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Gaza - 17 avril 2006
Par Laila al-Haddad
Ma voisine et amie, B., a récemment été admise en Master de Technologie à l’Université Bir Zeit de Ramallah. Elle a une trentaine d’années.
Après de nombreuses tentatives, elle a dû abandonner (après avoir payé un semestre de cours) parce qu’Israël a obstinément refusé de lui délivrer son permis, pour des raisons… vous devinez… de sécurité.
B. n’a pas vu sa sœur, qui habite à Ramallah, depuis cinq ans, à cause des interdictions de circulation. Tout ce qu’elles peuvent faire, c’est échanger des photos au moyen du blog familial ou se téléphoner, alors qu’elles ne sont séparées que par une heure de route. La lune semble plus proche ! Et ceci est le cas de presque tous les habitants de Gaza.
B. et sa famille sont arrivées de Syrie pendant la "période Oslo", avec beaucoup d’autres Palestiniens vivant à l’étranger.
Après des années d’exil, ils ont pu obtenir des permis, quelquefois des cartes d’identité (éditées par Israël) à la suite d’une tractation qui autorisait de nombreux Palestiniens à rentrer à Gaza. B. dit maintenant qu’elle a quitté une prison extérieure, avec interdiction de vivre sur sa terre natale, pour une prison intérieure, avec interdiction de bouger, d’étudier ou de voir sa famille.
B. a dû abandonner tous ses rêves de formation à cause des "super-surveillants" israéliens.
"Le soldat du check-point ou l’employé derrière le guichet de l’Administration Civile… les super-surveillants d’Israël ("Israëli uber-wardens")… sont les derniers, les plus petits des maillons dans le faisceau des restrictions et des limitations… implantant une mentalité de gardien de prison dans la tête de milliers de jeunes israéliens, soldats, employés ou policiers – la mentalité empoisonnée de ceux qui traitent plus faibles qu’eux avec impunité", explique Amira Hass (2), dans un article saisissant où elle décrit d’une manière très éloquente la matrice du contrôle israélien sur les Palestiniens.
"Un faisceau de barrières physiques et corporelles de tous types et dimensions (barrages routiers, blocage des routes, blocus, barrières, murs, portes d’acier, routes interdites à la circulation, chaussées défoncées, cubes de béton) et au moyen de tout un assortiment fréquemment actualisé d’interdictions et de limitations."
Des interdictions périodiques complètent les permanentes, et, en fin de compte, rien de tout cela n’est "nouveau", dit Amira Hass, parce que l’asphyxie des Palestiniens et la rupture de leur vie quotidienne sont devenues "la routine".
Nous, habitants de Gaza, ne pouvons pas aller en Cisjordanie .
Les Palestiniens, y compris les résidents de Jéricho, n’ont pas le droit d’aller dans la Vallée du Jourdain.
Les Palestiniens résidant à Jérusalem Est ne peuvent se rendre dans les villes de Cisjordanie (à part Ramallah).
Les citoyens de Pays Arabes, comme mon mari (pas seulement les réfugiés mais de n’importe quel statut, puisque Israël contrôle les autorisations de regroupement familial) mariés à des Palestiniens sont interdits d’entrée en Cisjordanie et à Gaza.
Dans le cas de Gaza, la Cisjordanie est à 70 kms.
Mais des centaines de milliers de Palestiniens de Gaza qui ont de la famille en Cisjordanie ont été dans l’impossibilité de leur rendre visite depuis des années, et beaucoup d’autres, dont la candidature a été acceptée dans une université de Cisjordanie , n’ont pu suivre leurs études parce que, pour citer un nouveau règlement (janvier 2006) de la Haute Cour israélienne, pris en réponse à l’Appel de 10 étudiants de Gaza désirant étudier la thérapie occupationnelle (il n’y a qu’un seul spécialiste en thérapie occupationnelle dans tout Gaza et 25.000 blessés) à Bethlehem : "Les universités de Cisjordanie sont le lit du terrorisme" … et "Gaza est une entité étrangère dont l’Etat d’Israël n’est plus responsable"…
… contrôle sans responsabilités, la véritable formule du "désengagement", la recette pour l’ultime désastre.
Occupation ? Quelle occupation ?
NOTES :
(1) Blog de Laïla al-Haddad
(2) in Haaretz, 13 avril 2006
Source : http://www.palsolidarity.org/
Traduction : MR pour ISM
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Laila al-Haddad
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