Gaza - 4 janvier 2009

Réflexions sur l’holocauste israélien à Gaza

Par Khaled Amayreh

Israël n’est pas seulement en train de semer la mort, la terreur et le chaos parmi les Gazaouis sans défense. Il est aussi en train d’implanter la haine, beaucoup de haine, dans les cœurs et les esprits des millions de gens qui voit Israël décapiter Gaza. (...)
Cependant, le Hamas est à coup sûr en train de gagner les cœurs et les âmes des masses arabes, de Casablanca à Bahrein. Ceci ne lui apportera peut-être pas des bénéfices tangibles immédiatement, mais les gains à long terme sont absolument certains, et c’est exactement ce qu'il cherche.

L’holocauste virtuel qu'Israël a entrepris en ce moment dans la Bande de Gaza fait beaucoup de victimes parmi les civils innocents. Les scènes choquantes parlent d’elles-mêmes. Leur caractère horrible transcende la réalité et va bien au-delà des mots les plus éloquents.

Gaza 2008-2009 ressemble beaucoup à Dresde 1945. Et comme Dresde a été anéantie par la Royal Air Force à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les 1,5 million d’habitants de Gaza sont décapités et terrorisés par l’armée israélienne, la Wehrmacht de notre époque.

Mais il y a évidemment une différence fondamentale et manifeste entre Gaza et Dresde. Dresde était ciblée par les alliés en un acte de pure vengeance et de revanche pour ce qu’avait fait la machine de guerre nazie, dont les attaques allemandes sur Londres et d’autres villes britanniques.

Gaza n’a commis aucun crime contre Israël. C’est même l’inverse qui est vrai. Avons-nous oublié que la masse des victimes de Gaza, qui sont en train d’être anéantis par la machine de guerre sioniste, sont des réfugiés et leurs enfants et petits-enfants déracinés de leurs villes et villages de l’autre côté de la frontière à l’intérieur d’Israël ?

En 1948, Israël les a chassés, dans une vague de nettoyage ethnique génocidaire, et depuis lors, a essayé de les liquider en bombardant leurs maisons, tuant leurs enfants, détruisant au bulldozer leurs fermes et, dernièrement, en essayant de les faire mourir de faim.

Et maintenant, les six décennies de règne de terreur et de mort se poursuivent par un holocauste aérien, pour ça pour montrer le « pouvoir juif » et « son héroïsme » ! Où est l’héroïsme quand on possède le fin du fin de la machine américaine de mort qui fait pleuvoir des missiles et des bombes sur des immeubles résidentiels sans protection, des mosquées, des rues, des pharmacies, des internats de collège ? Ce n’est pas de l’héroïsme, c’est un véritable acte de lâcheté.

Les Nazis se sont ligués contre un peuple sans défense il y a plus de six décennies, mais ils ne prétendaient pas agir avec héroïsme comme les dirigeants israéliens égocentriques et joyeux le font maintenant.

La vérité, c’est que Gaza est en train d’être crucifiée parce qu’elle refuse de se soumettre à la cruauté et à la suprématie de la « sainte tribu », parce qu’elle refuse de mourir tranquillement et continue à s’accrocher à la vie et à rechercher des lendemains meilleurs, parce que Gaza dit : « la liberté ou la mort ».

Les nazis de notre époque veulent que Gaza meure tranquillement, ou du moins aussi tranquillement que possible. La conduite israélienne ne laisse aucun doute sur les desseins diaboliques de l’entité judéo-nazie.

Mais l’armée israélienne et les pouvoirs politiques ne veulent apparaître devant le monde pour ce qu’ils sont réellement, comme des nazis par excellence qui pensent, se conduisent et agissent comme les nazis. C’est la raison pour laquelle ils essaient de masquer leurs crimes par une campagne frénétique de mensonges fabriqués.

Mais les nazis sont les nazis, même avec des noms juifs et même s’ils prétendent être les victimes. En bref, il importe peu que les nazis s’appellent eux-mêmes « les choisis » ou « la race des maîtres » ou « ubermenschen » ou même « victimes ».

Semer la haine

Israël n’est pas seulement en train de semer la mort, la terreur et le chaos parmi les Gazaouis sans défense. Il est aussi en train d’implanter la haine, beaucoup de haine, dans les cœurs et les esprits des millions de gens qui voit Israël décapiter Gaza.

Cela va être sans aucun doute un des contre-coups le plus durable de cette folie.

