les raisons d'une telle politique

Lorsque l'Etat d'Israël a occupé le reste des régions palestiniennes, en 1967, sa présence s'est étendue dans toutes les régions et les camps. Il axait sa politique répressive sur les arrestations massives, de façon à obtenir des informations sur la résistance et le lieu de son action. Au cours des vingt années qui ont suivi l'occupation, de 1967 à 1987, 400.000 Palestiniens ont été arrêtés, ce qui représente 20.000 par an.

Au cours de cette période, les méthodes dures et mortelles ont été utilisées dans les cellules des interrogatoires envers ceux qui sont considérés comme étant les responsables des actes de résistance ou comme étant les dirigeants de la résistance. Malgré la torture, les résistants refusaient d'avouer, ce qui explique le nombre important de martyrs, décédés par suite des tortures, au cours de cette période.

Au cours de la première Intifada, les arrestations se sont encore étendues, 200.000 arrestations entre décembre 1987 et ma mi-1994, soit 30.000 par an.
Entre la mi-1994 et le début de l'Intifada al-Aqsa, au cours de l'instauration de l'Autorité Palestinienne, les arrestations furent moins importante, elles sont estimées cependant à 10.000, et le nombre de martyrs au cours de cette période chute à 8 martyrs.

Au cours de l'Intifada al-Aqsa, la situation est entièrement changée. Les forces de l'occupation ne dominent plus toutes les villes et ne sont plus présentes dans toutes les régions, malgré leur puissance militaire à laquelle il faut ajouter leur immoralité. Les forces de l'occupation ont envahi des villes et procédé à des campagnes d'arrestations massives, touchant toutes les catégories de la population (jeunes, enfants, vieillards). Entre le 28 septembre 2000 et juillet 2005, 40.000 Palestiniens ont été arrêtés, soit 8000 par an.

Mais les résistants actifs étaient toujours dans les régions palestiniennes. Les forces de l'occupation, au lieu de se retirer, ont au contraire intensifié leur politique d'assassinats. C'est ce qui explique que pour les résistants faits prisonniers, les forces de l'occupation les exécutaient par vengeance la plupart du temps, à cause de leur rêle dans la résistance, comme Abu Jandal et Ali al-Joulani.

Les autorités de l'occupation ont poursuivi leur politique d'assassinats parce qu'elles n'ont pas été fermement dénoncées par les gouvernements et les organismes internationaux de défense des droits de l'homme, alors qu'il s'agit de crimes de guerre.
Aucune politique de dissuasion n'a été levée en face des pratiques israéliennes qui sont pourtant de graves violations des droits de l'homme, et notamment du droit à la vie.

Il faut ajouter que parmi les 181 martyrs parmi les prisonniers, 7 martyrs sont originaires des pays arabes et d'ailleurs, comme Muhammad Khurayzat, du Liban, qui a été exécuté deux jours après son arrestation, Hasan Sawarka, d'Egypte, décédé au cours de la torture à la prison de Ascalan, Umar Shalabi, de Syrie, décédé sous la torture dans la prison de Ascalan, Nasar Huwaytat, de Jordanie, décédé à cause de la négligence médicale à l'hêpital de la prison de Ramleh, Naser Hayb, de Syrie, décédé sous la torture dans la prison de Ramleh, Salah Abbas, d'Irak, Mikhaël Baba Lazaro, de la Grèce, décédé en 1983 à l'hêpital de la prison de Ramleh.



Appel

En conclusion de cette étude, je m'adresse à toutes les organisations et organismes des droits de l'homme, à tous les hommes et femmes épris de paix et de démocratie dans le monde, leur demandant de considérer la question des prisonniers comme une question centrale pour le peuple palestinien. Seule la libération de tous les prisonniers peut permettre la réussite de tout accord pour une paix juste.

Il est nécessaire que des plaintes soient déposées devant les tribunaux internationaux contre les responsables des actes de tortures commis dans les prisons israéliennes.

L'Autorité Palestinienne, les forces nationales et islamiques ainsi que les institutions civiles doivent agir pour mettre en place des structures d'aide aux victimes de la torture, pour les prisonniers libérés, des structures pour les aider à la réinsertion sociale, professionnelle et psychologique.

Afin de préserver la mémoire des martyrs du mouvement national des prisonniers, il est important de travailler à réunir toute la documentation nécessaire.

Et gloire à tous nos martyrs.

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