Envoyer cet article
Palestine - 2 août 2007
Par Amira Hass
Sous les auspices de ce qui était appelé "le processus de paix" entre 1994 et 2001, et sous le mantra "le renforcement de l'économie palestinienne fera avancer la paix", plusieurs des hauts responsables du Fatah et leur entourage se sont empressés de se constituer leurs fortunes personnelles.
Photo : le Président de l'Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, et le premier ministre israélien, Ehud Olmert
Dans l’une des informations alarmantes de la semaine dernière, on a appris qu'Israël avait donné son feu vert au transfert depuis la Jordanie de 1.000 fusils d'assaut pour les forces de sécurité fidèles au Président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas.
Ce n'est pas la première fois qu'Israël autorise le transfert d’armes et d'équipement de sécurité aux forces d'Abbas.
Ce qui est alarmant dans cette information, c’est qu'Abbas et son entourage continuent à s'accrocher à l'illusion que l'échec dans la bande de Gaza était purement militaire.
Ce qui est également alarmant, c’est la détermination du Fatah à faire ce qu’attendent de lui Israël et les Etats-Unis (et ce qu'il n'a pas fait dans Gaza) : Combattre le Hamas
Et il y a eu plusieurs autres nouvelles inquiétantes ces derniers jours :
Une nouvelle fois, des représentants israéliens ont été autorisés à parler avec des représentants officiels palestiniens à l'étranger ;
Le Premier Ministre Ehud Olmert et Abbas vont se revoir dans un avenir proche, cette fois à Jéricho ;
une coordination civile entre Israël et l’Autorité Palestinienne a été reconduite;
et à la Muqata à Ramallah, un nouveau projet d'entreprise américano-palestinien a été lancé après que le Président George W. Bush ait approuvé un prêt de 228 millions de dollars pour que les petites et moyennes entreprises palestiniennes améliorent le niveau de vie des Palestiniens.
"Les Etats-Unis se sont engagés à renforcer l'économie palestinienne… en tant qu’étape importante vers un état palestinien pacifique et indépendant," déclarait l'annonce officielle du Département d'Etat du 27 juillet
Pourquoi ces nouvelles sont-elles inquiétantes ?
Parce qu'elles montrent que les choses sont revenues à l'état où elles étaient, c'est-à -dire au style de "contrêle de l'occupation" qui régnait entre 1994 et 2001, dans lequel le mouvement du Fatah s'était bien intégré.
Maintenant, comme à l'époque, il y a un gouvernement palestinien (dont la légalité est temporaire et précaire) acceptable pour Israël et l'Occident; des discussions sont supposées avoir lieu; l'occupation continue, et les Palestiniens se querellent. Tout cela n'avait-il pas mené au deuxième soulèvement ?
Ce n'est pas un homme du Fatah qui dirige le gouvernement palestinien à Ramallah, mais l'esprit du Fatah en tant que mouvement au pouvoir qui continue à prévaloir - et avec lui, ce qui a composé de grandes parties du public nourries par le mouvement.
Par exemple, Yasser Arafat avait inutilement gonflé ses forces de sécurité avec des gens de familles pauvres et des familles de réfugiés dans le but de créer sous son égide un gros groupe de loyalistes en échange d'un salaire maigre mais vital.
Arafat espérait que cela perpétuerait leur soutien politique à son mouvement, peu importe son impuissance politique vis-à -vis de la colonisation et de la politique de fermeture et de séparation des Israéliens.
L'échec de cette stratégie est devenu clair lors des élections de 2006.
La confiance des Américains et des Israéliens dans "le soutien aux mécanismes sécuritaires d'Abbas" prouve que la logique d'Arafat continue à guider les trois dirigeants qui voient les Palestiniens comme l'objet de toutes sortes de "gestes" - même sous forme de salaires pour le personnel de la sécurité inutile.
C'est comme si la vie sous occupation israélienne n'était pas la principale raison de la détresse des Palestiniens mais au lieu de cela la "pauvreté" qui semble s'être matérialisée tout d'un coup.
Sous les auspices de ce qui était appelé "le processus de paix" entre 1994 et 2001, et sous le mantra "le renforcement de l'économie palestinienne fera avancer la paix", plusieurs des hauts responsables du Fatah et leur entourage se sont empressés de constituer leurs fortunes personnelles.
Cela aurait pu être légitime, naturellement, si la situation économique d'une partie considérable de la population vivant dans les territoires occupés ne s'était pas aggravée en raison des restrictions au déplacement des Israéliens et s'il n'y avait pas eu la question de l'argent qu'ils se sont procurés dans les coffres d'Arafat et de l'Organisation de Libération de la Palestine, ou d'autres façons très louches.
Il y a beaucoup trop souvent une corrélation directe entre les liens des nouveaux riches palestiniens avec des membres d'une force de sécurité palestinienne et les liens de ces derniers avec les services de sécurité israélien du Shin Bet ou avec des personnes importantes en Israël.
Une proximité de ce genre (avec des hauts responsables du Fatah et du Shin Bet) a fourni des autorisations pour se déplacer, a garanti une "réunification des familles", et ainsi de suite.
Celles-ci et d'autres genres de protectionnisme dépendant de l'occupation ont mené les Palestiniens à établir un lien entre "le processus de paix" et la corruption.
Les échecs de 2006 et de 2007 n'ont pourtant pas montré que le Fatah avait appris la leçon.
Il ne s'est pas distancé du protectionnisme et du système par lesquels ceux qui sont proches des bonnes personnes ont facilement des occasions de s'enrichir – dans une mer d'appauvrissement
Source : http://www.haaretz.com/
Traduction : MG pour ISM
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
9 novembre 2021
Le fait d'être désigné comme "terroristes" par Israël illustre le bon travail des ONG en Palestine9 novembre 2021
L’Art de la guerre - Les nouvelles armes financières de l’Occident5 novembre 2021
Israa Jaabis : De victime à criminelle, du jour au lendemain3 novembre 2021
La normalisation est le dernier projet pour éradiquer la cause palestinienne1 novembre 2021
Kafr Qasem reste une plaie béante tandis que les Palestiniens continuent de résister à l'occupation30 octobre 2021
Voler et tuer en toute impunité ne suffit plus, il faut aussi le silence14 octobre 2021
Tsunami géopolitique à venir : fin de la colonie d’apartheid nommée ’’Israël’’12 octobre 2021
La présentation high-tech d'Israël à l'exposition de Dubaï cache la brutalité de l'occupation9 octobre 2021
Pourquoi le discours d'Abbas fait pâle figure en comparaison du fusil d'Arafat à l'ONU6 octobre 2021
Comment la propagande israélienne s'insinue dans votre divertissement quotidien sur Netflix : La déshumanisation et la désinformation de FaudaPalestine
Collabos
Amira Hass
2 août 2007