Les images épouvantables et fantasmagoriques que des centaines de millions d’Arabes et de Musulmans et d’autres partout dans le monde voient sur leurs écrans de télévision sont une prescription sure pour des décennies de haine et d’inimitié menaçante envers les Juifs partout dans le monde musulman.

Les enfants arabes et musulmans n’auront pas besoin de lire quoique ce soit sur le nazisme israélien dans leurs livres de classe. Ils le voient en direct sur leurs écrans.

Disons le clairement à ceux qui veulent l’entendre. Israël est en train de dire à une génération toute entière de Palestiniens, d’Arabes et de Musulmans que soit ils se rendent au Troisième Reich juif, soit ils deviennent des « terroristes ».

Ils deviendront des « terroristes », et qu’il en soit ainsi.

Le massacre pornographique aura finalement un effet boomerang sur Israël et, c‘est regrettable, sur les Juifs. Malheureusement, beaucoup de Juifs innocents paieront le prix tout comme des Palestiniens innocents paient le prix, de leurs vies, et des vies de leur enfants, pour la laideur brutale de la mentalité sioniste. De fait, l’antisémitisme est fabriqué en Israël, et pas à Damas ou au Caire, ni même à Gaza.

Hamas

Israël dit que son objectif est de détruire le Hamas. Oui, il ne fait aucun doute qu’Israël a la capacité militaire de détruire le gouvernement Hamas. Israël est une superpuissance militaire qui se trouve être plus au moins en contrôle des politiques des Etats Unis et, dans une moindre mesure, des gouvernements européens.

Cependant, détruire le gouvernement du Hamas est une chose, et détruire le mouvement Hamas en est une autre.

Le Hamas a des centaines de milliers de partisans en Palestine Occupée, et des dizaines de millions de sympathisants dans le monde arabe et musulman. Ils ne vont pas disparaître, même si le gouvernement de Gaza disparaît.

Les impressionnantes manifestations de solidarité avec le Hamas, qui inondent le monde arabe, montre que le Hamas est plus, bien plus qu’un mouvement nationaliste islamique local qui peut être éradiqué par la puissance de feu israélienne.

Oui, il est évident que le Hamas a été durement frappé. Mais le mouvement n’est absolument pas en train de mourir, ni même de s’affaiblir. En fait, il y a beaucoup d’indications que le Hamas va se renforcer, du moins en termes de popularité et de taille.

Les régimes fantoches américains du monde arabe n’aiment peut-être pas le Hamas. Certains d’entre eux peuvent même exulter sur la calamité de Gaza.

Cependant, le Hamas est à coup sûr en train de gagner les cœurs et les âmes des masses arabes, de Casablanca à Bahrein. Ceci ne lui apportera peut-être pas des bénéfices tangibles immédiatement, mais les gains à long terme sont absolument certains, et c’est exactement ce qu'il cherche.

Supposons qu’Israël arrive à « mettre fin » au gouvernement dirigé par le Hamas dans la Bande de Gaza, comme les dirigeants israéliens le prévoient. La résistance islamique à l’occupation israélienne cessera-t-elle ? Israël sera-t-il autorisé à liquider la cause palestinienne en imposant un « accord de paix » sur la faible Autorité Palestinienne ?

Que dis-je, ceci n’arrivera pas du tout, parce que le Hamas, qu’on l’aime ou non, représente et personnifie l’essence spirituelle du peuple palestinien et son aspiration à la liberté et à la justice.

De plus, l’élimination envisagée du gouvernement Hamas par Israël s’avèrerait être un de ses méfait le plus stupide.

Elle libèrerait le groupe de résistance du fardeau du gouvernement et lui permettrait de reprendre le lancement d’attaques féroces contre Israël sans avoir à s’inquiéter des bombardements israéliens sur les bâtiments, les quartiers généraux de la sécurité et les hôpitaux.

En fait, le Hamas n’a jamais voulu être au gouvernement, ni même en former un. Il a toujours voulu être en position d’influencer tout gouvernement palestinien, mais pas d’être lui-même aux commandes.

Cependant, les résultats des élections de 2006 lui ont imposé la charge du gouvernement, en particulier parce que le Fatah a refusé de le rejoindre pour former un gouvernement d’unité nationale.

Donc, dans un certain sens, la disparition du gouvernement Hamas à Gaza serait pour lui une bénédiction déguisée.

Gardons ceci en mémoire, parce que le conflit avec Israël ne va pas se terminer dans dix, ni dans vingt, ni même dans cinquante ans.

Source : Exposing Israel

Traduction : MR pour ISM