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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Lisa Taraki : "Si des producteurs de tomates israéliens ne doivent pas être exemptés du boycott, il n’y a aucune raison pour que les universitaires aient une immunité spéciale !"

Par

Lisa Taraki enseigne la sociologie à l’université de Bir Zeit en Palestine. Elle est membre fondateur de la campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël. Cette campagne fait partie de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions). Propos recueillis par Mireille Court et Chris Den Hond, le 22 avril 2009, à Bir Zeit, Palestine.

"Il est très important de noter que les universités palestiniennes au moins depuis fin des années 70 ont été ciblées par le régime d’occupation à travers plusieurs types de politiques. La plus importante, toutes ces années, a été l’emprisonnement et l’exil de plusieurs dizaines de milliers d’étudiants et aussi des professeurs d’Université. Et ça continue jusqu’à aujourd’hui. Il y a eu une pratique régulière de fermer des universités à cause de l’opposition à l’occupation et des manifestations de protestation des étudiants."

Lisa Taraki : 'Si des producteurs de tomates israéliens ne doivent pas être exemptés du boycott, il n’y a aucune raison pour que les universitaires aient une immunité spéciale !'

Le soutien et la solidarité que nous avons reçus d’institutions universitaires israéliennes ou même d’universitaires sont pratiquement nuls. En termes de soutien de la part de l’Université israélienne, en général, je peux dire que c’est pratiquement zéro et c’est bien un des aspects les plus décevants du milieu universitaire israélien, parce que les institutions d’éducation supérieure palestinienne se trouvent à une très courte distance des institutions israéliennes. L’université hébraïque (à Jérusalem) se trouve à moins de 20 kilomètres ou moins d’ici, et pourtant ces institutions, par leur silence, ont été complices, de notre point de vue.

Récemment, il y a environ un an, un groupe de présidents d’universités ont fait une déclaration dans laquelle ils appellent à un meilleur accès et à liberté de mouvement pour les étudiants palestiniens. La déclaration était totalement enveloppée dans des termes droits de l’homme : liberté de l’éducation, libre accès aux institutions d’enseignement. Comme beaucoup de Palestiniens ici, j’ai pensé que c’était trop peu et trop tard. Notre problème n’est pas en premier lieu l’accès à l’université, notre problème c’est notre liberté en tant que peuple. En fait, il n’y avait pas de condamnation dans la déclaration. C’était une espèce d’appel aux militaires pour aider à améliorer la liberté de circulation pour les universitaires palestiniens. C’est trop peu.

Je crois que les institutions universitaires israéliennes ont une responsabilité. S’ils font partie du monde universitaire international, ce qu’ils désirent tellement, alors ils doivent se rendre compte qu’il y a une population contrôlée par leur Etat. Cet Etat dénie absolument toutes les libertés dont eux disposent. Beaucoup de mes collègues et moi-même considèrent que la réponse appropriée pour faire bouger des universitaires israéliens, c’est de cibler leurs propres institutions avec de la pression et pas de la persuasion. Nous pensons que ni la diplomatie ni la persuasion n’ont fonctionné.

CHAQUE UNIVERSITAIRE ISRAELIEN SAIT PERTINEMMENT CE QUI SE PASSE ICI

Je dois vous dire que les universitaires et les universités israéliens savent bien ce qui se passe ici. Chaque universitaire israélien doit servir dans l’armée israélienne et comme réserviste et je crois qu’environ 99% ne refusent pas leur service militaire, alors ils savent pertinemment ce qui se passe sous l’occupation. Il ne s’agit pas d’un manque d’information, c’est un manque de volonté.

Le B de la campagne BDS veut dire Boycott. Ca s’adresse surtout aux individus et aux organisations au niveau international. Quand nous parlons ici d’un boycott académique et culturel, il s’agit d’un boycott mis en pratique par des individus. Des universitaires individuels au Royaume Uni, en Belgique ou en France décideront que lui ou elle ne participera pas à une conférence en Israël, par exemple, que lui ou elle n’écriront pas un article pour une publication basée dans une université israélienne, que lui ou elle ne fera pas la critique d’un article sponsorisé par une fondation qui soutient Israël. L’idée est de demander à des universitaires européens et américains individuels de ne pas coopérer avec des institutions israéliennes.

Il n’y a aucun problème à inviter un universitaire israélien à rendre visite à votre institution universitaire aussi longtemps que lui ou elle ne représente pas son institution, qu’il ne vient pas pour appliquer un accord de coopération entre les institutions.

BOYCOTT DES INSTITUTIONS ISRAELIENNES

Nous appelons des institutions européennes à ne pas signer des accords de coopération avec des institutions israéliennes, comme une coopération de recherche ou d’échange entre facultés ou échange d’étudiants, il y a beaucoup de formes différentes de ce type de coopération.

Le monde universitaire israélien ne peut pas être exempté des appels au boycott. Beaucoup de gens ont essayé d’argumenter que l’université est un endroit spécial qui devrait être protégé parce que quelque part "les universités israéliens sont le dernier bastion d’opposition au statu quo" et "si tu attaques les universitaires, qu’est-ce qui reste encore ? ".

Notre opinion est la suivante : si des producteurs de tomates israéliens ou d’avocats ne peuvent pas et ne doivent pas être exemptés du boycott, il n’y a aucune raison pour que les universitaires aient une immunité spéciale ! En fait, ils tirent des bénéfices du système qui nous opprime, je parle des structures de domination. Eux ils en font partie, ils ne l’ont pas défié, alors ces institutions ne peuvent pas revendiquer d’être spéciales.

Les principales institutions universitaires, comme les institutions de recherche ou de culture, n’ont jamais fait de prise de position publique contre les formes d’oppression des Palestiniens. Aucun d’entre eux – et surtout pas les universités – n’a jamais fait une déclaration publique en soutien de notre droit à l’enseignement.

Ce qu’on demande particulièrement aux Européens c’est de rester vigilants. Quand ils entendent parler d’un festival de films israélien, ou de films israéliens dans un festival de films européen, de vérifier, non pas qui est l’artiste ou le réalisateur, parce que le boycott ne vise pas les individus, mais de vérifier comment c’est présenté et qui sont les sponsors. Ce sont les questions importantes à poser. Est-ce que l’ambassade israélienne dans le pays concerné fait partie des sponsors ? Est-ce que le nom du ministre israélien des affaires étrangères ou de l’ambassade figure sur la brochure de la conférence ? Si oui, c’est une raison claire de faire supprimer cette partie du festival.

APRES GAZA

C’est spécifiquement à cause des massacres à Gaza que nous avons mobilisé beaucoup de gens en Europe, en Australie, aux Etats-Unis, où c’est particulièrement difficile d’avoir un mouvement. Cela les a mobilisés pour soutenir la logique du BDS. La logique du BDS est la pression, pas la persuasion. Alors je crois qu’aujourd’hui il y a vraiment un grand espoir, parce que pour la première fois aux Etats-Unis, il y a maintenant une campagne pour le boycott académique et culturel. Ce n’était pas concevable il y a 6 mois aux Etats-Unis.

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Pétition
Non au terrorisme de l’Etat d’Israël

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Article paru sur la liste de diffusion "Assawra"
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Source : Aloufok

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6 juin 2009