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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Il aurait pu y avoir la Paix

Par

> nizars@rogers.com

Le rapport et les recommandations du comte Folke Bernadotte ont été soumis au Conseil de sécurité de l'ONU le 16 septembre 1948.
Le jour suivant, le 17 septembre, Bernadotte est arrivé à Qalandia, juste au nord de Jérusalem.
Après un déjeuner avec Dov Joseph, le gouverneur de Jérusalem, les membres des Nations-Unies ont procédé à l'inspection de divers établissements de l'ONU et de la Croix Rouge dans le secteur juif.

Dans le quartier Katamon du secteur Juif de Jérusalem, les trois véhicules de l'ONU ont été arrêtés par une jeep israélienne occupée par plusieurs hommes portant les uniformes kaki foncé typiques de l'armée israélienne.

Un des hommes a sorti une mitrailleuse par la fenêtre arrière gauche et a tiré à bout portant sur Bernadotte.

Le véhicule de l'ONU s'est précipité vers l'hêpital Hadassah mais il était trop tard.


Ceux qui ont planifié et perpétré l'assassinat n'ont jamais vraiment punis. L'un d'eux, Yitzhak Ysenitsky sera plus tard, sous le nom d'Yitzhak Shamir, le ministre des Affaires Etrangères israélien sous Menachem Begin, à qui il succèdera en tant que Premier Ministre.

Les propositions finales de Bernadotte pour mettre fin au conflit ont été publiées le 20 septembre.

"Ce serait une offense contre la justice élémentaire", écrivait Bernadotte, "si ces victimes innocentes du conflit se voyaient refuser le droit au retour dans leurs foyers tandis que les immigrés juifs affluent en Palestine et en effet, menacent d'un remplacement permanent des réfugiés arabes qui étaient enracinés sur cette terre depuis des siècles".

Selon Bernadotte : "Aucun règlement ne peut être juste et complet si la reconnaissance n'est pas accordée aux réfugiés Arabes de venir dans leurs foyers."
Il déclarait ensuite : "En raison du conflit en Palestine presque la totalité de la population Arabe a fui ou a été expulsée du secteur sous occupation Juive."

Il était conscient que les Israéliens avaient volé les biens et la terre Arabes tout en détruisant les maisons qui n'étaient pas appropriées pour l'usage des Juifs.

Bernadotte notait que, selon de "nombreux rapports des source fiables", il y a eu : "Pillage à grande échelle, saccage et déprédation et destruction des villages sans nécessité militaire apparente" dans le territoire contrêlé par les Israéliens et affirmait la responsabilité israélienne : "rendre les biens à leurs propriétaires Arabes et indemniser les propriétaires de biens détruits au hasard".

Il proposait que Jérusalem soit internationalisé tandis que le Negev et Lydda-Ramle feraient partie d'un Etat Arabe. Le secteur entier de la Galilee qui comprenait encore des parties entre les mains des Arabes serait donné à Israël.

L'opération Hiram en Galilée le 29 octobre et l'opération Horev le 22 décembre dans le Negev indiquaient clairement qu'avec une armée de 70.000 hommes, le nouvel Etat Juif avait l'intention et était capable de prendre le territoire par la force des armes.

D'ailleurs, Sharett a affirmé qu'Israël n'envisageait pas le rapport fourni par Bernadotte comme une base pour la discussion (1).

La résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations Unies du 11 décembre 1948 exprimait sa " profonde satisfaction des progrès accomplis grâce aux bons offices de feu le Médiateur des Nations unies dans la voie d’un ajustement pacifique de la situation future de la Palestine, auquel le Médiateur a sacrifié sa vie;"

La résolution "créait également une Commission de Conciliation" pour assumer les fonctions données au médiateur des Nations Unies pour la Palestine par la résolution 186 (S-2) de l'Assemblée générale du 14 mai 1948 et "s’acquitter des fonctions et exécuter les directives précises que lui donne la présente résolution et s’acquitter des fonctions et exécuter les directives supplémentaires que pourrait lui donner l’Assemblée générale ou le Conseil de sécurité ".

De plus, la resolution stipulait que les Lieux Saints, notamment Nazareth - et les sites et édifices religieux de Palestine devraient être protégés et leur libre accès assuré, conformément aux droits en vigueur et à l’usage historique."

