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ISM France - Archives 2001-2021

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Vallée du Jourdain -

Association Brighton-Tubas : Séjour dans une prison israélienne pour femmes

Par

Il ya deux jours, j'ai participé à une manifestation pacifique organisée par des villageois pour protester contre le vol de leurs terres. Je me suis retrouvée agressée et "arrêtée" par un colon avec l'approbation de l'armée israélienne, j'ai menti à la police israélienne, j'ai été jetée dans le bloc de punition de la prison de femmes, j'ai été conduite à des kilomètres dans le centre d'expulsion du Ministère de l'Intérieur, et finalement j'ai été libérée parce que je n'avais rien fait de mal.
Que m'auraient-ils fait si j'avais été Palestinienne ?

Au cours de la semaine dernière, j'ai vu la peine sur les visages des familles de nombreux prisonniers palestiniens et la sensation de vide dans les yeux de celles qui ont été incarcérées, alors qu'elles me racontaient leurs histoires d'avilissement et d'humiliation.

Assise dans une cellule de prison, sans aucun moyen de communiquer avec le monde extérieur, j'ai commencé à comprendre l'énormité de ce qu'elles m'avaient raconté.

Je suis sure que les policiers et les gardes de la prison ont été un peu prudents avec nous, des internationaux qui avons insisté sur notre droit à communiquer avec le consulat, à avoir une représentation légale et à ne pas signer les documents interminables en Hébreu qu'ils nous ont mis sous les yeux.

Mais j'ai fait l'expérience de la peur de m'asseoir dans une cellule crasseuse, en ne sachant pas combien de temps j'allais y rester.

Puis, une jeune Palestinienne dans la cellule à côté a engagé la conversation.
Elle croupit dans des cellules depuis ces 2 dernières années.
Son jeune frère a été tué par des soldats israéliens alors qu'il avait 12 ans et tous ses autres frères sont en prison.

Quelles épreuves a dû traverser sa mère ? Son amie, un peu plus bas dans le bloc et diplômée de l'Université de Beir Zeit, est là depuis 7 ans. Comment ont-elles survécu à cette épreuve et comment font-elles pour avoir encore l'énergie de nous accueillir et de nous rassurer?

Nous pensions qu'il était raisonnable de s'attendre à avoir des choses comme de l'eau, de l'exercice, une aide médicale, le droit de dormir et un appel téléphonique avec le monde extérieur. Mais nous avions tort !

Au moment où nous avions passé 18 heures sans eau et après l'avoir demandé à maintes et maintes reprises, on nous a donné de "l'eau" qui était en fait du sirop d'orange ressemblant plus à un échantillon d'urine dans une bouteille d'eau. Lorsque nous les avons interrogées, les gardes nous ont dit qu'il n'y avait pas d'eau froide dans la prison et que les prisonnières n'obtenaient jamais, jamais de l'eau.

Peu de temps après, on nous a dit que nous devrions être prêtes à 'sortir' quand ce serait notre tour pour l'heure d'exercice à laquelle nous avions droit.

Nous étions toutes excitées à la perspective de quitter notre cellule avant de réaliser que nous allions passer une heure dans une cour en béton étouffante de 6 mètres sur 8.
Nous avons tenté quelques étirements et avons marché en rond, et notre motivation s'est estompée rapidement après une journée de disparition forcée, assises à ne rien faire et sans pouvoir dormir.

Puisque nous étions dans le bloc de "punition", toutes les femmes autour de nous se trouvaient en isolement cellulaire.

Une Israélienne à proximité était clairement angoissée par sa situation. Elle utilisait chaque once d'énergie en elle pour crier, hurler, donner des coups sur la porte de sa cellule avec tout ce qu'elle pouvait trouver et elle pleurait sans fin.
J'avait très peur qu'elle se blesse, mais les gardiennes de la prison ont estimé que marcher jusqu'à sa cellule et lui crier dessus de temps en temps était la réponse appropriée.

En conséquence, nous n'avons eu que 2 heures de répit lorsqu'elle s'est, je suppose, endormie aux premières heures du matin. Toutes les autres prisonnières étaient fatiguées et stressées et elles lui criaient dessus derrière la porte de leurs cellules.

Au milieu de tout ce boucan, la jeune femme à côté de nous s'est assise à la porte de sa cellule et a chanté la plus belle chanson imaginable et je me suis forcée à l'écouter et à faire abstraction de tous les bruits autour pour avoir droit à quelques minutes de lucidité mentale. Pour cela, je dois la remercier.

Comme nous n'avions plus de nouvelles depuis un certain temps de notre amie de Beir Zeit, nous avons demandé si elle était partie et on nous a répondu qu'elle dormait. Peut-être avait-elle l'habitude de ces conditions horribles à un tel point qu'elle était désormais capable de dormir avec ce bruit constant?

Comme l'on nous avait que nous étions arrêtées pour 24 heures à partir de 13h30 vendredi, j'avais supposé que samedi à 13h30, nous serions libérées ou présentées devant les tribunaux. Mais rien n'est aussi simple.

Comme chaque gardienne qui était venue nous voir avait donné une information différente, nous avons estimé qu'un appel à notre avocat était nécessaire, alors nous en avons fait la demande.

Réponse: Oui, nous étions en droit de téléphoner, mais nous avions besoin d'une carte.
Pouvions-nous acheter une carte avec l'argent qu'ils nous avaient pris ? Non, elles n'en vendent pas.

Ensuite, elles sont venues nous chercher à 19h. Elles nous ont donné nos sacs, puis elles nous ont mis des menottes aux poignets et des chaînes aux chevilles. Pensaient-elles vraiment que nous serions tentées de partir en courrant entourées de policiers hommes et femmes armés de deux fusils chacun?

Pendant toute la durée de notre séjour en prison, les gardiennes ont été sans exception désagréables, non coopératives et sadiques.

Je suppose qu'elles ont développé leur capacité à traiter les gens comme des animaux au cours de leurs deux années passées dans l'armée et qu'elles l'ont améliorée depuis.


NOTE :

Kate Harrison, Caroline Bailey et Sarah Cobham ont été arrêtées vendredi lors d'une manifestation pacifique à Al Mazra’a al Qibilya dans la Vallée du Jourdain : lire le récit de la manifestation

Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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