Et que "la région de Jérusalem, y compris la municipalité actuelle de Jérusalem plus les villages et centres environnants, dont le plus oriental sera Abu Dis, le plus méridional Bethléem, le plus occidental Ein Karim (y compris l’agglomération de Motsa) et la plus septentrionale Shu’fat, devrait jouir d’un traitement particulier et 1stinct de celui des autres régions de Palestine et devrait être placée sous te contrêle effectif des Nations unies."

De plus, la résolution décidait : "Qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus têt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers";
Elle donnait également pour instructions "à la Commission de conciliation de faciliter le rapatriement, la réinstallation et le relèvement économique et social des réfugiés."

Pendant les discussions de la Commission de Conciliation pour la Palestine (PCC) en 1949, les Arabes étaient prêts à faire la paix avec Israël si Israël fournissait aux réfugiés la possibilité de rentrer dans leurs foyers. Israël a rejeté l'offre.

Le "retour" et la "réhabilitation" des réfugiés palestiniens sont contradictoires et incompatibles avec l'objectif Sioniste d'établir un Etat exclusivement Juif.

Ussishkin fut très clair à cet égard quand il a déclaré en 1938 : "Il n'y a aucun espoir pour que ce nouvel Etat Juif survive, pour ne pas parler de développement, si les Arabes sont aussi nombreux qu'ils sont aujourd'hui."

Ussishkin, qui s'adressait au "Comité de Transfert" de l'époque, a ajouté : "Le pire n'est pas que les Arabes représenteraient 45 ou 50% de la population du nouvel Etat mais que 75% de la terre serait possédée par des Arabes." Cette terre était désirée pour les vagues d'immigrés juifs qui peupleraient l'Etat Juif.

Le 17 mars 1949, 800 délégués se sont réunis à Ramallah (le Congrès des délégués des réfugiés de Ramallah) et ont discuté des terribles conditions de vie des réfugiés ainsi que des questions politiques.

Le Congrès a exigé le retour des réfugiés "sans attendre le règlement final pour la question de la Palestine" - c.-à-d., le destin politique du pays.


Une délégation de hauts responsables représentant le Congrès de Ramallah a été envoyée au PCC. Leur présentation et leurs demandes étaient si impressionnantes que les gouvernements Arabes et d'autres comités de réfugiés n'ont pas eu d'autre alternative que de les rencontrer pour coordonner les présentations devant la Ligue Arabe, le PCC et d'autres agences des Nations Unies.

La délégation du Congrès de Ramallah a insisté sur le droit des réfugiés à rentrer dans leurs foyers et a argué que c'était le seul moyen de garantir la paix et la sécurité en Palestine et au Moyen-Orient.

La délégation a également exprimé sa volonté de discuter directement avec Israël de la question du retour, des compensations et de la paix en Palestine. Elle a expliqué au PCC le préjudice et le danger qui résulteraient d'une dépossession, de la négligence, et du refus des droits des réfugiés, et de la persistance de leur vie en exil :

"Il n'y a aucune force humaine qui pourrait arrêter la vengeance personnelle de différents réfugiés contre la partie qui les a condamnés à mort. Il est inconcevable que les réfugiés soient abandonnés à la mort avec leurs enfants dans des cavernes et des déserts sur les terres Arabes sous les yeux de familles européennes de diverses extractions qui vivent de force dans les maisons qu'ils avaient construites de leur propres sueur et sang, et qui jouissent d'une vie paisible. Rien ne peut empêcher ces réfugiés de s'infiltrer, en tant qu'individus, et de se faire sauter dans ces maisons et avec ceux qui y vivent maintenant (2)."


Le PCC a pris deux mesures pour essayer de résoudre l'impasse :

1. Créer un Comité Technique sur les réfugiés pour travailler sur les mesures à mettre en oeuvre les dispositions de la résolution 194 des Nations Unies.

2. Demander une conférence internationale à Lausanne où, sous la présidence du PCC, les parties pourraient discuter de l'ensemble des question : les réfugiés, Jérusalem, les frontières, la reconnaissance - et trouver un accord de paix global (3).


La conférence du PCC a été ouverte à Lausanne, en Suisse, le 26 avril 1949.

Sous la menace que les Etats-Unis empêcheraient l'admission d'Israël à l'ONU, Israël a finalement accepté d'assister à la conférence.

Le Président Truman a menacé Ben-Gurion : "Si le gouvernement d'Israël continue à rejeter les principes de base de la résolution de l'ONU du 11 décembre 1948, et les conseils amicaux du gouvernement américain dans l'unique but de faciliter une paix véritable en Palestine, le gouvernement des Etats-Unis sera forcé, avec regrets, de conclure qu'une révision de son attitude envers Israël est devenue inévitable" (4).

Une autre délégation du Congrès de Ramallah est venue à la conférence de Lausanne pour être proche des négociations liées au problème des réfugiés, des frontières, et de la paix.

La délégation a été chargée d'adhérer à la résolution 194 des Nations Unies demandant le rapatriement des réfugiés et elle était libre de rencontrer toutes les institutions internationales et politiques impliquées dans les négociations.

L'AHC a envoyé sa propre délégation à Lausanne et un certain nombre de notables palestiniens ont été inclus en tant que membres des délégations officielles des Etats Arabes.


Toutes les délégations palestiniennes ont été réunies sur une plateforme commune, à savoir, pour concentrer la discussion sur les problèmes fondamentaux des réfugiés.

"Deux options ont été proposées aux délégations des Etats Arabes. La première était qu'elles présentent leurs demandes à Israël au sujet des frontières, des droits de réfugiés, des financements et des engagements, en menaçant de raviver la guerre si aucun accord n'était conclu.
La seconde était d'accepter Israël tel qu'il existait à condition que chaque réfugié soit autorisé à rentrer dans son foyer, qu'il soit sous juridiction Arabe ou Israélienne (5)."


Israël a été admis en tant que membre aux Nations Unies le 11 mai 1949.

Simultanément, les Etats Arabes et Israël ont signé un protocole déclarant que la résolution de partition des Nations Unies et la carte de la partition qui y était incluse constituait la base pour des négociations.

Le protocole de Lausanne déclarait que le but de la conférence était d'atteindre "aussi rapidement que possible les objectifs de la résolution de l'Assemblée générale du 11 décembre 1948, concernant les réfugiés, le respect de leurs droits, et la préservation de leurs biens, ainsi que des questions territoriales et autres".

En signant le protocole de Lausanne, les Arabes avaient en fait accepté la légitimité de la résolution de partition des Nations Unies. Ils avaient abandonné l'idée de la Palestine en tant qu'Etat Arabe unitaire, admis la réalité d'Israël et accepté de résoudre le conflit par des moyens politiques.

Ahmad Shukairy, un membre palestinien et porte-parole en chef de la délégation syrienne, a proposé des négociations directes entre les réfugiés palestiniens et Israël sur la base du Protocole de Lausanne, indépendantes des négociations avec les Etats Arabes.

Eliyahu Sasson, l'expert en chef des affaires Arabes de l'Agence Juive, a écarté l'offre.

Dans ses directives à la délégation de Lausanne concernant les négociations de paix, Sharett précisait que "il nous incombe de le faire mais pas avec précipitation et agitation mais en montrant notre force et notre capacité d'exister même sans paix officielle."

Selon Sharett, puisque la paix officielle n'était pas une nécessité essentielle, Israël n'avait rien à perdre par une temporisation (6).


Les efforts du PCC avaient échoués. Il demandait un retour des réfugiés dans leurs foyers. Israël l'a tout simplement rejeté. Les maisons et les terres palestiniennes étaient convoitées et étaient nécessaires pour installer les immigrés juifs venant de tous les coins du monde.

Il demandait également l'acceptation des fonctions de médiation commencées par le comte Bernadotte pour arriver "à un règlement final des questions en suspens entre les gouvernements et les autorités sont concernées".

Cela signifiait les frontières définitives d'Israël et la paix avec ses voisins, qui limiteraient les plans d'expansion Sionistes.

L'échec du PCC à apporter une solution pacifique au conflit a été répété avec une multitude d'efforts pour la paix qui se sont suivis depuis.

La Paix signifie le respect de l'autre et le respect des droits de l'homme et du droit international, ce qui est incompatible avec l'objetif Sioniste qui est d'occuper plus de terres et de pousser plus d'Arabes à l'exode.




Notes :

(1) Michael Palumbo, La Catastrophe Palestinienne : L'Expulsion de 1948 d'un people de sa Patrie, London/Boston: 1987, pp. 158-162.

(2) Simha Flapan, La Naissance d'Israël: Mythes et Réalités. New York: 1987, pp. 214 - 222.

(3) Benny Morris, La Naissance du Problème des Réfugiés Palestiniens, 1947-1949, Cambridge, 1987, p. 260.

(4) Simha Flapan, La Naissance d'Israël: Mythes et Réalités . New York: 1987, p. 214-222.

(5) Ibid, pp. 214 - 222.

(6) Ibid, p. 215, citing ISA 120.02/2447/3 & ISA 93.03/2487/11)

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